Le robo-advisor Yomoni lève 25 millions d'euros pour atteindre une taille critique

La société de gestion de portefeuille en ligne boucle son quatrième tour de table avec une levée de 25 millions d’euros supplémentaires. L’objectif est d’accroître sa notoriété et d’asseoir le modèle du robo-advisor en France, un peu malmené ces dernières années. La fintech revendique toutefois plus de 40.000 clients pour 800 millions d’euros d’encours sous gestion.
La fintech Yomoni, présidée par Sébastien d'Ornano, est rentable, hors coûts d'acquisition.
La fintech Yomoni, présidée par Sébastien d'Ornano, est rentable, hors coûts d'acquisition. (Crédits : DR)

Le décollage d'une fintech prend toujours du temps. Surtout quand il est question d'investissement et d'épargne. Lancée en 2015, avec le soutien du Crédit mutuel Arkéa et de sa filiale d'assurance-vie Suravenir, la plateforme d'épargne Yomoni avait alors suscité un certain scepticisme sur les chances de réussite, en France, d'un modèle tout anglo-saxon, celui du robo-advisor, qui avait réalisé un carton aux Etats-Unis dans le sillage de Betterment et autre Wealthfront.

La recette ? Une plateforme d'investissement en ligne automatisée ouverte à tous (y compris les petits patrimoines) avec des solutions d'épargne très compétitives car basées sur des produits indiciels (ETF) dont les commissions sont par nature très réduites.

Aujourd'hui, Yomoni entend bien s'ancrer dans le paysage de l'épargne. La société, agréée par l'Autorité des marchés financiers (AMF), vient même de lever 25 millions d'euros, auprès de ses actionnaires historiques (Crédit Mutuel Arkéa, les fondateurs de la Financière de l'Echiquier) et la société d'investissement Amboise. C'est sa quatrième levée de fonds, après un précédent tour de table de 6 millions en 2020.

« Notre objectif est d'accroître notre notoriété pour attirer de nouveaux clients comme une alternative des banques dans le domaine de l'épargne et de renforcer nos équipes, notamment dans le conseil », indique Sébastien d'Ornano, président de Yomoni. Les équipes seront ainsi portées, d'ici 12 à 18 mois, à une centaine de collaborateurs contre 65 actuellement, dont des équipes de gestion en interne pour sélectionner les fonds.

Forte croissance de la collecte

Ce n'était pourtant pas gagné. Certains de ces compétiteurs historiques, comme Marie Quantier ont jeté l'éponge quand d'autres, comme Advize, ont changé de modèle en pivotant vers le B2B. Certains restent cependant dans la course, comme Nalo (335 millions d'euros sous gestion en 2021) ou mon Petit Placement ou le dernier né Ramify, qui s'apparentent à de la sélection et distribution de fonds. Les principaux concurrents restent les banques mais surtout les banques en ligne, comme Boursorama qui vient d'ailleurs de récupérer quelque 4,5 milliards d'encours d'assurance-vie auprès d'ING France.

« Nous sommes partis d'une société de gestion qui s'adressait directement aux particuliers et ce n'était pas forcément le chemin le plus facile. Il y a toujours une période, de 3 à 4 ans, où il faut démontrer la promesse de gestion et la performance », se souvient le dirigeant. Mais le rythme de collecte s'est accéléré à partir de la cinquième année, avec des encours sous gestion qui sont passés de 150 millions d'euros fin 2019, puis à 300 millions fin 2020 pour doubler à nouveau en 2021 à 600 millions et atteindre aujourd'hui 800 millions d'euros. Quand au nombre de clients, il est passé de 1.500 en 2016 à plus 40.000 (ou 50.000 mandats de gestion), ce qui porte la croissance à 50 % par rapport à 2021.

Un profil d'investissement plutôt risqué

« Nous restons dans une dynamique très forte malgré une année plus compliquée sur les marchés avec un modèle qui a trouvé sa place et une offre qui ne cesse d'enrichir avec, aux côtés de l'assurance-vie, des PER bancaires, en partenariat avec Crédit Agricole, des comptes titres et des PEA », résume Sébastien d'Ornano, qui revendique même avoir atteint « l'équilibre financier opérationnel, hors coûts d'acquisition ».

Yomoni joue clairement sur les frais réduits pour tenir les promesses de performances mais aussi sur le conseil alors que les banques montent en puissance sur le volet numérique. L'offre repose sur un mandat de gestion autour de dix profils en fonction du risque (3 niveaux de risque pour le PER), et les deux tiers des clients qui ont opté pour les 4 profils les plus risqués, sur des horizons d'investissement de 8 à 10 ans.

Changement de décor

Ce qui se traduit, en assurance-vie, par un taux en unités de compte (UC) relativement élevé de 84%. « C'est notre principal défi, celui de démontrer que sur le long terme, la prise de risque est payante », explique Sébastien d'Ornano. Sur le profil le plus dynamique, Yomoni affiche une performance annuelle de 6% par an, net de frais, depuis le lancement, malgré la baisse de 2022. Cette année, Yomoni indique se situer dans le premier quartile des performances des fonds, sur tous les types de profil.

Effectivement, l'enjeu des robo-advisors, du moins dans leur promesse originelle, est de transformer de simples épargnants en investisseurs, de délaisser le livret A pour un ETF, sans pour autant sauter le pas dans l'univers des cryptos. Un pari qui sera d'autant plus difficile à tenir dans des marchés globalement baissiers où la performance tend à être reléguée derrière la confiance en son gestionnaire. Surtout que les banques commencent à se réveiller (timidement) sur le terrain du conseil automatisé. Et par un curieux effet de balancier, c'est au tour des principaux robo-advisors de rechercher un nouveau souffle dans le conseil financier.

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