L'économie se contracte en France, la récession se précise en Europe

La baisse de la demande cet été a plongé l'économie française en territoire négatif, selon le dernier indice des directeurs des achats (PMI). Six mois après le début de la guerre en Ukraine, l'inflation continue de peser sur le revenu et le niveau de vie des Français. En zone euro, la France et l'Allemagne tirent l'activité vers le bas. La perspective d'une récession s'accélère sur le Vieux continent.
Grégoire Normand
L'inflation pèse sur le porte-monnaie des Français. De leur côté, les entreprises se disent préoccupées par les risques de récession.
L'inflation pèse sur le porte-monnaie des Français. De leur côté, les entreprises se disent préoccupées par les risques de récession. (Crédits : Reuters)

Le spectre de la récession plane au dessus de l'économie tricolore. Après un premier semestre décevant, l'activité tricolore a plongé en zone de contraction au mois d'août. L'indice PMI, celui des directeurs des achats, dévoilé ce mardi 23 août est passé en territoire négatif à 49,8 contre 51,7 en juillet. Il s'agit d'un plus bas depuis un an et demi. Pour rappel, l'activité est en repli quand l'indice est en deça de 50 points et en expansion quand il repasse au dessus. "La forte inflation, conjuguée à l'essoufflement du rebond post-pandémie de la demande, a conduit les entreprises comme les consommateurs à diminuer leurs dépenses non essentielles, entraînant un premier recul de la demande de services depuis mars 2021", a déclaré l'économiste, Joe Hayes dans un communiqué.

Alors que la rentrée politique se profile, le gouvernement va devoir faire face à une conjoncture économique plus dégradée que prévu. Même si le second trimestre a été meilleur qu'anticipé à 0,5%, la fin d'année s'annonce périlleuse. En effet, le scénario noir d'une coupure de gaz russe pourrait porter un coup dur à l'économie du Vieux continent. L'indice PMI allemand a atteint son plus bas niveau depuis près de deux ans au mois d'août à 47,6. Outre-Rhin, l'économie se dirige tout droit vers une récession en fin d'année. A cela s'ajoute le durcissement de la politique monétaire en zone euro qui risque de freiner brutalement l'activité.

Lire aussiLa BCE frappe fort pour lutter contre l'inflation, la nouvelle obsession de Christine Lagarde

L'industrie dans le rouge

Les moteurs de l'industrie tricolore s'essoufflent. L'indice de l'industrie manufacturière s'est replié à 49 points en août contre 49,5 en juillet. Il s'agit d'un plus bas de 27 mois. Depuis le début de la pandémie en mars 2020, le Made in France est frappé de plein fouet par de multiples difficultés. Entre les pagailles dans les chaînes d'approvisionnement, le renchérissement des prix de l'énergie, les pénuries de composants et les fermetures de frontières, de nombreuses usines ont dû réduire la voilure, voire stopper leur production.

Toutes les industries dépendantes de l'étranger peinent toujours à se fournir en matières premières. En outre, les industriels doivent faire face aux conséquences désastreuses de l'inflation. En effet, la demande s'est effondrée ces derniers mois dans le secteur manufacturier. Ce recul de l'industrie pourrait avoir des répercussions en cascade dans de nombreux services.

Une partie des activités comptabilisées dans l'industrie auparavant sont désormais externalisées dans le tertiaire. Ainsi, même si le poids de l'industrie dans le PIB s'est fortement réduit, beaucoup de PME et TPE dépendent de l'activité industrielle. Enfin, même si la chute de l'euro face au dollar permet à l'industrie tricolore de gagner en compétitivité, cette dépréciation alimente les coûts de certaines importations libellées en dollar. Ce qui risque d'alimenter l'inflation importée de l'étranger.

Lire aussiL'euro atteint son plus bas niveau en 20 ans face au dollar

Les services résistent

Du côté des services, l'activité a ralenti au mois d'août à 51 points contre 53,2 points en juillet. Il s'agit d'un plus bas de 16 mois. Malgré cette inflexion, l'activité demeure en territoire positif dans les services. Le retour des touristes étranger après deux longues années de pandémie a permis de doper la demande sur le territoire et d'accélérer les exportations de services.

La chute de la demande domestique en 2022 pourrait cependant plomber la consommation de services d'ici la fin de l'année. Compte tenu du poids du tertiaire dans l'économie tricolore, la croissance pourrait ainsi marquer le pas à l'automne.

Lire aussiCroissance, inflation : l'OFCE noircit ses prévisions pour l'économie française

L'inflation menace toujours

Après avoir atteint 6,1% au mois de juillet, l'inflation menace toujours l'activité. En effet, les Français ont déjà commencé à se serrer la ceinture depuis le début de l'année. Les revenus issus du travail dans le secteur privé ont plongé au cours du premier semestre selon les récentes statistiques du ministère du Travail. Ce recul concerne toutes les catégories professionnelles.

Hormis le SMIC, les salaires ne sont plus indexés sur l'inflation depuis le début des années 80. Résultat, les salariés perdent du pouvoir d'achat. L'Insee table sur un repli de 1% cette année. De son côté, l'OCDE prévoit, dans un communiqué, une chute de 1,9% du revenu réel par tête en 2022 en France. Il s'agit de la plus forte baisse des pays du G7, les sept plus grandes économies de la planète.

Made with Flourish

Les mesures du gouvernement (bouclier tarifaire, ristourne sur l'essence, revalorisation de minima sociaux) ont permis de limiter l'inflation mais une grande partie de la population active subit de plein fouet les pressions inflationnistes. À la veille de la rentrée scolaire, beaucoup de ménages doivent faire face à des dépenses incompressibles pour les fournitures et articles de papeterie notamment.

Lire aussiRentrée: l'inflation a un effet dévastateur sur le budget des Français, en particulier des étudiants

La zone euro se rapproche dangereusement de la récession technique

Du côté de la zone euro, les indicateurs passent au rouge les uns après les autres. Après un fort rebond en 2021 post-covid, la croissance devrait fortement ralentir en 2022. D'après le dernier indice PMI, l'activité s'est contractée au mois d'août à 49,2 après un premier repli au mois de juillet à 49,9. Avec deux mois de reculs consécutifs, l'économie de la zone euro se rapproche de la récession technique. Cette phase se définit par deux trimestres consécutifs de recul de l'activité. « Les dernières données PMI mettent en évidence une contraction de l'économie de la zone euro au troisième trimestre 2022 », a indiqué l'économiste Andrew Harker dans un communiqué.

S'agissant de l'indice des prix à la consommation, les conjoncturistes redoutent encore une hausse dans les mois à venir dans l'union monétaire. « Le choc inflationniste est très important. Le pic d'inflation est probablement encore devant nous. La hausse de l'indice des prix harmonisé à la consommation (IPCH) pourrait atteindre 10% à l'automne dans la zone euro. Une telle inflation pourrait nettement rogner les marges des entreprises », a récemment expliqué l'économiste de BNP Paribas Hélène Baudchon interrogée par La Tribune. Sur le plan géopolitique, la guerre en Ukraine continue de déstabiliser toute la partie orientale de l'Europe. Même si le poids cumulé de l'Ukraine et de la Russie dans l'économie mondiale demeure limité, la poursuite du conflit pourrait encore faire de nombreux dégâts.

Lire aussiRebond surprise : la France évite pour l'instant le scénario de la récession

Grégoire Normand
Commentaires 13
à écrit le 25/08/2022 à 16:00
Signaler
Avez-vous entendu parler de désaisonnalisation des séries chronologiques? (X12-Arima etc.) Les indices de court terme en font un usage systématique. Je ne suis pas un spécialiste des PMI mais, compte tenu de leur notoriété, il est sûr qu'ils possède...

à écrit le 24/08/2022 à 14:26
Signaler
Macron annonce la fin de l’abondance !!! Avec une inflation galopante pour se nourrir de chauffer et se déplacer que croit il qu’il va se produire dans un pays dont la croissance dépend essentiellement de la consommation des ménages ? De la récessio...

à écrit le 24/08/2022 à 9:31
Signaler
chute de 3 % des revenus des actifs d apres le diagramme et macron va augmenter d e4 % les retraites. c est sur que les retraités eux votent pour lui mais c est pas en calinant les boomers qu on va redresser le pays

le 24/08/2022 à 11:21
Signaler
dans l' incapacites de gouverner en creant de la croissance nos dirigeants doivent quitter le pouvoir depuis 5ans et incapable d'instaurer un dialogue constructif avec les forces vives de la nation quand on est dans le ni oui ni non on ne dirige pa...

à écrit le 24/08/2022 à 8:39
Signaler
Ah bon? Moi en lisant LT jusqu'à dernièrement j'avais cru comprendre que l'économie française repartait dans le bon sens (baisse du nombre de chômeurs, reprise de la croissance, etc.). Aurais-je mal compris ou m'aurait-on fait croire des balivernes? ...

le 24/08/2022 à 9:05
Signaler
L article manque de recul .. août étant une période estivale - vacances- la production industrielle en est impactee… voir la tendance cet automne …

à écrit le 24/08/2022 à 2:15
Signaler
On a stagné en août les indices pmi sont peu fiable et souvent mal interprété ici

à écrit le 23/08/2022 à 21:40
Signaler
Bonne nouvelle, on va moins acheter de " couillonades", des abonnements et applications à la "noix", moins " bouffer" du Macdo et "picoler" du Coca cola, moins prendre l'avion pour aller passer des vacances à la "con" dans un hôtel "all inclusive" o...

le 24/08/2022 à 9:07
Signaler
Oui il est grand temps de consommer différemment et plus intelligent… c est le mérite de cette crise !!

à écrit le 23/08/2022 à 21:01
Signaler
Il faut dire que notre environnement n'est pas très rose en ce moment:) L'essence avec une ristourne de 18 cents est à 1.82, soit €2,- sans ristourne!!!! les prix augmentent vraiment sur de nombreux produits de la vie courante....beurre distributeur ...

à écrit le 23/08/2022 à 20:20
Signaler
Bruno Le Maire a dit qu'il était parti pour ruiner la Russie, il peut pas tout faire en même temps. Soyons juste. Ruinée la Russie quoi qu'il en coûte à d'ailleurs indiqué Macron, soyons solidaires des Russes ruinés, nous allons souffrir mais c'est l...

à écrit le 23/08/2022 à 17:27
Signaler
Youppie! Se disent les "gouvernants", on a des excuses pour ne rien faire! ;-)

le 23/08/2022 à 19:25
Signaler
Bah ! Reformulons, allons au fond des choses ! Les français sont -ils prêts à mourir pour Macron et pour l' UE ?

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.