Credit Suisse : Bruxelles donne son feu vert au rachat par UBS, malgré la colère des actionnaires

La Commission européenne a donné son assentiment au rachat de la banque Crédit Suisse par sa concurrente UBS, entamé le 19 mars. Bruxelles estime que la fusion de ces deux grandes banques suisses « ne réduirait pas significativement la concurrence ». Cette décision, actée le 19 mars, est cependant contestée par les actionnaires de Credit Suisse qui ont vu la valeur de leurs actions fondre.
La fusion entre Crédit Suisse et UBS vient d'être acceptée par la Commission européenne qui estime que cela ne nuit pas à la concurrence bancaire.
La fusion entre Crédit Suisse et UBS vient d'être acceptée par la Commission européenne qui estime que cela ne nuit pas à la concurrence bancaire. (Crédits : DENIS BALIBOUSE)

Rien ne semble plus pouvoir arrêter la fusion entre Credit Suisse et sa concurrente helvétique UBS. La Commission européenne a annoncé, ce jeudi 25 mai, que « la fusion ne réduirait pas significativement la concurrence » sur les marchés de la banque d'investissement et des services financiers.

« L'entité combinée continuera à faire face à une pression concurrentielle significative de la part de nombreux concurrents », a-t-elle expliqué dans un communiqué.

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Après avoir été confronté à des difficultés liées à la faillite de la banque américaine SVB, la santé financière de la banque s'est rapidement dégradée. Credit Suisse a dû faire face à des ventes massives de ses titres, jusqu'à ce que le ministère des Finances, la banque centrale et l'autorité de surveillance des marchés négocient avec UBS, sa grande concurrente, pour organiser son rachat. Le 19 mars, celle-ci a accepté de la reprendre pour 3 milliards de francs, moyennant de solides garanties de la Confédération. La BNS et la Confédération ont mis 109 milliards de francs de garanties à la disposition des deux banques. S'y ajoute un volant de liquidités de 100 milliards de francs que la BNS peut mettre à disposition. Sans ce sauvetage, Crédit Suisse se serait vraisemblablement trouvé en cessation de paiement le 20 ou le 21 mars, a expliqué récemment le président de la Confédération, Alain Berset.

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L'opération a été notifiée le 26 avril à la Commission européenne, gardienne de la concurrence dans l'UE. UBS a par ailleurs annoncé fin avril qu'il espérait boucler l'acquisition d'ici fin juin.

Une fusion qui va faire d'UBS un géant

Les deux établissements ont des profils très similaires. Ce sont des groupes mondiaux, avec 72.597 employés chez UBS et 50.480 chez Crédit Suisse. Le premier est le numéro un mondial de la gestion de fortune. L'an passé, la branche internationale de cette activité contribuait à elle seule à près de 15% de ses 34,5 milliards de dollars de chiffre d'affaires. La gestion de fortune est également un des points forts de Credit Suisse, au coude-à-coude avec l'Américain Morgan Stanley pour la deuxième place du podium. La banque d'affaires représente, quant à elle, 25,2% du chiffre d'affaires d'UBS, contre près de 20,6% chez Credit Suisse, avec de nombreuses activités similaires comme le conseil en fusion et acquisitions.

Les activités des deux banques vont être regroupées en cinq divisions, réparties entre quatre zones géographiques, à laquelle s'ajoutera l'entité Crédit Suisse AG, l'entité légale qui regroupe les activités de Crédit Suisse, afin que les deux banques puissent dans un premier temps continuer à fonctionner séparément.

Les dirigeants de Credit Suisse repêchés

UBS va placer des cadres issus de ses rangs aux postes clés. Iqbal Khan, qui a lui aussi fait une partie de sa carrière chez Credit Suisse, va rester à la tête de la gestion internationale de fortune. Robert Karofsky, qui dirige la banque d'affaires d'UBS, va conserver son poste, tout comme Sabine Keller-Busse qui dirige les activités suisses d'UBS. UBS annonce par ailleurs le départ de sa directrice financière, Sarah Youngwood. Elle quittera son poste au moment de la fusion et sera remplacée par Todd Tuckner, l'actuel responsable de la gestion des performances et risques pour la gestion internationale de fortune. Cadre chez UBS depuis 2004, il prendra ses fonctions à la direction financière à la clôture de l'opération, mais rejoint d'ores et déjà le comité de direction « avec effet immédiat », précise le communiqué.

Michelle Bereaux, en poste depuis 23 ans chez UBS, se voit quant à elle confier le poste de responsable de l'intégration. Cette nouvelle équipe de direction est « sans grande surprise », a réagi Andreas Venditti, analyste chez Vontobel, dans un commentaire de marché. Elle « reflète clairement le fait qu'UBS reprend Crédit Suisse », ajoute-t-il, notant qu'il n'y aura pas d'anciens dirigeants de Crédit Suisse « à part Ulrich Körner dans le nouveau comité de direction ».

Le chantier de la fusion promet d'être titanesque, de l'aveu même d'UBS. « Nous sommes conscients de la grande complexité qu'implique l'intégration et la restructuration de Credit Suisse », avait reconnu la première banque helvétique, le 25 avril dernier. La banque espérait alors toutefois boucler l'acquisition de sa rivale « le plus probablement » au deuxième trimestre de cette année, réaffirmant que le mariage forcé « est une opportunité unique de créer de la valeur ».

Le gouvernement suisse limite les rémunérations des dirigeants

Si la plupart des dirigeants de la banque en passe d'être rachetée vont être repêchés, le gouvernement - accusé d'être en partie responsable de la perte des fonds des actionnaires de Credit Suisse - a décidé de limiter les primes de ces employés transférés vers UBS. Dans un communiqué diffusé le 24 mai, le département fédéral des finances annule ou réduit les bonus des 1.000 premiers cadres de la banque.

La règle est simple : les membres du directoire sont privés purement et simplement de rémunération variable au titre de 2022, alors que les cadres de l'échelon inférieur (N-1) voient leurs bonus réduits de 50% et ceux des cadres N-2 (deux échelons inférieurs au directoire) de 25%. Pour le gouvernement, il s'agit là de rendre compte de « façon différenciée (de) la responsabilité des cadres dans la situation du Crédit Suisse », précise le communiqué.

Les actionnaires furieux

Par cette mesure, le gouvernement cherche à calmer, ou tout du moins à contenir, la colère des actionnaires. Depuis l'annonce de rachat et l'effondrement du cours de l'action Credit Suisse (de 2,50 francs suisses le 10 mars, à 0,79 ce jeudi), quelque 230 recours ont été déposés par des investisseurs auprès du tribunal administratif fédéral.

Au total, 2.500 investisseurs se sont regroupés pour attaquer la décision de la FINMA. Selon le Financial Times, plusieurs cadres du Credit Suisse ont également lancé une procédure contre le superviseur, au motif que la décision aurait fait perdre quelque 400 millions de dollars de bonus à des milliers de cadres de la banque. Une double punition en quelque sorte.

(Avec AFP)

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Commentaire 1
à écrit le 26/05/2023 à 8:26
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Un bon gros chèque et tout est plus simple en UERSS empire prévu pour durer mille ans (mais ce serait étonnant).

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