Fintech : Qonto rafle la mise pour sa cinquième levée de fonds et devient la plus grosse licorne française

Après des levées de fonds record en 2021, le secteur de la fintech continue d’attirer massivement les capitaux. Qonto, spécialisée sur les TPE et les indépendants, vient ainsi de boucler un nouveau tour de table de 486 millions d’euros, un montant bien supérieur à ce qui était prévu initialement. La startup, lancée en 2017 et qui vise un million de clients en 2025, est désormais valorisée 4,4 milliards d’euros. Elle devient la plus grosse licorne française.
Les cofondateurs de Qonto, Steve Anavi et Alexandre Prot, visent le million de clients d'ici 2025.
Les cofondateurs de Qonto, Steve Anavi et Alexandre Prot, visent le million de clients d'ici 2025. (Crédits : DR)

La fintech française débute l'année en fanfare. La société de paiement et de services financiers pour les TPE Qonto vient en effet de boucler une nouvelle levée de fonds d'un montant de 486 millions d'euros (série D, cinquième levée de fonds), qui porte sa valorisation à 4,4 milliards d'euros. La néobanque devient ainsi la plus grosse licorne française (ces jeunes entreprises non cotée en Bourse et valorisée à plus d'un milliard de dollars).

Un montant levé sans précédent dans l'écosystème de la Fintech en France, et bien supérieur au montant initialement prévu par la startup. La dernière levée de fonds, d'un montant de 104 millions d'euros, remonte en janvier 2020, avec l'entrée remarquée au capital du Chinois Tencent.

Cette opération confirme la belle santé du secteur en France, qui a drainé l'an dernier le montant record de 2,6 milliards d'euros (contre 740 millions en 2020), selon l'Observatoire de la Fintech, essentiellement pour consolider leur marché domestique. Ce qui pose au passage la question de la valorisation du secteur, boosté par cet afflux de capitaux. Reste que la croissance des fintechs est toujours à deux chiffres et que la conquête de nouveaux marchés européens offre de belles perspectives. Pour l'heure, rares cependant sont les fintechs à avoir réussi leur pari international.

Cap sur les marchés européens

Deux nouveaux investisseurs de poids entrent au capital de Qonto, le fonds américain Tiger Global, très actif en France, et le fonds TCV, également américain, un géant du capital investissement dans la Tech, très présent dans le monde des fintechs (Revolut, Klarna...), aux côtés de huit autres nouveaux investisseurs et des investisseurs historiques et actuels.

« Notre ambition est d'avoir d'un million de clients TPE/PME d'ici 2025, contre 220.000 clients actuellement », résume Alexandre Prot, cofondateur et PDG de Qonto. L'essentiel du montant levé sera d'ailleurs consacré à l'expansion européenne de la société, présente actuellement, hormis la France, dans trois pays, Allemagne, Italie et Espagne.

« Nous comptons investir 100 millions d'euros dans chacun de ces pays », précise Alexandre Prot. Le solde permettra d'étoffer la gamme de services, notamment le paiement instantané qui sera lancé dans les prochains jours, mais surtout de financer un ambitieux plan de recrutement, qui verra les effectifs de la fintech passer de 500 salariés à 2.000 d'ici quatre ans.

Rentabilité d'ici 2024

Grandir vite donc, mais aussi dans un souci de rentabilité. « Nos clients deviennent rentables au bout d'un an », souligne le dirigeant. Selon le business plan, Qonto vise la rentabilité de ses activités en France d'ici 2023 et une rentabilité globale d'ici la fin 2024. La société tire « la majorité » de ses revenus de ses différentes formules d'abonnement sans engagement, dont la moins chère est de 9 euros par mois, un prix inchangé depuis 2017. La startup a affiché 27 millions d'euros en pertes en 2020 pour un chiffre d'affaires de 20 millions. Le prix de la croissance sans doute alors que le nombre de clients a triplé en deux ans.

L'histoire de Qonto est presque banale dans l'univers de la fintech. La startup créée en 2017, cherche, comme bien d'autres, à capitaliser sur la déception face aux services bancaires traditionnels. « Nous avons créé le service que nous rêvions d'avoir auprès de notre banque lorsque nous nous sommes lancés dans l'entrepreneuriat », rappelle en substance Alexandre Prot.

Une concurrence qui s'organise

D'où la promesse d'un service fluide, transparent, avec des fonctions de devis, de factures et de gestion de notes de frais. Une promesse qui séduit particulièrement les créateurs d'entreprise, soucieux de s'alléger au maximum des contraintes bancaires (ouverture de compte...) et de gestion courante. Plus de 40.000 clients de Qonto ont ainsi ouvert leur premier compte professionnel auprès de la fintech. Ce positionnement est d'autant plus opportun que la création d'entreprise est en plein boom en France (plus d'un million en 2020, en hausse de 30%).

Les néobanques, comme N26, tentent d'ailleurs de prendre pied sur le créneau des professionnels ou autoentrepreneurs, avec plus ou moins de bonheur (Boursorama a notamment levé le pied). Mais d'autres « pure players » digitaux tentent de rivaliser avec Qonto, comme Memo Bank, Anytime (racheté en février 2021 par Orange Bank) ou Shine (racheté par Société Générale en juin 2020).

Certains réseaux bancaires organisent même la contre-offensive en interne, à l'instar du Crédit Agricole avec sa plateforme Blank. Mais la mise à niveau des acteurs bancaires historiques sur ces segments TPE/autoentrepreneurs, tardent à se concrétiser, du moins selon les principaux baromètres de satisfaction, où les banques à réseau sont toujours à la traîne (même si elles continuent de dominer très largement le marché).

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Commentaires 3
à écrit le 11/01/2022 à 14:29
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"Extrait optimisé sur le Web Licorne, c'est le nom utilisé en 2013 par une spécialiste américaine du capital-risque pour désigner les 0,1 % d'entreprises bénéficiant des investissements de fonds de capital-risque et parvenant à être valorisées à plu...

à écrit le 11/01/2022 à 12:07
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Avant de travailler avec cette "Boîte", il est intéressant de noter que le Chinois Tencent est au capital. Pour espérer un jour faire des profits ou avoir un pied dedans pour toute autre chose liée (par exemple...)aux données ?

à écrit le 11/01/2022 à 7:05
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Les licornes sont des chimères ...

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