Guerre en Ukraine : la Pologne, l'Allemagne et la France se réuniront vendredi à Berlin

Les dirigeants polonais, français et allemands vont se réunir en urgence à Berlin pour un sommet dédié à l'Ukraine vendredi, a notamment annoncé le Premier ministre de Pologne, Donald Tusk. Ce dernier, qui revient d'un voyage aux Etats-Unis, cherche à renforcer la coopération entre les trois pays face à la Russie.
Donald Tusk et Emmanuel Macron lords d'une précédente rencontre à Paris (photo d'archives).
Donald Tusk et Emmanuel Macron lords d'une précédente rencontre à Paris (photo d'archives). (Crédits : POOL)

[Article publié le mercredi 13 mars 2024 à 14h40 et mis à jour à 17h02] Les dirigeants de la Pologne, de l'Allemagne et de la France vont se réunir vendredi à Berlin pour un sommet en urgence consacré à l'Ukraine, a annoncé le Premier ministre polonais Donald Tusk. L'information a été confirmée par l'Elysée. Au préalable, le chef de l'Etat français « aura un entretien de travail » avec Olaf Scholz, a également fait savoir la présidence française.

« Vendredi, je serai à Berlin avec le président français Emmanuel Macron et le chancelier allemand Olaf Scholz pour discuter de la situation », avait annoncé le Premier ministre polonais, lors d'une interview à la chaîne de télévision publique TVP Info, diffusée mardi soir.

Dotée d'un nouveau gouvernement pro-européen, la Pologne cherche à renforcer la coopération avec Berlin et Paris face à Moscou. « À mon avis, ces trois capitales ont la tâche et le pouvoir de mobiliser toute l'Europe » pour fournir une nouvelle aide à l'Ukraine, avait estimé le dirigeant.

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Le duo Paris-Berlin fragilisé

Ce sommet tripartite intervient alors que la relation franco-allemande semble battre de l'aile, Paris et Berlin ayant des divergences sur les modalités du soutien à apporter à Kiev. Fin février, le président français s'en était pris implicitement à l'Allemagne, longtemps hésitante à livrer certaines armes lourdes à Kiev. Quelques jours plus tard, il exhortait ses alliés à « être à la hauteur de l'histoire et du courage qu'elle implique ». Une remarque sèchement accueillie par Berlin.

Ces propos, qui illustrent l'irritation réciproque d'Emmanuel Macron et Olaf Scholz, laissent des traces. Leurs ministres s'efforcent toutefois de rétablir une relation plus sereine. Mercredi, la ministre allemande de l'Intérieur Nancy Faeser a assisté à Paris au Conseil des ministres français. Son homologue Gérald Darmanin s'est empressé de saluer « ce lien unique entre la France et l'Allemagne », en évoquant en particulier l'alignement bilatéral sur l'immigration.

Cette rencontre est « un signal que le gouvernement allemand et le gouvernement français souhaitent trouver un compromis », estime Marc Ringel, directeur de l'Institut franco-allemand de Ludwigsburg (Allemagne).

La semaine dernière, la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, avait déjà fait le déplacement à Paris pour un entretien avec son homologue Stéphane Séjourné.

Pour Eric-André Martin, de l'Institut français des relations internationales (Ifri), « les ministres essaient de ne pas laisser s'installer durablement cette impression » de vues irréconciliables. D'autant que les deux pays ont « dépensé beaucoup d'énergie » fin 2023 « pour remettre en scène une forme d'harmonie et de proximité entre les deux chefs et les deux gouvernements », dit-il.

Soutien français

L'Assemblée nationale française a apporté mardi soir son soutien à un accord de sécurité récemment conclu entre Paris et Kiev, en dépit de l'abstention de l'extrême droite et de l'opposition de la gauche radicale, qui dénoncent les discours « va-t-en guerre » d'Emmanuel Macron. Pour rappel, le président avait prononcé un discours controversé fin février, n'excluant pas l'envoi de troupes occidentales au sol et avait précisé ne mettre « aucune limite » dans le soutien à Kiev.

Conclu pour dix ans, cet accord comprend un renforcement de la coopération militaire, en particulier dans les domaines de l'artillerie et de la défense aérienne. En 2024, Paris promet donc de fournir « jusqu'à trois milliards d'euros de soutien supplémentaire ».

« Ces trois milliards ne sont pas un chèque à l'Ukraine. Ils correspondent à la valeur maximale de notre aide militaire en 2024, notamment aux commandes passées auprès de nos industries de défense françaises », a expliqué le ministre des Armées Sébastien Lecornu.

Par ailleurs, ce dernier a assuré que l'envoi de troupes au sol combattantes n'était pas sur la table. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, lui, s'est voulu rassurant lundi en affirmant à des médias français que « tant que l'Ukraine tient, l'armée française peut rester sur le territoire français ».

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Précédente visite aux Etats-Unis

Donald Tusk et le président polonais, Andrzej Duda, eux, ont été reçus mardi à Washington par le président américain Joe Biden. La question ukrainienne était, sans surprise, au coeur des discussions. Lors de cette visite, l'administration américaine a affiché, malgré le blocage persistant au Congrès, son soutien à l'Ukraine, annonçant une nouvelle aide militaire de 300 millions de dollars à Kiev. Cette enveloppe est bienvenue, d'autant que l'inquiétude grandit : le renseignement américain a averti lundi que « la dynamique est en train de changer de plus en plus en faveur de Moscou » dans la guerre contre l'Ukraine.

« L'Ukraine n'est pas à court de courage et de ténacité, elle est à court de munitions. Et nous commençons à manquer de temps pour les aider », a alerté le directeur de la CIA, Bill Burns.

La Pologne a profité de ce déplacement pour passer un contrat d'armement avec Washington, l'exécutif américain ayant notifié le Congrès d'un contrat prévoyant la vente à Varsovie de missiles air-sol à longue portée et de missiles air-air à moyenne portée, pour un total de 3,5 milliards de dollars.

Pour rappel, la Pologne, l'un des plus fidèles alliés de Kiev, a exhorté à plusieurs reprises ses partenaires occidentaux à augmenter leurs dépenses en matière d'aide militaire pour contrer l'invasion russe. Le président ponlonais, lui, a appelé les autres pays de l'Otan à renforcer leurs budgets militaires afin d'envoyer une « réponse claire et audacieuse à l'agression russe ». En effet, la Pologne consacre actuellement 4% de son PIB aux dépenses liées au renforcement de ses systèmes de défense, soit le double de ce que demande l'Otan à ses membres.

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(Avec AFP)

Commentaires 3
à écrit le 15/03/2024 à 7:54
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"la Pologne, l'Allemagne et la France se réuniront vendredi à Berlin" Un spectacle de roquets sous le chapiteau européen pour faire mourir de rire le tsar de Russie...

à écrit le 13/03/2024 à 17:57
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Les intérêts des trois États ne coïncident pas. Leur risque dans un conflit potentiellement en expansion n’est pas non plus le même. C'est pourquoi il est difficile de parvenir à un accord. En ce moment, tout le monde joue son jeu national. Les décla...

le 14/03/2024 à 2:33
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Une défense européenne est au contraire un intérêt commun supérieur, même si cela contrarie les russes et les américains.

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