Italie : l'inflation remonte à 1,2% en mars, sur fond de craintes sur les prix de l'énergie

L'inflation italienne s'est établie à 1,2% en mars. Un niveau inférieur à l'objectif de 2%, dû à la baisse des prix de l'alimentation et de l'énergie, qui pourrait conforter la Banque centrale européenne dans son idée de baisser ses taux directeurs dès cet été. Mais la crainte d'une hausse des prix de l'énergie ressurgit avec la montée des tensions au Moyen-Orient.
L'inflation en Italie s'est établie à 1,2% en mars.
L'inflation en Italie s'est établie à 1,2% en mars. (Crédits : GUGLIELMO MANGIAPANE)

Les craintes pour le pouvoir d'achat des ménages ressurgissent en Italie. L'inflation dans ce pays du sud de l'Europe s'est établie à 1,2% en mars, sur un an, selon une publication de l'institut Istat de ce mardi. Si le chiffre est meilleur que l'estimation provisoire qui la donnait à 1,3%, il reste plus élevé que celui de février qui était de 0,8%. Pour rappel, sur l'année 2023, les prix à la consommation avaient augmenté en moyenne de 5,7%, après 8,1% en 2022, grâce à l'accalmie sur les tarifs de l'énergie.

Dans le détail, pour le mois de mars, le pays qui a l'une des inflations les plus faibles de la zone euro a vu la chute des prix des produits énergétiques réglementés (passant de -18,4% en février à -13,8% en mars) et non réglementés (passant de -17,2% à -10,3%) s'atténuer en mars. Dans le même temps, la hausse a ralenti pour les prix des aliments non transformés, passant de +4,4% à +2,6%, et du tabac (de +2,6% à +1,9%), alors qu'elle a accéléré pour ceux des transports (de +3,8% à +4,5%).

La hausse de l'indice d'inflation calculé selon les normes harmonisées de l'Union européenne (IPCA) s'est établie à 1,2% en mars sur un an.

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Les tensions au Moyen-Orient pèsent sur le prix du pétrole

La remontée des prix à la consommation en Italie est donc surtout due à une moindre baisse des tarifs de l'énergie par rapport au même mois de 2023, a expliqué l'Istat. En effet, le mois dernier, les prix du pétrole avaient augmenté de 10% jusqu'à un pic de 92,18 dollars le baril la semaine dernière. Soit le niveau le plus élevé depuis le mois d'octobre. A l'origine de cette remontée des prix : les tensions au Moyen-Orient.

Dans la nuit de samedi à dimanche, l'Iran a envoyé 170 drones tueurs, 110 missiles balistiques et 30 missiles de croisière sur le territoire israélien. Si l'armée israélienne affirme avoir contré « 99% des tirs », les craintes d'une généralisation du conflit ont ressurgi. Et pour cause, la réponse d'Israël déterminera si l'escalade prend effectivement fin ou se poursuit. « La question, c'est donc de savoir s'il y aura une réplique, et surtout de quelle ampleur. Si elle est importante, cela entraînera des représailles de l'Iran, générant un engrenage et une escalade du conflit au Moyen-Orient », expliquait à La Tribune Francis Perrin, directeur de recherche, professeur à l'IRIS et spécialiste des questions énergétiques dans le monde arabe, lundi.

Un envenimement du conflit avec l'Iran pourrait avoir de fortes répercussions sur l'offre mondiale d'or noir. Car la République islamique était le septième producteur mondial de brut en 2022, et possède les troisièmes plus grandes réserves prouvées de pétrole derrière le Venezuela et l'Arabie saoudite, selon l'Administration américaine d'information sur l'énergie. Téhéran dispose par ailleurs d'une panoplie de moyens pour perturber les marchés, en interrompant par exemple le trafic maritime dans le détroit d'Ormuz ou en faisant pression sur des pays comme l'Irak pour qu'ils réduisent leurs approvisionnements. Cependant, même en cas de riposte d'Israël, il semble peu probable que l'Iran opère un blocage du détroit d'Ormuz, selon Francis Perrin. « Le régime de la République islamique n'étudierait cette option que s'il se sentait profondément menacé. En l'état, il n'y a pas intérêt puisque cela entraînerait une guerre, et pas seulement avec Israël mais également avec les Etats-Unis. Par ailleurs, cela bloquerait ses propres exportations de pétrole », explique le professeur.

A noter, les prix du baril de WTI et de Brent ont finalement reculé après l'attaque à respectivement 85,46 dollars et 90 dollars ce mardi à 10h51, après des appels à la désescalade venant de plusieurs Etats.

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La désinflation se poursuit au niveau européen

Si les craintes autour de l'énergie se font plus criantes ces derniers jours, il n'en reste pas moins que le processus de ralentissement de l'inflation se poursuit en zone euro. Ainsi, l'inflation a reculé à 2,2% en Allemagne et à 2,3% en France et à 2,4% sur l'ensemble de la zone euro en mars.

La hausse des taux directeurs, passés de 0% en 2022 à 4% et 4,75% aujourd'hui, au plus haut depuis 1999, semble notamment avoir porté ses fruits. Jeudi, la présidente de la BCE, Christine Lagarde a donc réaffirmé « que les taux directeurs de la BCE se situent à des niveaux qui contribuent de manière substantielle au processus de désinflation en cours ».

Cette dernière a même ouvert la porte à une première baisse, qui pourrait intervenir d'ici quelques mois au vu de la trajectoire des prix. Elle a, en effet, annoncé pour la première fois lors d'une conférence post-réunion que « si l'évaluation actualisée par le Conseil des gouverneurs (...) devait renforcer encore sa confiance dans la convergence durable de l'inflation vers l'objectif, il serait approprié de réduire le niveau actuel de restriction de la politique monétaire. » Christine Lagarde a notamment évoqué le mois de juin, expliquant « que nous aurons plus d'informations », à ce moment-là, confirmant le pari de nombreux analystes sur une première baisse en juin. Et pour cause, « l'inflation a continué de baisser, tirée par la baisse des prix des produits alimentaires et des biens », a notamment reconnu l'institution dans son communiqué.

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Début mars, l'institution de Francfort a annoncé tabler sur une hausse des prix de 2,3% en 2024, contre 2,7% anticipé auparavant, puis de 2,0% en 2025. La croissance du PIB (produit intérieur brut), elle, devrait, selon la banque centrale, atteindre 0,6% en 2024, contre 0,8% prévu en décembre. A titre de comparaison, la croissance américaine devrait se maintenir à 2,1% en 2024 selon la Réserve fédérale américaine.

(Avec AFP)

Commentaire 1
à écrit le 16/04/2024 à 12:33
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On ne le rappellera jamais assez et l'Italie l'illustre à merveille en 2023/2024, tout comme la Grèce et l'Allemagne au cœur de la crise de l'euro (ayant débuté en 2009/2010, suite à la crise financière US en 2008): La zone euro, par sa conception br...

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