Marché de l'électricité : dans l'attente d'une réforme, Madrid veut prolonger «l'exception ibérique» jusqu'à fin 2024

La ministre espagnole de la Transition écologique Teresa Ribera a déclaré ce lundi, lors d’une interview à Antena 3, qu’elle allait demander à l’Union européenne de prolonger l’exception ibérique au mécanisme européen des prix de l’électricité. Ce régime dérogatoire doit en principe s'éteindre le 31 mai prochain. En parallèle, les Vingt-Sept doivent s'accorder cette année sur une réforme du marché de l'électricité, afin de limiter la volatilité des prix.
La ministre espagnole de la Transition énergétique Teresa Ribera souhaite que l'Espagne continue à acheter son électricité en dehors des prix calculés par le marché européen.
La ministre espagnole de la Transition énergétique Teresa Ribera souhaite que l'Espagne continue à acheter son électricité en dehors des prix calculés par le marché européen. (Crédits : JOHANNA GERON)

Le gouvernement espagnol qui fait bande à part avec le Portugal dans les prix de l'électricité en Europe souhaite prolonger jusqu'à 2024 cette exemption. « Nous voulons continuer à bénéficier de cette mesure exceptionnelle appliquée en Espagne et au Portugal et qui, en principe, n'est valable que jusqu'en mai », a déclaré la ministre espagnole de la Transition écologique Teresa Ribera, lors d'un entretien accordé ce lundi à la chaîne de télévision Antena 3. « Nous allons donc demander que l'application de cette solution ibérique puisse être prolongée jusqu'à ce que les règles européennes soient modifiées », a-t-elle ajouté, souhaitant que ce régime d'exception reste en vigueur « au moins jusqu'à la fin de l'année 2024 ».

La raison invoquée par l'Espagne pour se soustraire aux règles européennes ? « Nous savons » que la mise en place de nouvelles règles de marché en Europe « peut prendre beaucoup de temps », a justifié la ministre espagnole.

Plafonner le prix du gaz utilisé pour produire de l'électricité

L'Union européenne impose en effet à tous ses Etats-membres de se soumettre à un mécanisme unique de calcul des prix de l'électricité. Ces derniers sont fixés sur les marchés européens par le principe du « coût marginal », qui implique de prendre comme référence le coût de production de la dernière centrale utilisée pour équilibrer le réseau, bien souvent une centrale à gaz, dont le coût variable correspond au coût du combustible.

Or, les prix du gaz ont commencé à flamber dès la reprise économique post-Covid à l'automne 2021. Une flambée qui s'est ensuite exacerbée lors de l'invasion russe de l'Ukraine et le tarissement des importations de gaz russe vers le Vieux Continent. Résultat, les prix de l'électricité sont montés en flèche, à plus de 1.000 euros le mégawattheure cet été.

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Madrid et Lisbonne ont obtenu, en juin, le feu vert de Bruxelles pour obtenir une dérogation au système tarifaire européen, en faisant valoir la faiblesse de leurs interconnexions avec le reste de l'Union européenne. Ce régime dérogatoire permet concrètement de plafonner le prix du gaz utilisé pour la production d'électricité. En d'autres termes, de subventionner la production d'électricité à partir du gaz. Cela a conduit ces derniers mois à une forte baisse des prix de l'électricité en Espagne et au Portugal. En revanche, la facture des consommateurs, elle, n'a pas baissé dans les mêmes proportions en raison d'une nouvelle taxe justement établie pour financer la subvention des centrales thermiques à cycle combiné gaz (CCG)

Réformer d'urgence le marché de l'électricité

Alors que la flambée et la volatilité des prix affectent les industries européennes, plusieurs Etats membres appellent à réformer d'urgence le marché de l'électricité, à l'image de l'Espagne, mais aussi de la France et de l'Italie.

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Face à la grogne d'une partie des pays, les 27 ont décidé de plancher sur une réforme du mécanisme des prix. Mais les discussions ont pris du retard ces derniers mois, d'autres États, comme l'Autriche et les Pays-Bas, préférant tabler sur la libre-concurrence ou un renforcement des interconnexions de réseaux sur le continent pour faire baisser les prix.

Cette réforme est nécessaire pour « réduire la volatilité des prix de l'électricité » et « garantir le développement des énergies renouvelables », a souligné Teresa Ribera, en précisant que Madrid ferait de « nouvelles propositions » à la Commission pour « moderniser » les règles européennes.

(Avec AFP)

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Commentaire 1
à écrit le 10/01/2023 à 16:13
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La commission européenne et l'Allemagne entendent bien que les prix bas permis par l'amortissement des centrales nucléaires profitent à toute l'Europe et pas seulement à la France. Elles ne sauraient admettre que le prix de l'électricité en France re...

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