Centre Val de Loire : le scrutin s'annonce serré pour le second tour

Arrivé en tête au premier tour des élections régionales avec 24,8% des suffrages exprimés, le président socialiste de la région Centre Val de Loire, François Bonneau, croit en ses chances de l’emporter dimanche prochain. Le fort taux d’abstention, plus de 72%, pourrait toutefois rebattre les cartes si ses concurrents parviennent à mobiliser leurs électeurs. Conséquence, le scrutin devrait être serré sur la ligne d’arrivée.
Probable triangulaire dimanche prochain entre François Bonneau (photo), président sortant, Nicolas Forissier et Aleksandar Nikolic.
Probable triangulaire dimanche prochain entre François Bonneau (photo), président sortant, Nicolas Forissier et Aleksandar Nikolic. (Crédits : Reuters)

François Bonneau avait le sourire dimanche soir à l'hôtel de région à Orléans, même si le taux d'abstention conséquent est venu lui gâcher en partie la soirée. Avec 24,8% des suffrages exprimés, le président sortant se situe en tête du scrutin, place qui était encore dévolue le 8 juin par un sondage Ipsos à Aleksandar Nikolic. Le candidat du Rassemblement national doit se contenter de 22,2%, soit six points de moins que prévu dans l'estimation. En troisième position avec 18,8%, le député LR de l'Indre Nicolas Forissier savoure également un succès relatif. En reléguant à la quatrième place le ministre Modem-LREM chargé des relations avec le parlement Marc Fesneau (16,6%), il peut naturellement se poser en champion de la droite et du centre au second tour.

Dimanche soir, Marc Fesneau a laissé entrevoir la possibilité d'une alliance avec Nicolas Forissier. A gauche, les négociations ont, elles, démarré dès l'annonce des résultats entre François Bonneau et son concurrent (quoique vice-président de la région), Charles Fournier. Le score de l'écologiste allié à la France insoumise, soit 10,8%, devrait pousser ce dernier à être plus exigeant envers son puissant allié. La menace d'un possible maintien au second tour de Charles Fournier pèsera forcément dans la discussion entre les deux amis-ennemis de l'exécutif régional.

Présence sur le terrain du sortant

Dans un contexte de prime aux sortants à l'échelle de l'Hexagone, la première place glanée par François Bonneau a une autre explication. Stratège, le socialiste a focalisé sa campagne sur deux thématiques principales, domaines habituellement réservés à ses concurrents de droite et écologistes. A l'adresse des électeurs de Nicolas Forissier, François Bonneau s'est affiché en premier lieu comme un candidat pro-business. Son bilan (apprécié par 63% des habitants) plaide d'ailleurs pour lui avec un taux de chômage inférieur de plus d'un point (7,1%) à la moyenne nationale. « Tout au long de son mandat, il n'a pas cessé de mouiller sa chemise sur le front économique, souffle un entrepreneur de droite du territoire, invité avec un parterre de chefs d'entreprises emblématiques du Centre Val de Loire lors de la présentation à la presse de son programme le 4 juin. François Bonneau récolte aujourd'hui les fruits de ce travail de longue haleine ». La création de 20.000 nouveaux emplois du futur (data, web, etc) lors de la prochaine mandature figure ainsi au premier rang de ses promesses de campagne. Côté écologie, le président a aussi beau jeu de renvoyer Charles Fournier dans ses cordes. Première dans l'Hexagone, la région Centre Val de Loire a lancé dès 2019 une COP sur le climat. Dans ce contexte, l'espace laissé à ses concurrents restait faible. Marc Fesneau et Nicolas Forissier, mais aussi Aleksandar Nikolic, ont eu beau tacler la manque d'attractivité de la région Centre Val de Loire, ils ont eu du mal à se faire entendre.

Si les négociations resteront compliquées à gauche, en raison des probables exigences de Charles Fournier, la partie est loin d'être simple également à droite. Nicolas Forissier, en position de force, ne devrait pas manquer d'imposer ses conditions à Marc Fesneau pour une alliance entre leurs listes au second tour. L'approche de l'élection présidentielle dans neuf mois où les Républicains verront leur candidat opposé à Emmanuel Macron et Marine Le Pen n'est guère favorable aux alliances locales entre formations concurrentes LREM et LR. A la clé, le risque de brouiller les cartes auprès d'électeurs déjà peu enclins à se rendre aux urnes. Si Aleksandar Nikolic a déjà annoncé qu'il irait seul au second tour, il compte bien pointer cette « proximité » entre droite et majorité présidentielle pour motiver ses propres troupes à aller voter le 27 juin.

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