Procès Kerviel : "Mes anciens collègues sont tous devenus amnésiques"

La cinquième journée du procès en appel de Jérôme Kerviel a commencé ce mercredi 13 juin. La présidente de la Cour, qui n'a jusque là pas ménagé l'ancien trader, condamné le 5 octobre 2010 à cinq ans de prison, dont trois fermes, ainsi qu'à 4,9 milliards d'euros de dommages et intérêts, entend aujourd'hui les premiers témoins.
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Jérome Kerviel est sous le coup de trois chefs d'accusation : abus de confiance, introduction frauduleuse de données dans un système de traitement automatisé, faux et usage de faux. Son procès en appel a commencé lundi 4 juin. Suivez en direct la cinquième journée d'audience couverte par notre journaliste Christine Lejoux. Retrouvez le compte-rendu de la première journée d'audience, le compte-rendu de la deuxième journée d'audience, le compte-rendu de la troisième journée d'audience et le compte-rendu de la quatrième journée d'audience.

Mercredi 13 juin

9h "Mes anciens collègues sont tous devenus amnésiques"

A l'ouverture de cette cinquième journée d'audience, MireilleFilippini, la présidente de la cour d'appel, annonce que Philippe Baboulin, l'ancien responsable N+3, qui devait être entendu aujourd'hui comme témoin, ne peut pas venir aujourd'hui mais viendra le mercredi 20 juin. Elle indique ensuite que la cour abordera aujourd'hui les positions prises par Jérôme Kerviel sur les marchés en 2008.
Mireille Filippini : début janvier, vous prenez des positions acheteuses sur les indices européens, pour un montant de 48 milliards d'euros, anticipant une hausse du marché, alors que celui-ci baissait. Pourquoi preniez-vous des positions aussi importantes inverses du marché ?
Jérôme Kerviel : parce que janvier est traditionnellement haussier sur les marchés et que les stratégistes de la banque disaient que le marché allait monter.
Le marché est-il remonté ?
Non, il a continué à baisser en janvier.
Et de façon assez catastrophique ! Donc, vos études n'étaient pas très bonnes !
Je me suis trompé...
Il faut être assez sûr de soi pour engager de pareilles sommes dans un marc hé aussi baissier !Le 18 janvier, à la clôture des marchés, vous aviez deux milliards de pertes latentes. Pourquoi avez-vous continué à prendre des positions, pour 3 milliards d'euros ? 3 milliards, c'est pas mal !
J'étais totalement dans un engrenage. Le comportement de ma hiérarchie, à moins de 10 ou 5 mètres de moi, me voyait prendre mes positions chaque jour, en m'entendant dire au téléphone « achète vente 5000. »
Vos collègues ont entendu cela mais pensaient que vous spieliez intraday (positions couvertes prises sur une seule journée) et non que vous preniez des positions ouvertes sur plusieurs jours.
Ils sont tous devenus amnésiques. Tout le monde savait ce que je faisais
Si , en janvier 2008,vous aviez gagné à nouveau un milliard d'euros (comme en 2007), qu'auriez-vous fait de ce gain ?
Je ne me posais pas la question. J'étais dans une spirale.
Pourquoi êtes-vous allée au-delà de l'objectif de l'objection de 10 millions d'euros de résultat qui vous avait été fixé pour 2007 ?
Dans une salle de marchés, on est là pour faire le maximum d'argent. Sinon, en juin 2007, je m'arrêtais, une fois mon objectif de 10 millions atteint, et je partais en vacances. Mes supérieurs m'engageaient à en faire toujours plus, en me complimentant d'être une bonne gagneuse.
Mais pourquoi vous pourrir la vie en dépassant votre objectif ?
Je n'avais l'impression de me pourrir la vie, je faisais mon métier, couvert par mes supérieurs, poussé en cela par eux. L'encouragement et la pression de mes supérieurs ne m'ont pas freiné, au contraire. Mes supérieurs ont tout vu, ont tout su, je le maintiens.
Leur reprochez-vous de ne pas vous avoir arrêté ?
Oui. J'étais dans un engrenage. Il était difficile pour moi d'arrêter et je ne mesurais pas la portée de ce que je faisais.

 

Et retrouvez notre dossier spécial sur l'affaire Kerviel, les analyses de Valérie Segond et de François Lenglet après le verdict de 2010, ce que sont devenus les protagonistes de l'affaire, les plaintes déposées par Me David Koubbi (avocat de Jérôme Kerviel) et par Me Jean Veil (avocat de Société Générale), le témoignage de l'ancienne conseillère en communication de Jérôme Kerviel, et le contexte politique dans lequel s'inscrit le procès.

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Commentaire 1
à écrit le 13/06/2012 à 11:18
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16 eme sicav 2012 prix de l innovation financiere ( en bandeau plus haut 1) kerviel peut il participer ????

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