Faire grandir l'Assurtech française, nouveau défi de l'incubateur Le Swave

L’incubateur dédié aux startups de la finance à La Défense lance son deuxième appel à projets en vue d’accueillir une vingtaine de jeunes pousses en plus des 23 actuellement hébergées. Le responsable du Swave, Edouard Plus, dresse un premier bilan et dévoile les priorités de cette structure soutenue par de grands acteurs du privé, de la Société Générale à AG2R La Mondiale.
Delphine Cuny
Situé dans la Grande Arche de La Défense, le Swave est piloté par l'agence de développement Paris & Co et soutenu par plusieurs partenaires privés, dont la Société Générale, Mastercard, AG2R et Casino.
Situé dans la Grande Arche de La Défense, le Swave est piloté par l'agence de développement Paris & Co et soutenu par plusieurs partenaires privés, dont la Société Générale, Mastercard, AG2R et Casino. (Crédits : Reuters//Gonzalo Fuentes)

En mars dernier, deux ministres avaient fait le déplacement pour son inauguration, Bruno Le Maire, celui de l'Économie et des Finances, et le secrétaire d'État au Numérique, Mounir Mahjoubi. Ce mardi 18 septembre, c'est au ministère, à Bercy, que le Swave, le premier incubateur de jeunes pousses de la finance, piloté par l'agence de développement Paris & Co, lance son deuxième appel à projets, sa « deuxième campagne de recrutement de startups » : une vingtaine rejoindront en janvier prochain les 23 Fintech déjà hébergées dans ses locaux de La Défense, dans la Grande Arche.

« Le premier bilan que nous pouvons tirer de cette toute première année est un certain succès, qui se mesure par exemple aux progrès de la startup Xaalys, qui n'était qu'une idée à son arrivée, et va sortir son application d'éducation financière en octobre (en bêta privée), ou à ceux de Pledg, qui a conquis 15 clients et prépare sa première levée de fonds de série A pour le début de l'année prochaine » nous confie Edouard Plus, le responsable du Swave.

Les startups sont incubées pour 12 mois dans ce programme, renouvelable deux fois. Les contrats arrivent à échéance fin janvier : « Aucune startup ne veut partir pour le moment et nous en sommes très fiers ! », se félicite Édouard Plus.

Après la néofinance, la cybersécurité, l'intelligence artificielle et la finance de demain pour la saison précédente, l'une des thématiques prioritaires de ce nouvel appel à projets, qui sera ouvert jusqu'au 9 novembre, est la transformation de l'assurance, alors qu'AG2R La Mondiale a rejoint en mars dernier le rang des partenaires de l'incubateur.

« Nous avons décidé de consacrer un volet spécifique à l'Insurtech, dont l'écosystème est encore embryonnaire et sous-dimensionné par rapport à la taille du marché », explique le directeur du Swave.

L'intérêt pour l'Assurtech s'est accru ces derniers mois, comme en témoignent la levée de fonds de 23 millions d'euros de la startup Alan (assurance santé en ligne) en avril ou la création au printemps d'un accélérateur pour les jeunes pousses de l'Assurtech à Niort à l'initiative de plusieurs grandes mutuelles. Plusieurs grands acteurs du secteur ont leur tour à La Défense, à l'image d'Axa et d'Allianz France.

Lire aussi : French Assurtech : un accélérateur pour l'assurance de demain à Niort

Diversité, Brexit et collaboration

Les autres thèmes sont la finance comportementale et la connaissance client (KYC), l'expérience client (interface, design) et la finance inclusive au sens large (responsable et durable). En matière d'inclusion justement, l'incubateur a prévu de mettre en place une bourse dédiée à la diversité, dans le but de soutenir quatre projets fondés par des femmes ou des entrepreneurs issus de quartiers prioritaires dits "Politique de la ville", qui bénéficieront d'un an de loyer et de charges gratuit. Le manque de diversité, déjà patent dans le monde de la French Tech, est particulièrement criant dans la Fintech, où le profil type du fondateur est plutôt un homme, de plus de 40 ans, CSP+.

Le Swave souhaite aussi s'ouvrir davantage aux startups étrangères et attirer les talents : l'incubateur a travaillé avec la Région Île-de-France afin de mettre en place une procédure simplifiée, un "package international" visant à faciliter leur implantation en région parisienne (titres de séjour, French Tech Visa). Un enjeu non négligeable dans le contexte du Brexit.

« L'arrivée prochaine de l'Autorité bancaire européenne à La Défense  est une excellente nouvelle, puisque notre idée est de créer tout un écosystème autour de ce quartier. Nous verrons s'il est possible de trouver des moyens de coopérer, c'est dans ma feuille de route personnelle » indique par ailleurs Edouard Plus.

L'assureur américain Chubb a également annoncé cet été son intention de domicilier son siège européen post-Brexit à la Défense. Une dynamique favorable à la place française. Si les startups tricolores ont levé un record de plus de 200 millions d'euros depuis le début de l'année, l'Hexagone ne compte encore aucune "licorne", valorisée plus d'un milliard de dollars, dans le secteur.

Le premier partenaire du Swave, le groupe Société Générale, vient de recruter une spécialiste et chantre de la Fintech, Claire Calmejane, comme directrice de l'innovation, auparavant chez Lloyds Banking à Londres. Cette bonne connaisseuse du secteur invite à se garder des comparaisons systématiques avec les Fintech d'outre-Manche.

« L'écosystème britannique a commencé plus tôt, il compte plus d'une licorne, la dernière en date étant Oak North, valorisée 2,3 milliards de dollars. L'enseignement que l'on peut tirer de l'exemple britannique est l'importance de la dynamique de collaboration dans cet écosystème, entre le régulateur, le venture-capital, les grandes banques et les Fintech. Je suis convaincue que l'innovation ne marche qu'à travers la collaboration », confie celle qui faisait partie du Fintech Delivery Panel, un comité d'experts de place.

« Société Générale réalise depuis quelques années des investissements conséquents dans l'écosystème français, qui est en train de décoller. Il est pour nous essentiel de faire partie de cet écosystème, tout comme des autres écosystèmes européens », insiste-t-elle.

Delphine Cuny

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Commentaire 1
à écrit le 18/09/2018 à 11:49
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Et encore un machin tech. Dès que dans un secteur on crée une vague application Androïd ou IOs il se trouve toujours quelqu'un pour se pâmer d'admiration... Y'a vraiment pas de quoi.

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