Négociations sur le Brexit : une première mouture qui fâche (les Britanniques)

La facture de sortie, les droits des citoyens européens, la frontière irlandaise... où en est-on ? Ce mercredi 28 février, Michel Barnier, le négociateur en chef de l'Union européenne sur le Brexit, a rendu publique une première mouture du texte afin de mettre les Britanniques face aux réalités qui les attendent après leur départ de l'Union programmé pour le 30 mars 2019.
Theresa May a souligné que son pays voulait un accord sur mesure, mais Michel Barnier mercredi 28 février (photo) a prévenu qu'il fallait faire un choix et que des barrières commerciales étaient inévitables en dehors de l'union douanière et du marché unique.
Theresa May a souligné que son pays voulait un "accord sur mesure", mais Michel Barnier mercredi 28 février (photo) a prévenu qu'il fallait faire un choix et que des barrières commerciales étaient "inévitables" en dehors de l'union douanière et du marché unique. (Crédits : Reuters)

Le projet de traité sur le Brexit publié mercredi par la Commission européenne, traduisant en langage juridique le compromis signé en décembre, a révélé au grand jour les dissensions qui persistent entre Londres et Bruxelles, en particulier  sur l'Irlande du Nord.

C'est le négociateur en chef de l'Union européenne sur le Brexit, Michel Barnier, qui en a fait la présentation mercredi à Bruxelles, mais cette ébauche juridique de l'accord de retrait du Royaume-Uni de l'UE a aussitôt été rejetée par Londres.

Lors de sa conférence de presse, Michel Barnier a notamment souligné la nécessité d'éviter le rétablissement d'une "frontière dure" entre la province britannique d'Irlande du Nord et la République d'Irlande. Ce qui signifie que la frontière "dure" avec l'UE serait repoussée en mer d'Irlande... Une proposition qui a fait bondir l'instant suivant Theresa May, qui, s'exprimant au même moment à la Chambre des communes, a affirmé que le projet de la Commission européenne, en l'état, menaçait l'"intégrité constitutionnelle" de son pays.

Lire aussi : La crise politique en Irlande du Nord, un défi de plus pour Theresa May

Premier récapitulatif de ce que l'on sait sur le futur retrait britannique du bloc européen:

> La date de sortie de l'UE

Michel Barnier a insisté sur l'importance d'accélérer le rythme des discussions pour parvenir à un accord d'ici l'automne afin d'écarter le risque d'un Brexit "dur" fin mars 2019. "Si nous souhaitons le succès de ces négociations (...), nous devons accélérer la cadence", a-t-il dit.

Le Royaume-Uni quittera le bloc européen le 29 mars 2019, soit deux ans après avoir officiellement déclenché la procédure de divorce d'avec l'UE, et près de trois ans après le référendum du 23 juin 2016 qui a vu les Britanniques voter à 52% pour la séparation.

Cette date ne pourrait être retardée qu'en cas d'accord entre le Royaume-Uni et les 27 autres États membres.

> Les termes de la sortie : la frontière irlandaise met le feu aux poudres

Londres et Bruxelles sont parvenus à un accord préliminaire en décembre sur les trois questions clés: la facture de sortie, les droits des citoyens européens et la frontière irlandaise. Mais cette dernière question a mis le feu aux poudres mercredi, Londres estimant que le texte publié par Bruxelles "menacerait l'intégrité constitutionnelle du Royaume-Uni en créant une frontière douanière et réglementaire en mer d'Irlande".

"Aucun Premier ministre britannique ne l'acceptera", a déclaré la Première ministre Theresa May.

Concernant les citoyens, il est stipulé que les droits des plus de trois millions d'Européens vivant au Royaume-Uni et du plus d'un million d'expatriés britanniques dans l'UE seraient préservés et qu'ils pourront réclamer le statut de résident permanent.

Ceux qui arriveront après le 29 mars 2019 n'auront toutefois peut-être pas les mêmes droits, a prévenu Londres, ce que Bruxelles conteste.

Enfin, le Royaume-Uni a accepté de continuer à contribuer au budget de l'UE jusqu'en 2020 et d'honorer tous les engagements pris. Ce qui correspondrait selon ses calculs à 40 à 45 milliards d'euros.

> La période de transition post-Brexit : le statu quo pas certain du tout

Lors d'un discours à Florence le 22 septembre 2017, Theresa May a réclamé le maintien des liens actuels avec l'UE pendant une période de transition de deux ans après le Brexit pour éviter un changement brutal des règles pour les citoyens et les entreprises.

Les 27 ont approuvé fin janvier le principe "d'une transition 'statu quo' ", c'est-à-dire avec maintien de la libre circulation des biens, services et personnes mais lors de laquelle Londres n'aura plus son mot à dire sur les décisions de l'UE. Elle courrait jusqu'à fin 2020.

Mais compte tenu des désaccords qui ont surgi depuis, cette période de transition "n'est pas acquise", a averti le négociateur en chef de l'UE Michel Barnier.

> La future relation commerciale : Barnier intraitable

Le Royaume-Uni veut quitter le marché unique et l'union douanière pour pouvoir négocier ses propres accords commerciaux et mettre fin à la liberté de circulation des citoyens européens mais souhaite dans le même temps maintenir la relation commerciale "la plus fluide possible" avec l'UE.

Theresa May a souligné que son pays voulait un "accord sur mesure" mais Michel Barnier a prévenu qu'il fallait faire un choix et que des barrières commerciales étaient "inévitables" en dehors de l'union douanière et du marché unique.

Lire aussi : Michel Barnier, le retour du « fléau de la City »

Les négociations sur la future relation commerciale doivent débuter au printemps 2018. Sans accord, le Royaume-Uni se verrait appliquer les règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), synonymes de barrières douanières et tarifaires.

(Avec AFP et Reuters)

Commentaires 22
à écrit le 03/03/2018 à 20:19
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Le général DE GAULLE l'avait bien pressenti, les anglais ont toujours mis des bâtons dans les roues de l'Europe unie (marché commun, à l'époque), c'est pourquoi il n'a jammais voulu du R-U dans l'Europe. Maintenant ils voudraient le beurre, l'argent ...

à écrit le 01/03/2018 à 16:33
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Le scénario des séries modernes est devenu bien ennuyeux. Il y a peu de raisons de suivre la série jusqu'au bout. Je ne comprend pas comment les Anglais pouvaient s'attendre à ce que leur législation douanière s'applique à la république d'Irlande....

à écrit le 01/03/2018 à 14:58
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Parfaite maîtrise du tempo par Barnier. Il a mis tout le monde au pied du mur, en expliquant clairement aux Britanniques à quoi les menaient leur tergiversations sur la frontière irlandaise. Et ce le lendemain du jour ou Corbyn reconnaît que le Labou...

à écrit le 01/03/2018 à 12:41
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vouloir traiter la Grande Bretagne au même rang que la Norvège ,la Suisse, et certains confettis qui adhèrent au marché commun européen relève de la pire idiotie . le négociateur Barnier est en train de se ridiculiser en s'accrochant à cette stratég...

le 01/03/2018 à 14:19
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Il faut leur laisser le libre accès aux marchés comme avant, en ne payant rien du tout (les Norvégiens vont réclamer, eux paient), ni ne votant (pour bloquer tout ce qui ne leur plaisait pas, passager "clandestin", voire coucou). Il parait que si un...

le 01/03/2018 à 14:52
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C'est le RU qui a quitté l'UE, pas l'inverse. Que les anglais assument les conséquences de leurs actes est la moindre des choses. Barnier est le meilleur négociateur possible pour l'Europe et maintenant que tout le monde s'est fait à l'idée qu...

à écrit le 01/03/2018 à 12:36
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vouloir traiter la Grande Bretagne au même rang que la Norvège ,la Suisse, et certains confettis qui adhèrent au marché commun européen relève de la pire idiotie . le négociateur Barnier est en train de se ridiculiser en s'accrochant à cette stratég...

à écrit le 01/03/2018 à 11:00
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Sortir de l'UE de Bruxelles, qui n'est qu'une simple zone administrative contraignante, n'est qu'un "sauve qui peut" et les anglais le peuvent encore! Chez nous, on essaye encore de nous endormir!

à écrit le 01/03/2018 à 10:59
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Sortir de l'UE de Bruxelles, qui n'est qu'une simple zone administrative contraignante, n'est qu'un "sauve qui peut" et les anglais le peuvent encore! Chez nous, on essaye encore de nous endormir!

à écrit le 01/03/2018 à 8:58
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Pitoyable union européenne qui déjà avec le RU se faisait exploser par ses concurrents américains et chinois mais en plus les américains sont en train grâce à la force politique de trump de prospérer économique tandis que cette pauvre vieille UE, tot...

le 01/03/2018 à 10:09
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Et pourtant l’Europe est une des zones les plus prospères de la planète, entretient des excédents commerciaux avec à peu près tout le monde (et surtout les E-U), porte le leadership sur les normes industrielles et commerciales, et maintenant morales ...

le 01/03/2018 à 11:50
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Combien de multinationales de l'internet en UE ? Combien de multinationales de l'informatique en UE ? Combien de multinationales de robotiques en UE ? Même ariane espace est en train de céder rapidement du terrain sur des boites américains...

le 01/03/2018 à 12:05
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Le vieux continent, divisé, a des handicaps. Oui, l'UE ne peut pas tout mais sans UE cela serait pire. Sans la contruction européenne depuis 50 ans, nos vieux pays ne seraient plus que les spectateurs d'un monde dominé par USA, Chine. Vous critiqu...

le 01/03/2018 à 13:08
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"Le vieux continent, divisé, a des handicaps." Ce ne sont plus des handicapes là, le retard désastreux dans les domaines high tech démontre la mort de l'innovation et de l'investissement au sein de l'UE. Ce qui est normal puisque le dogme eur...

le 01/03/2018 à 13:31
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"Vous critiquez les lobbies et encensez les USA... Vos contradictions affligent." J'encense la politique qui se met au service de l'économie aux USA, privés et public ont compris qu'en marchant ensemble ils étaient indestructible et c'est bien po...

à écrit le 01/03/2018 à 7:32
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Ils est claire que le Brixit vas cree une barrière douanière , l'on ne peut quitter l'union et avoir accès au marché commum , ils ons choisis , mais ils n'aurons pas accès librement au marché commum, s'étaient l'un on l'autre .... La GB été informé b...

le 01/03/2018 à 10:12
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L’article dit pourtant l’inverse, que le R-U s’alignerait in fine plus ou moins sur la réglementation européenne. Par ailleurs Corbyn commence maintenant à militer pour une union douanière. Les anglais ne sont pas fous, ils savent qu’ils ont bien tr...

à écrit le 01/03/2018 à 1:57
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Effectivement au travers de ce que l'on peut lire ou entendre. May tient le role de la crémière avec une patate chaude qui cherche le beurre, l'argent du beurre et la baratte en plus. Ca va mal finir pour les rosbifs. Enfin moi bien content qu'ils s...

le 01/03/2018 à 7:31
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Mais à la fin c’est toujours eux qui gagnent.

à écrit le 28/02/2018 à 21:42
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Mr BARNIER est pour moi la révélation de ce brexit. Enfin un type qui tient la route sur le fond et la forme, droit dans ses bottes depuis le 1er jour. Un vrai professionnel. Bravo.

à écrit le 28/02/2018 à 21:00
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Situation complexe et ambigüe. Qu’est ce qui va se passer pour l’Europe après le 29 mars 2019 ? Qu’est ce qu’on nous cache ? Qu’est ce que les Anglais anticipent ?

le 01/03/2018 à 10:00
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"Qu’est ce que les Anglais anticipent ? " LA chute flagrante de l'UE qui a prit bien trop de retard dans les domaines hihg tech pour être crédible économiquement actuellement. L'europe est un échec du fait de sa compromission totale entre po...

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