L'Allemagne affiche une croissance robuste

Contrairement au reste de la zone euro, le PIB de la première puissance économique d’Europe a accéléré au printemps, confirmant son estimation préliminaire d’une croissance de 0,5% au deuxième trimestre et permettant de dégager un excédent budgétaire record sur la première moitié de l’année.
Estelle Nguyen
La vigueur de la croissance allemande a permis aux caisses publiques d'afficher un excédent budgétaire inédit depuis la Réunification en 1990, de 48,1 milliards d'euros au premier semestre 2018.
La vigueur de la croissance allemande a permis aux caisses publiques d'afficher un excédent budgétaire inédit depuis la Réunification en 1990, de 48,1 milliards d'euros au premier semestre 2018. (Crédits : © Fabrizio Bensch / Reuters)

Tous les indicateurs de l'économie allemande sont au vert. Selon les chiffres publiés ce vendredi 24 août par Destatis, l'Allemagne a en effet enregistré une croissance solide au deuxième trimestre avec une progression de 0,5%, accélérant légèrement par rapport au premier trimestre (0,4%). En données non ajustées des effets calendaires (jours ouvrés et variations saisonnières), l'office fédéral allemand des statistiques précise que la croissance annuelle a atteint 2,3% après 1,4% sur les trois premiers mois de l'année.

Une performance qui contraste avec celle de la zone euro, qui a affiché une croissance de 0,3% au cours de cette période.

Cette vigueur a permis aux caisses publiques d'afficher un excédent budgétaire inédit depuis la Réunification en 1990, de 48,1 milliards d'euros au premier semestre 2018. Ce surplus des comptes publics représente 2,9% du PIB allemand, bien éloigné des critères de Maastricht, qui demandent aux Etats de respecter la fameuse barre des 3% de déficits publics. Dans le détail, l'Etat fédéral a signé le plus gros excédent à 19,5 milliards d'euros. Les Länder totalisent 13,1 milliards d'euros d'excédent budgétaire et les communes, 6,6 milliards d'euros.

Une croissance tirée par la demande intérieure

Tous les secteurs de l'économie allemande ont progressé au deuxième trimestre, laissant d'ailleurs penser que le pays sera assez robuste pour résister aux vents défavorables provoqués par les tensions commerciales. Selon les données de l'Office fédéral de la statistique, ce sont les dépenses publiques, l'investissement et la consommation privée qui ont particulièrement tiré la croissance d'avril à juin. Cette demande intérieure est effectivement en hausse de 0,9% par rapport aux trois premiers mois de l'année.

« A contre-courant des critiques récurrentes, l'économie allemande montre un modèle de croissance assez équilibré », commente Carsten Brzeski, économiste d'ING Diba, cité par l'AFP.

L'analyste appelle toutefois à la prudence car des éléments exceptionnels peuvent encore modifier la tendance. Dans le détail, les consommations finales des ménages et des administrations ont crû respectivement de 0,3% et 0,6%, alors que les investissements ont augmenté de 0,3% dans les machines et équipements et de 0,6% dans la construction.

Les exportations au ralenti

En revanche, le commerce extérieur a eu un effet négatif sur la croissance, les exportations de biens et services, moteur traditionnel de l'économie allemande, n'ayant qu'augmenté que de 0,7%, alors que les importations ont grimpé de 1,7%.

« On assiste à une normalisation par rapport à 2017, où les exportations allemandes sont été tirées à la hausse par le boom économique mondial », analyse Simon Junker, expert de l'Institut allemand pour la recherche économique à Berlin (DIW).

Fin 2017, le commerce extérieur avait en effet stimulé la croissance économique du pays, les exportations ayant même été le seul moteur de la progression pour la période d'octobre à décembre 2017. L'Office fédéral de la statistique avait alors indiqué que les exportations avaient augmenté de 2,7% sur le dernier trimestre 2017 et que les importations avaient progressé de 2,0% pour cette période.

Lire aussi : Allemagne : le commerce extérieur soutient la croissance, le PIB à 2,3%

L'Allemagne critiquée

L'office des statistiques ajoute dans son rapport que cette bonne santé peut s'expliquer également par « la politique de dépenses modérée » du pays. Concernant les prévisions, la Bundesbank avait abaissé considérablement en juin son objectif de croissance pour l'Allemagne cette année, à 2,0% contre 2,5% auparavant. Le Fonds monétaire international (FMI) s'était également montré plus prudent, ne tablant plus que sur 2,2% de hausse du PIB pour 2018. A titre de comparaison, le PIB français devrait se situer autour de 1,8% cette année.

L'Allemagne, qui a retrouvé l'équilibre de ses comptes publics depuis 2014, est régulièrement critiquée par ses partenaires commerciaux, comme la France et les Etats-Unis, pour son manque d'investissements. Pourtant, la première économie européenne est parvenue à se distinguer au sein de la zone euro, avec une croissance solide au deuxième trimestre, alors que celle de l'Hexagone est resté à 0,2%, comme au premier trimestre.

Sur les marchés, l'indice vedette de la Bourse de Francfort évoluait en hausse ce vendredi 24 août, en prenant 0,23% environ à 12.394 points, les investisseurs étant un peu plus focalisés par le feuilleton commercial sino-américain que par les résultats solides de la croissance allemande.

Estelle Nguyen
Commentaires 24
à écrit le 30/08/2018 à 14:08
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Et ça sert à quoi à l'UE en mort cérébrale ? Ben la réponse est comprise dans la question. Vite un frexit.

à écrit le 26/08/2018 à 9:08
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Mme Nguyen, quel rapport faites-vous donc entre l'excédent budgétaire et la barre des 3% de déficit ? Le déficit budgétaire de l'Allemagne est négatif... Je cite : "Cette vigueur a permis aux caisses publiques d'afficher un excédent budgétaire iné...

le 31/08/2018 à 14:15
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elle ne s' est pas relu ...car je pense qu' elle voulait associer qu' un déficit a 3% comme un excédent des comptes publics à +2 % (forcément d' une façon ou l' autre au détriment des autres pays) entraine une procédure d ' infraction.. de la commis...

à écrit le 25/08/2018 à 16:36
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Le «plein emploi» outre-Rhin a son revers de la médaille... L'Allemagne peut s'enorgueillir d'un taux de chômage en baisse constante. Une évolution des chiffres qui ne vient cependant pas seule : la libéralisation du marché du travail allemand a ...

le 27/08/2018 à 10:38
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Faut tout mettre en perspective. en reprenant le commentaire ci dessous de fadese. Gagner moins est alors pas forcément un handicap si les loyers ne grèvent pas un budget. Par contre, le sous investissement chronique et le délabrement des infrastruct...

à écrit le 25/08/2018 à 10:42
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Le prix des loyers en allemagne, 3 fois moins élevé qu'en france ! pays de rentiers !

à écrit le 25/08/2018 à 9:35
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L'Allemagne affiche une croissance robuste QUEL CONTRASTE en France le gouvernement Macron [ Philippe LeMaire Darmanin tous 3 UMP déguisés] annoncent que la France abaisse sa prévision ... QUE D'ECHECS PITOYABLES la seule valeur qui mon...

le 25/08/2018 à 10:10
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en effet, c'etait tellement mieux avec sarko et hollande... c'etait le bon temps: pas d'affaires et pas d'insecurite !

le 25/08/2018 à 11:44
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L'allemagne exporte des produits à très haute valeur ajoutée ; pendant ce temps, en France les politicards s'activent pour permettre aux amis voyous d'organiser en bandes leurs corruptions et ainsi avoir largement dépassé les mafias italiennes ...

le 26/08/2018 à 9:24
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"BREF, nous faisons le constat de ce qu'une équipe minable LREM associée au LR(UMP déguisés) et au Modem UDI peut accumuler comme désordres et dégâts pour les citoyens " Sans oublier l'aile droite du PS qui a permis à Macron d'être la.

à écrit le 25/08/2018 à 7:51
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La différence entre les pays du nord et du sud est lié au prix de l'énergie. Voir la note n°6 du CAE.

le 25/08/2018 à 10:43
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Non. L'Allemagne est gérée budgétairement avec rigueur, ses dépenses publique et sociale sont parcimonieuses et surtout elle na pas sacrifié son industrie pour la chimère d'une économie de services ce qui a fait tant de dégâts notamment au Royaume-Un...

le 25/08/2018 à 13:43
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Merci Bruno pour votre réponse. Mais je maintiens mon commentaire. Lisez bien la page 12 de la note n°6. L'énergie ne participe pas au financement des charges sociales, sauf pour financer la retraite des agents EDF.

à écrit le 25/08/2018 à 7:30
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Ça s instruit ça investit et ça bosse ... en attendant chez nous ça reste dans son canapé et ça pense que c est la faute des autres et ça jalouse.

à écrit le 25/08/2018 à 5:00
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Vaut-il mieux être pauvre dans un pays riche que dans un pays pauvre (ou dans un pays qui s'appauvrit, comme la France)? Jacques MARSEILLE avait fait, sur ce sujet, un sondage édifiant parmi ses étudiants. Je crois que nous aurions intérêt, en France...

à écrit le 24/08/2018 à 22:14
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Avoir du boulot et vivre pauvre, c’est le miracle Allemand! Le succès de nos voisins germains repose évidemment sur leurs « efforts » collectifs. Ces efforts ont tout de même quelques conséquences, notamment sur l’explosion du nombre de pauvres et...

le 25/08/2018 à 10:46
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Beaucoup de français aimeraient être pauvres comme des allemands. D'autant plus que le coût du logement (le premier des besoins) est nettement moins coûteux en Allemagne qu'en France, et pour une qualité et un volume souvent supérieurs.

le 25/08/2018 à 16:28
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Et beaucoup de français aimeraient ne pas être pauvres comme ces allemands sous-payés et exploités .. https://www.monde-diplomatique.fr/2017/09/CYRAN/57833

le 25/08/2018 à 18:48
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@bigouden Ce genre d'articles est franchement exagéré, il suffit d'aller en Allemagne pour constater que les allemands n'ont pas à se plaindre même si le droit du travail est plus "flexible".

à écrit le 24/08/2018 à 22:05
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L'économie Allemande se porte bien grâce à la décrépitude des autres économies de la zone euro, essentiellement et par le simple flux des transferts d' une part. D'autre part soulignons que l'air de ne pas y toucher, l'Allemagne est indirec...

à écrit le 24/08/2018 à 19:55
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un pays qui ne dépense pas et qui profite de la dépense/de l'endettement des autres pays. et qui profite aussi de la ressource humaine des autres pays pour compenser la baisse de sa population depuis 2004.

à écrit le 24/08/2018 à 19:06
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Et oui l'Allemagne a mis tout ses efforts sur l'offre et pas sur a demande comme en France, à tjrs refusé une monnaie faible contrairement à la France qui a dévalué une vingtaine de fois depuis le franc fort, a encouragé ses entreprises sans les matr...

le 24/08/2018 à 20:53
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pour qu’il y ait de l’offre, il faut de la demande. tu dis que c’est aux autres de créer la demande (en investissant, en faisant des enfants, en limitant la pauvreté et le dumping social, en contribuant à la Défense ou en s'endettant) ? et à l’Allem...

à écrit le 24/08/2018 à 18:49
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Tous les membres nordics de l'UE sont en forte progression.

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