Le Qatar ne "rachète" pas que la France

Les spectaculaires opérations financières effectuées par l'émirat ces dernières semaines dans le capital de grandes entreprises tricolores ne doivent pas faire oublier que la Grande Bretagne est de loin sa principale cible en Europe.

Non, la France n'est pas forcément « the (only) place to be » pour le Qatar, contrairement à ce que pourraient laisser supposer les récents investissements du petit mais richissime émirat gazier. Certes, depuis le début de l'année, il multiplie les entrées ou les renforcements au capital de grandes entreprises françaises. Dernière cible en date : le groupe de médias Vivendi, dont l'émirat est désormais actionnaire à hauteur de 2%. Avant, il y avait eu Lagardère, Total, LVMH, le PSG...

Les principaux investissements du Qatar en Europe

Illustration : LaTribune.fr


85 milliards de dollars d'actifs gérés

Mais le Qatar n'a pas d'yeux que pour l'Hexagone. Le Royaume-Uni l'intéresse plus encore. A tel point que, le 13 mars, le journal Daily Mail n'hésitait pas à titrer : « Comment le Qatar rachète le Royaume-Uni. » Quelques semaines auparavant, une rumeur bruissait, selon laquelle Qatar Investment Authority (QIA), le fonds souverain du Qatar, qui gère 85 milliards de dollars d'actifs, s'apprêtait à effectuer une nouvelle incursion dans l'immobilier britannique, en rachetant les bureaux londoniens de la banque Credit Suisse.

Le Qatar, propriétaire de Harrods

De fait, un petit tour de Londres permet de mesurer l'intérêt de l'émirat pour le royaume de sa Gracieuse Majesté. Prenez le célèbre grand magasin Harrods, passage obligé pour les touristes. Vous pensez qu'il appartient toujours à Mohamed al-Fayed ? Erreur ! Le Qatar l'a racheté en 2010. Un « plein » à faire ? Vous voilà chez Sainsbury, ou, plus exactement, chez l'émir du Qatar lui-même, le cheikh Hamad ben Khalifa Al Thani, puisque sa famille détient 26% du groupe de grande distribution, au travers de sa société d'investissement Delta Two. Besoin de retirer de l'argent ? Vous avisez le distributeur d'une agence Barclays. Qui se cache derrière la banque britannique ? Le Qatar, toujours lui, propriétaire de 6,7% du capital.

Le Royaume-Uni, première cible des acquisitions du Qatar

Cette liste est loin d'être exhaustive, le Qatar détenant également 20% du London Stock Exchange, la Bourse de Londres, ainsi que de nombreux immeubles londoniens comme The Shard, qui deviendra la plus haute tour d'Europe, une fois sa construction achevée, en juin, avant les Jeux Olympiques de Londres. En parlant des JO, le Village Olympique de la capitale britannique appartient...au Qatar. Conséquence, c'est le Royaume-Uni qui concentre la plus importante part des 72 milliards de dollars d'acquisitions réalisées dans le monde par le Qatar, au cours des cinq dernières années, selon le cabinet Dealogic. D'accord, la chute de la livre sterling face au dollar a été pour beaucoup dans l'attrait exercé par le « UK » sur l'émirat, ces dernières années. Mais le Qatar, ancienne colonie britannique, entretient également un lien diplomatique particulier et étroit avec le Royaume-Uni.

L'Allemagne bien placée

Plus globalement, l'Europe tout entière représente une terre d'investissements privilégiée pour le Qatar. L'Allemagne est en effet la deuxième cible des acquisitions effectuées par l'émirat à l'échelle mondiale, depuis 2006, la Chine n'arrivant qu'en troisième position, d'après Dealogic. Le Qatar est présent au capital des constructeurs automobiles Porsche et Volskwagen, et figure aussi parmi les actionnaires du groupe de BTP Hochtief.

Des opportunités d'investissement en Europe

Si l'Europe intéresse tant l'émirat gazier, c'est parce qu'elle présente des opportunités d'investissement, de diversification de portefeuille, surtout après la crise des dettes souveraines, avec un indice Dow Jones Euro Stoxx 50 qui se paie moins de 10 fois les bénéfices estimés pour 2012, contre un multiple de 13,4 pour le S&P 500 américain, selon les données de l'agence Bloomberg. Or, des investissements à l'étranger, le Qatar a besoin d'en faire afin d'éviter l'inflation que risquerait de provoquer la réinjection en totalité, dans sa propre économie, des milliards de dollars issus de la vente de gaz. Sans compter que ses investissements en Europe servent également la stratégie politique du Qatar, qui souhaite accroître son influence sur la scène internationale.

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Commentaires 3
à écrit le 23/10/2012 à 10:58
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La seule différence c'est que la France, contrairement au Qatar, ne finance pas des groupes islamistes radicaux ! le sourire par devant, l'épée par derrière !

le 04/04/2013 à 22:32
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Et les islamistes en libye et en syrie, ils ont été financés par qui à votre avis?

à écrit le 29/03/2012 à 7:21
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Qd les autres pays investissent en France, on dit que la France est "achetée" par ce pays. Qd la France investit dans d'autres pays, dira t on que la France acheterait ces pays? Soyons un peu logique, ca ne fera pas de mal.

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