Zone euro : la hausse des taux pèse encore sur les crédits au secteur privé

La croissance des crédits accordés au secteur privé en zone euro a poursuivi son repli en février, pour le cinquième mois consécutif, d'après la Banque centrale européenne. Ce, avant même le retour des craintes sur le secteur bancaire qui pourraient accentuer le durcissement des conditions de crédit.
La BCE a relevé ses taux d'intérêt à six reprises pour un total de trois points de pourcentage.
La BCE a relevé ses taux d'intérêt à six reprises pour un total de trois points de pourcentage. (Crédits : HEIKO BECKER)

Pour le cinquième mois d'affilé, les prêts au secteur privé s'affichent en retrait. Ils ont progressé de 4,3% sur un an, a indiqué la Banque centrale européenne (BCE) ce lundi 27 mars. Ils s'étaient élevés à 4,9% un mois plus tôt, la décélération ayant commencé à partir du mois de novembre dernier.

Dans le détail, les prêts accordés aux entreprises ont ralenti leur progression en février à 5,7% sur un an, contre près de 9% quatre mois plus tôt. La croissance des crédits accordés aux ménages a également ralenti, à 3,2%, contre un niveau de 4,5% l'été dernier. Dans cet ensemble les prêts au logement reculent en volume de 1,0%.

Cela semble prouver encore un peu plus que la politique de resserrement monétaire de la BCE porte ses fruits sur le crédit bancaire. Pour rappel, l'institution l'a entamée à partir de juillet 2022 afin de calmer l'inflation élevée dans le sillage de la guerre russe en Ukraine. La BCE a relevé ses taux d'intérêt à six reprises pour un total de trois points de pourcentage. Dernière fois en date il y a moins d'une semaine, avec une augmentation d'un demi point.

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La masse monétaire recule encore

Autre élément qui tend à appuyer ce constat : la masse monétaire. L'Eurosystème, qui regroupe la BCE et les banques centrales nationales de la zone euro, possède trois agrégats M1, M2 et M3. Le premier comprend les pièces et les billets en circulation et les dépôts à vue (dépôt fait dans un organisme bancaire et que l'on peut retirer à tout moment). Cet indicateur avancé de la croissance a reculé pour le deuxième mois consécutif, à 2,7% en rythme annuel, selon la BCE. Cela montre que les ménages et entreprises ont transféré de l'argent des dépôts à vue vers une épargne moins liquide et portant intérêt, comme en France le Livret A. Ces sommes ne sont généralement pas dirigées vers la consommation, ce qui devrait peser sur la croissance.

Le second agrégat, M2, rassemble M1 ainsi que les dépôts à terme (dépôt auprès d'un organisme bancaire bloqué pendant un certain temps) d'une durée inférieure ou égale à 2 ans et les dépôts remboursables avec un préavis.

Enfin, le M3 englobe M2 (et donc M1) ainsi que les instruments négociables sur les marchés comme les pensions, les titres de créances, titres d'organismes de placement collectif en valeurs mobilières... Cette masse monétaire M3 est d'ailleurs utilisée par la BCE comme indicateur avancé de l'inflation. En effet, l'inflation résulte d'une croissance trop importante de la masse monétaire. La BCE peut donc tenter de freiner la hausse des prix en ralentissant la croissance de l'agrégat M3. Cet indicateur n'a progressé que de 2,9%, soit la valeur la plus basse depuis août 2018.

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Une tendance qui pourrait se poursuivre

Cette tendance devrait se poursuivre dans les prochains mois et « pourrait également être influencée par les récentes turbulences bancaires mondiales », notent les analystes de la banque ING. La faillite de la banque californienne Silicon Valley Bank (SVB) le 10 mars, comme le rachat forcé du Credit Suisse par UBS, ont généré des inquiétudes sur la solidité du secteur bancaire aux États-Unis et en Europe.

Dans ce contexte, la BCE n'a toutefois pas tremblé en relevant de nouveau ses taux en mars. Mais elle a par contre renoncé à son engagement de relever encore « sensiblement » ses taux dans les mois à venir. « Le niveau élevé d'incertitude renforce l'importance d'une approche fondée sur les données pour les décisions du Conseil des gouverneurs en matière de taux directeurs, qui seront déterminées par son évaluation des perspectives d'inflation à la lumière des données économiques et financières entrantes, de la dynamique de l'inflation sous-jacente et la force de transmission de la politique monétaire », avait indiqué l'institution, prudente, dans un communiqué.

La BCE a en tout cas pour objectif d'un retour de l'inflation vers 2% en 2025. Or la hausse générale des prix s'est affiché à plus de 8% en février, ce qui montre qu'il y a « du chemin à faire pour contenir les pressions inflationnistes », a souligné sa présidente Christine Lagarde la semaine dernière. L'inflation estime désormais que l'inflation dans la zone euro devrait atteindre 5,3% en 2023 puis 2,9% en 2024 et 2,1% en 2025. Concernant la croissance du PIB, elle envisage une hausse 1,0% cette année avant 1,6% en 2024 et 2025.

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(Avec AFP)

Commentaire 1
à écrit le 28/03/2023 à 9:54
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he oui, la hausse des taux, ca pese plus sur le credit que l'argent gratuit pour tous a taux zero, voire a taux negatifs effectivement..... la creation monetaire infinie ' sans aucune consequence' comme dit le merluchon haineux, et qui n'a aucune con...

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