Brex, la fintech de la carte de crédit, triple sa valorisation en deux ans à 7,4 milliards de dollars

La fintech propose une carte de crédit professionnelle aux startups sur la base de critères plus adaptés à ceux pratiqués par les banques. Fort du succès de cette approche, Brex élargit son champ d’action aux PME et vise un agrément bancaire.
La start-up Brex, valorisée plus de 7 milliards de dollars, vise un agrément bancaire.
La start-up Brex, valorisée plus de 7 milliards de dollars, vise un agrément bancaire. (Crédits : DR)

Une nouvelle levée de fonds, d'un montant de 425 millions de dollars, vient de valoriser la fintech américaine Brex à 7,4 milliards de dollars. Soit une valorisation multipliée par trois en deux ans. Ce nouveau tour de table vise, selon le co-dirigeant de la start-up, Henrique Dubugras, « à poursuivre notre croissance et à développer notre solution de tout-en-un pour les entreprises ». En clair, la société souhaite élargir son offre de cartes à une plateforme de services de financement et de gestion des dépenses « tout en un » pour les entreprises.

Peu connue du grand public, la fintech s'est lancée en 2017 sur un segment très particulier, celui des startups financées par le capital-risque. Dans l'univers des fintechs, l'idée de départ est souvent la même : profiter d'une faiblesse de l'offre des acteurs traditionnels pour combler un vide, en utilisant les nouvelles technologies pour offrir le meilleur parcours client possible. Et si les start-ups peuvent lever aisément des fonds aux Etats-Unis, elles sont toujours confrontées à la défiance des banques qui hésitent à leur proposer des moyens de paiement, comme la carte de crédit professionnelle.

Disruption sur des produits simples

Les jeunes pousses ne passent pas, en général, pas les filtres traditionnels des banques, comme le scoring des bureaux de crédit. Pour contourner cet obstacle, Brex dispose des critères d'octroi plus adaptés aux startups, comme le montant des capitaux levés ou la réputation des investisseurs au capital. Avec, en bout de course, une réponse à la demande en quelques minutes.

Le principe est simple : si la société a du cash, elle obtient sa carte. Voilà comment une fintech arrive à faire de la disruption avec un produit aussi basique qu'une carte de crédit ! Brex a su enrichir sa carte avec des services ciblés, comme la location de bureaux ou des promotions chez Amazon ou des éditeurs de logiciels.

Fort de son succès, Brex a décidé en 2019 d'élargir son champ d'actions aux PME, voire aux grandes entreprises. L'approche marketing repose sur l'identification de besoins par ligne de métiers ou d'activité et l'ajout de nouveaux services de gestion de trésorerie. La nouvelle plateforme offre ainsi un logiciel de gestion des dépenses et de paiement des factures sur un même tableau de bord, et ce pour 49 dollars par mois. Et cela fonctionne.

Brex affirme attirer chaque mois des milliers de nouveaux clients, pour moitié des startups, avec une progression de 80% sur le premier trimestre 2021. En pleine période de Covid-19, de mars 2020 à mars 2021, la fintech a également doublé ses revenus et ses volumes de transactions. Et ce malgré sa réduction des plafonds de crédit pour éviter une trop forte exposition au risque de défaut. La start-up compte désormais aller plus loin dans son offre : elle a en effet déposé une demande d'agrément bancaire auprès de la FDIC, afin d'accueillir des dépôts, sans passer par un partenaire bancaire.

Un marché des pros en ébullition

Cette nouvelle levée de fonds intervient sur un marché de la carte de crédit professionnelle en ébullition. C'est le cas notamment de Ramp, une autre fintech spécialisée dans la carte de crédit aux entreprises, créée il y a à peine deux ans, et qui vient d'ailleurs de boucler une nouvelle levée de fonds de 115 millions de dollars (soit 320 millions de dollars depuis la création), valorisant la toute jeune société à... 1,4 milliard de dollars ! Finalement, Ramp reprend pour les entreprises le concept de coach financier, largement popularisé auprès de la clientèle des particuliers, et les aide à gérer leurs dépenses professionnelles et surtout à identifier les dépenses inutiles.

A l'instar de Brex, la carte de crédit de Ramp a été conçue pour les sociétés à forte croissance, sans garantie personnelle, avec un cash back (ristourne) illimité de 1,5%. Enfin, Ramp propose des promotions spécifiques auprès de partenaires pour aider ses clients à faire des économies. Sur les six derniers mois, le volume de transactions a bondi de 400% et environ un tiers des clients de Ramp viennent d'American Express, le leader mondial de la carte professionnelle.

Contre offensive des banques en France

En France, les fintechs comme Shine ou Qonto, se sont attaquées au marché délaissé par les banques de détail des travailleurs indépendants, des startups et des très petites entreprises (TPE). La start-up Qonto a réussi ainsi à séduire plus de 150.000 clients en trois ans, avec l'ambition de devenir leader dans les services d'aide à la gestion financière. De son côté Shine, qui revendique 100.000 clients, multiplie les services (aide à la création d'entreprise, gestion des retards de paiement, assurances) et tend vers une offre globale de services, depuis une application mobile.

Face à ces innovations, les banques n'ont pas tardé à réagir. Société Générale a ainsi racheté l'été dernier Shine, qui peut désormais proposer des financements en ligne aux indépendants et professionnels. Le groupe Crédit Agricole a lancé l'an dernier sa néobanque pour les professionnels, baptisée Blank, avec un socle de services bancaires de base et une application mobile.

Enfin, les banques en ligne pour les particuliers commencent à se diversifier sur le marché des professionnels, avec des offres en ligne, comme N26, ou Orange Bank qui a racheté la start-up Anytime. Enfin, Hello Bank !, la banque en ligne de BNP Paribas, s'apprête également à lancer une offre pour les professionnels dans les prochains jours.

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