JPMorgan, Deutsche Bank... 63 banques mises sous la pression de gestionnaires d'actifs pour sortir du charbon

Des sociétés d'investissement, qui pèsent 4.200 milliards d'actifs, exigent que les grandes banques mondiales accélèrent leurs engagements pour le climat, et notamment en annonçant avant la COP26 la fin du financement du charbon d'ici 2030. Derrière l'interpellation de ces 115 gérants d'actifs, plane le risque d'une mobilisation et d'action coup de poing lors des assemblées générales en 2022.
A titre d'exemple, dans une récente note publiée par l'association ShareAction, la Deutsche Bank est considérée comme le cinquième bailleur de fonds des combustibles fossiles en Europe.
A titre d'exemple, dans une récente note publiée par l'association ShareAction, la Deutsche Bank est considérée comme le cinquième bailleur de fonds des combustibles fossiles en Europe. (Crédits : Tyrone Siu)

JPMorgan, Deutsche Bank, Standard Chartered... 63 grandes banques de la finance mondiale sont dans le viseur de 115 sociétés d'investissement, pesant 4.200 milliards d'actifs. Ces gérants - Aviva Investors, Fidelity ou M&G - demandent aux établissements bancaires de prendre réellement la mesure de l'urgence climatique, et notamment d'arrêter le financement du charbon dès 2030 dans les pays de l'OCDE et d'ici 2040 pour les autres Etats. Ces investisseurs suggèrent même une date buttoir pour prendre position : avant la COP26, qui se déroulera en novembre 2021 en Écosse.

"Des stratégies bloquées dans les années 90"

A titre d'exemple, dans une récente note publiée par l'association ShareAction, la Deutsche Bank est considérée comme le cinquième bailleur de fonds des combustibles fossiles en Europe. Amundi et Nordea Asset Management, deux sociétés d'investissement, ont également publiquement exprimé leur inquiétude face à l'implication de la société dans le charbon thermique. Ils ont déclaré que la Deutsche Bank est le deuxième plus grand financier d'Europe pour l'extraction du charbon et le huitième plus grand financier d'Europe pour l'électricité au charbon.

Toujours selon ShareAction, une semaine avant son assemblée générale, la Deutsche Bank a publié une nouvelle stratégie ESG (critères Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance) jugée "tellement déconnectée des tendances actuelles" que les militants ont déclaré qu'il s'agissait d'un "témoignage embarrassant du fait que la compréhension de la banque en matière de durabilité est bloquée dans les années 90".

Sanctionner les gouvernances anti-climat

D'autres propositions sont également exposées dans cette lettre ouverte afin de renforcer l'engagement des banques sur le climat. Les sociétés d'investissement veulent par exemple que les banques s'opposent à la réélection des dirigeants d'établissement n'ayant pas fait preuve d'un engagement climatique suffisant lors de leur mandat.

Au-delà, la lettre appelle les établissements bancaires à s'aligner sur le scénario visant à limiter le réchauffement de la planète à 1,5 degré, ce qui a poussé déjà l'Agence internationale de l'énergie à recommander au secteur pétrolier l'arrêt de tout projet d'exploration. Sur le volet biodiversité, les investisseurs veulent que les banques s'engagent à identifier et à publier leur impact, et a se fixer à des objectifs en la matière d'ici 2024. Ce sont les fameux critères ESG qui sont ici mentionnés.

Cette requête intervient justement alors que de nombreux organes de régulation bancaire demandent aux banques et aux sociétés d'investissement de renforcer la prise en compte des risques climatiques dans leurs stratégies et objectifs. Car derrière leur impact potentiellement négatif sur le climat, ces actifs représentent aussi une menace pour la stabilité du système bancaire, comme le mentionnait récemment l'autorité bancaire européenne.

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En Suisse, le gendarme des marchés financiers a renforcé les exigences à l'égard des grandes banques et assurances qui devront communiquer sur les risques climatiques à compter du 1er juillet. Les informations attendues devront être "qualitatives et quantitatives dans ce domaine".

Mobilisation des actionnaires et action coup de poing des fonds activistes


Derrière l'interpellation des 115 gérants d'actifs, il plane une menace de mobilisation et d'action coup de poing. "Les investisseurs veulent des mesures concrètes maintenant et les banques qui échoueront à répondre peuvent s'attendre à faire face à de sérieux défis lors des prochaines assemblées générales", prévient Jeanne Martin de l'ONG ShareAction.

C'est ce qui s'est passé déjà en mai quand les actionnaires d'ExxonMobil et de Chevron ont voté pour les forcer à lutter plus énergiquement contre le changement climatique. Un fonds activiste sur le sujet a même réussi à être représenté au conseil d'administration d'Exxon. Les sociétés d'investissement attendent une réponse d'ici le 15 août, y compris les étapes prévues à court terme pour répondre aux différents défis.

Au delà de l'action des banques, d'autres barrières doivent être supprimées afin d'accélérer la fin du financement des énergies fossiles. Par exemple, le traité international portant sur la charte de l'énergie (TCE), signé par 53 pays, protège environ 345 milliards d'actifs carbonés. Les discussions pour la modernisation de cet accord étant au point mort, l'Union européenne envisage de sortir de cette charte, qui menace la transition écologique.

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(avec AFP)

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Commentaires 4
à écrit le 08/07/2021 à 9:39
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Nous sommes en 2021 et c'est le charbon qui est la source d'énergie principale au monde. Bravo la classe dirigeante !

à écrit le 07/07/2021 à 23:01
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Quand on dit que les lobbies dirigent le monde on nous traitent de complotismes ..

à écrit le 07/07/2021 à 13:49
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la Deutsche Banque, était au bord du gouffre, dans ce milieu c'est comme la mafia, Mais certaines banques françaises font la même chose.... C'est les gouvernements qui sont fautifs

le 07/07/2021 à 16:51
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en quoi les gouvernement sont fautifs ? les banques sont privées et a partir du moment ou elles respectent la loi, le gouvernement n a rien a y dire. Sinon c est bien joli de dire qu il faut moins de CO2. Mais il faut etre clair, ca va impacter tout ...

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