Laurence Parisot fait la leçon au capital-investissement

Lors de la conférence annuelle de l'Afic (association française des investisseurs pour la croissance), ce mercredi, la présidente sortante du Medef a exhorté les fonds de capital-investissement à faire davantage de pédagogie sur leur métier, auprès des pouvoirs publics. Et, surtout, à se montrer « raisonnables » dans leurs exigences de rendement.
"Si vous voulez être mieux compris du grand public, du monde politique et des entreprises, vous devez avoir des demandes de rendements raisonnables », a lancé Laurence Parisot aux fonds de capital-investissement, lors de la conférence annuelle de l'Afic, le 17 avril 2013. Copyright Reuters

Les difficultés du capital-investissement français, dont les ressources financières s?étiolent, Laurence Parisot les entend. Mais cela n?a pas empêché la présidente sortante du Medef de mettre le private equity face à ses responsabilités, lors de la conférence annuelle de l?Afic (association française des investisseurs pour la croissance), qui se déroulait ce mercredi. Le capital-investissement veut convaincre les pouvoirs publics d?orienter davantage l?épargne financière des Français dans sa direction ? Eh bien, qu?il commence par mieux expliquer son métier, souvent assimilé à celui des « hedge funds » (fonds spéculatifs).
« Ces dernières années, les Français ont un peu mieux compris l?économie. Mais pas la finance. Votre modèle, encore peu connu, inquiète. Vous devez donc faire des efforts de pédagogie, à l?égard du grand public, du monde politique et des entreprises elles-mêmes », a lancé Laurence Parisot aux fonds de capital-investissement réunis au Palais Brongniart, l?ancien temple de la Bourse de Paris.

« Des financiers qui prennent la substance d?une entreprise »

De fait, il y a tout juste un an, François Hollande lui-même avait déclaré, lors d?une visite à l?usine de chariots-élévateurs Still-Saxby - propriété du fonds de private equity américain KKR - qu?il souhaitait remettre à plat la technique du LBO (Leverage Buy-Out : acquisition par endettement). Et ce, afin de la réserver exclusivement aux salariés et aux cadres d?une société, « et non à des financiers qui viennent prendre la substance d?une entreprise et la vendre après. » Certes, du chemin a été parcouru depuis. « Nous avons réussi à faire comprendre que notre métier ne consiste pas à dépecer des entreprises », estimait ainsi, le 10 avril dernier, Louis Godron, président de l?Afic, au vu des rapports Gallois, Berger-Lefebvre et Beylat-Tambourin, qui recommandent au gouvernement de mieux orienter l?épargne financière des ménages vers le capital-investissement.

Formuler des exigences de rendements raisonnables

« Vous avez fait des efforts de pédagogie, je le reconnais, mais il faut aller plus loin », insiste de son côté Laurence Parisot. Pour la future ex-patronne des patrons, les fonds de capital-investissement doivent notamment lever le pied sur les taux de rendement qu?ils exigent de leurs investissements dans les PME. « S?il vous plaît, soyez raisonnables. Si vous voulez être mieux compris, vous devez avoir des demandes de rendements jouables », a martelé Laurence Parisot. Il est vrai que le capital-investissement français est l?un des plus rentables d?Europe, en particulier sur le segment des LBO, qui affichait en France un TRI (taux de rendement interne) de 14,6%, fin 2011, contre une moyenne de 11,4% en Europe, selon l'Afic.

Des investissements en chute de près de 38%

Mais, si Laurence Parisot pousse le capital-investissement dans ses retranchements, c?est pour que ce dernier persuade le gouvernement de lui donner les moyens de continuer à financer l?économie française. « Nous avons drôlement besoin de vous », reconnaît la présidente du Medef. Bon an mal an, le private equity français comble en effet 7% des besoins en financement des PME, alors que la Bourse y répond à hauteur de 1% seulement. Or, leurs réserves se tarissant, les fonds de capital-investissement ont limité leurs apports aux entreprises à 6 milliards d?euros en 2012, soit une chute de près de 38%.

 

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Commentaires 5
à écrit le 18/04/2013 à 15:05
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Bon 14,6% ok c'est pas mal mais si le banquier ne veut pas prendre le risque, qu'il reste avec ses prêts à l'immobilier. rapport 1/4

à écrit le 17/04/2013 à 19:54
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Ma. Boîte à subi 2 LBO ... Nous sommes contrôle par un fond de pension américain ... Nous étions 4000 salariés aujourd hui 1700 ... Donc super productivité par salarié ... Une marge délirante .. Boîte profitable mais endettement tellement avec les LB...

à écrit le 17/04/2013 à 17:48
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C'est le monde à l'envers. Je m'étais permis début 2010 devant un déjeuner réunissant des anciens d'une grande école de management à laquelle assistait le DG de l'AFIC (un ancien aussi) de critiquer sévèrement les fonds d'investissement, estimant qu'...

le 17/04/2013 à 18:34
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pas faux comme raisonnement, je me suis souvent fait le même..au sujet des LBO délirant...sauf que, en pratique , il ne représentent pas grand chose en vrai..les opérations à plus de 100 millions - les seules cibles"dépeçables "" se comptent sur les...

le 17/04/2013 à 18:56
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Le capital investissement est utile à la marge, les business angels, le capitalisme familial ou de proximité direct, le capital actionnarial salarié, les fonds d'investissements sous contrôle public ou semi public du type CDC ou OSEO, sont largement...

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