Taxe Tobin européenne : vers un accord avant fin juin ?

Après quatre années de discussions, les 11 pays volontaires pour la mise en place d'une taxe Tobin pourraient trouver un consensus sur le dispositif à mettre en place d'ici au mois de juin.
Aucun accord n'a été trouvé entre les 11 pays européens pour instaurer une taxe sur les transactions financières. Michel Sapin, ministre des Finances, note ce mardi une avancée dans les discussions.

Le dossier enlisé depuis des mois va-t-il enfin trouver une issue ? La petite phrase lâchée ce mardi par le ministre français des Finances, Michel Sapin, est peut-être laconique, mais semble indiquer une avancée dans la mise en place d'une taxe sur les transactions financières « à l'européenne », dans les 11 pays volontaires.

"Nous avons pu constater des convergences hier" a-t-il déclaré lors d'une réunion à Bruxelles.

Sur ce dossier, les pays concernés avancent lentement, mais la méthode semble fonctionner, si l'on en croit le ministre des Finances français :

"Nous avons réaffirmé (qu'il faudrait) qu'en juin, nous puissions prendre des décisions et choisir un modèle, un dispositif qui pourrait faire consensus".

Les onze ministres des Finances doivent se réunir les 18 et 19 juin à Luxembourg, pour trouver un accord.

Lancé en 2011, ce  projet de taxe sur les transactions financières peine à avancer. Les 11 pays concernés avaient déjà fait savoir à l'automne dernier qu'ils devaient parvenir à un accord avant la fin... 2014.

"Mon ennemi, c'est la Finance"

En janvier, François Hollande avait fait part de son intention de faire aboutir le projet au plus tard en 2017, histoire de faire taire ses adversaires qui l'accusaient de ne pas tenir sa promesse de campagne n°7. Le ministre des Finances autrichien, Hans Jörg Schelling, après avoir reculé, est de nouveau impliqué : il est en charge de la coordination du dossier depuis ce début d'année.

Désaccords et recul sur le projet

Le recul de l'Autriche avait d'ailleurs été provoqué... par la France. Le 8 décembre dernier, Michel Sapin propose de taxer seulement certains produits financiers, quitte à élargir l'assiette par la suite. Ce mardi 12 mai, à Bruxelles, Michel Sapin a tenu à rappeler la position de la France sur le sujet :

"Pour une base large, un taux faible."

La position est soutenue par l'Allemagne, mais ce n'est pas un scoop. Cette annonce avait été déjà faite par François Hollande en janvier dernier.

Une taxe volontaire

Cette taxe, élaborée en 1972 par le prix Nobel d'économie James Tobin et qui propose une taxe sur les opérations de change, s'inspire des travaux de l'économiste John Maynard Keynes.

Les pays de l'Union Européenne sont libres d'y participer, puisque cette taxe fait l'objet d'une coopération renforcée. Seuls 11 pays sur 28 y sont favorables.

Ainsi, le Royaume-Uni, avec sa place financière de la City est contre - le projet lui aurait même donné des sueurs froides.

De son côté, la Commission européenne avait proposé une taxe d'un montant de 0,1% sur les actions et obligations et 0,01% sur les produits dérivés qui puisse être prélevée sur toutes les transactions financières.

Une taxe rentable

La taxe est critiquée une première fois en 2013 par Christian Noyer: le gouverneur de la Banque de France porte un coup assassin à l'idée en estimant, dans le Financial Times, que "le projet de la Commission n'est pas viable et doit être entièrement revu".

Pourtant, la manne financière pour les finances publiques serait conséquente. Une étude allemande de l'institut allemand DIW révélait, il y a quelques semaines, que cette taxe pourrait rapporter entre 14 et 36 milliards d'euros à la France, entre 19 et 45 milliards d'euros à l'Allemagne.

Commentaire 1
à écrit le 13/05/2015 à 12:17
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Allez !! Lancez vous une bonne fois pour toute à instaurer cette taxe !! Un peu de courage !!

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