Evergrande : les retombées sont maîtrisables, estime la banque centrale chinoise

Alors que la saga d'Evergrande dure depuis plus d'un mois, Pékin sort de son silence et estime que le risque de répercussions des difficultés financières du géant sur le système bancaire chinois est "gérable". Le groupe fait face à des échéances d'une dette évaluée à 260 milliards d'euros.
Malgré une tempête sur les marchés financiers en septembre, Pékin n'a toujours pas dit s'il se porterait ou non au secours de l'entreprise au bord de la faillite.
Malgré une tempête sur les marchés financiers en septembre, Pékin n'a toujours pas dit s'il se porterait ou non au secours de l'entreprise au bord de la faillite. (Crédits : Bobby Yip)

Alors que le sort d'Evergrande inquiète depuis un mois, Pékin tente de rassurer les marchés financiers. La banque centrale chinoise, jusqu'ici muette, a en effet estimé vendredi que la situation était certes délicate, mais "gérable". Ainsi, le système financier du pays ne devrait pas souffrir de la situation du géant de l'immobilier.

L'un des plus gros promoteurs de Chine se débat en effet face à des échéances de remboursement d'une dette colossale, évaluée à 260 milliards d'euros, dont la moitié due à des fournisseurs ou sous la forme d'avances sur livraison d'appartements, qui menace par effet de domino le reste de l'économie. Mais, malgré une tempête sur les marchés financiers en septembre, Pékin n'a toujours pas dit s'il se porterait ou non au secours de l'entreprise au bord de la faillite. Toutefois, les autorités "pressent Evergrande d'accroître ses efforts pour céder des actifs et accélérer la reprise des chantiers", a indiqué un haut responsable de la banque centrale, Zou Lan, lors d'un point de presse. Elles "mènent un travail d'assainissement et de résolution des risques conformément aux règles de droit et du marché", a ajouté M. Zou.

Manque de stratégie dans la diversification de ses activités

Récemment, plusieurs sous-traitants et fournisseurs s'étaient plaints de ne pas être payés. Certains ont porté leurs affaires en justice, tandis que des chantiers ont été mis à l'arrêt. Il faut dire qu'Evergrande s'est lancé ces dernières années dans une diversification tout azimuts, qui "a été très mal géré[e]", et a abouti à "une explosion des risques", a fustigé M. Zou. Outre l'immobilier, la firme a en effet investi dans le tourisme, le numérique, les assurances, la santé... mais aussi la voiture électrique. Fondée en 2019, Evergrande Auto avait ainsi pour ambition de révolutionner le secteur et de rivaliser avec l'américain Tesla, mais n'a pour l'heure commercialisé aucun véhicule. Le géant est également connu en Chine pour son club de football: le Guangzhou FC (ex-Guangzhou Evergrande), entraîné un temps par le champion du monde italien Fabio Cannavaro.

Or, le mois dernier, Evergrande avait reconnu qu'il ne pourrait peut-être pas honorer tous ses engagements. Face à cela, des dizaines de propriétaires spoliés et de fournisseurs non payés avaient manifesté devant le siège d'Evergrande à Shenzhen (sud de la Chine).

Déjà fin septembre, le groupe a été dans l'incapacité d'honorer des remboursements d'emprunts, totalisant 131 millions de dollars (113 millions d'euros). Et ce mois-ci, Evergrande n'a pu honorer un troisième prêt d'un montant de 148 millions de dollars (127 millions d'euros). Le groupe dispose d'un délai de grâce de 30 jours pour chaque emprunt. La date butoir du premier paiement tombe le 23 octobre. Mais Evergrande est loin d'être sorti d'affaire puisqu'il devra encore rembourser à ses créanciers quelque 28 millions d'euros supplémentaires avant fin octobre.

Le secteur de l'immobilier fragilisé

Le géant n'est pas le seul à être dans une situation délicate. Un autre promoteur menace de s'effondrer. Il s'agit du groupe Fantasia Holdings qui totalise 205,7 millions de dollars (177 millions d'euros) d'impayés, d'après les informations annoncées le 4 octobre. Et pour cause, le secteur immobilier a longtemps été l'une des locomotives de l'économie chinoise avec la construction de millions de logements, mais face au gonflement de la dette de l'ensemble du secteur, les régulateurs ont imposé "trois lignes rouges", des ratios prudentiels qui visent à réduire le recours à l'emprunt des promoteurs.

Les plus fragilisés peinent depuis à maintenir à flot leurs activités, alors que les ventes et prix dans l'immobilier ont fortement ralenti ces derniers mois.

(Avec AFP)

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Commentaires 2
à écrit le 20/10/2021 à 22:46
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Comment avec un tel patrimoine immobilier qui représente un tel capital ont ne peu pas rebondir et être actif financièrement super simple pourtant

à écrit le 16/10/2021 à 11:39
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Et même si elles ne le sont pas elles le seront quand même, c'est l'avantage de cette imposture néolibérale mondialisée aucun oligarque n'ira mettre le nez dans les finances chinoises.

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