L’assurance-vie signe en août sa première décollecte nette depuis deux ans

L’assurance-vie marque le pas, après un début d’année en fanfare. Sur le mois d’août, la collecte nette est même négative de 700 millions d’euros, une première depuis septembre 2020, selon les chiffres de France Assureurs.
Les cotisations sur l'assurance-vie se sont élevées à près de 97 milliards d'euros sur les huit premiers mois de l'année, dont 40 % sur les unités de compte.
Les cotisations sur l'assurance-vie se sont élevées à près de 97 milliards d'euros sur les huit premiers mois de l'année, dont 40 % sur les unités de compte. (Crédits : Reuters)

L'assurance-vie, premier support de l'épargne des Français, marque un nouveau fléchissement au mois d'août, selon les chiffres de France Assureurs, l'association professionnelle qui regroupe les assureurs de la place. La collecte nette (cotisations moins les prestations) est en effet négative de 700 millions d'euros sur le mois, une première depuis septembre 2020.

Franck Le Vallois, directeur général de France Assureurs, apporte plusieurs éléments d'explication. « La situation économique est source d'inquiétudes et peut conduire à une forme d'attentisme. Ensuite, le mois d'août est traditionnellement une période d'activité plus faible sur l'assurance-vie et, enfin, les mois précédents ont connu une croissance forte de la collecte. Il n'est donc pas anormal de constater un ralentissement », explique-t-il.

Dynamique confirmée sur les UC

De fait , la collecte nette sur les huit premiers mois de l'année s'établit à 12,1 milliards d'euros, soit un niveau légèrement inférieur à celui constaté à la même période de 2021, avec toujours une forte dynamique sur les unités de compte (UC), majoritairement investis en actions, soit une collecte nette de 24,5 milliards d'euros, alors que les fonds euros (au capital garanti, majoritairement investis en obligations) poursuivent leur décrue (décollecte nette de 12,4 milliards d'euros). Ces chiffres sont toujours à relativiser au regard des encours de l'assurance-vie qui s'élèvent à 1.826 milliards d'euros à la fin août.

En revanche, Franck Le Vallois ne voit pas dans ce ralentissement une conséquence de la remontée du taux du Livret A à 2% à partir du 1er août et dont la collecte a fortement rebondi : « la hausse du rendement du Livret A a pu créer un appel d'air mais les deux produits d'épargne ne sont pas comparables ».

Pas d'inquiétude sur la remontée des taux

Il écarte également le risque que ferait peser la brutale remontée des taux d'intérêt sur les marchés, notamment celui de la dette française à dix ans qui oscille autour de 2,7% contre 0% en début d'année. Cette remontée des taux a deux effets en sens contraire sur l'assurance-vie : elle renforce d'une part la solvabilité des assureurs-vie mais elle pèse sur la valorisation des obligations du fonds général acquises ces dernières années à des taux très faibles, voire négatifs, avec de substantielles moins-values à la clé.

« Je n'ai pas d'inquiétude sur la décollecte des fonds euros et les assureurs-vie ont des niveaux de solvabilité très élevés », rappelle Franck Le Vallois. Cette remontée des taux pourrait en effet poser problème aux assureurs-vie si la décollecte sur les fonds euros devait brutalement s'accélérer, contraignant les assureurs à vendre des obligations pour répondre aux rachats. Ce n'est pas le cas aujourd'hui. Le niveau des prestations (rachats et versements après un décès) est en effet remarquablement stable, soit 70 milliards d'euros sur les huit premiers mois de 2022 et 2021.

Conclusion : le spectre d'un éventuel recours à la loi Sapin 2 qui permet une suspension des rachats en raison de circonstances exceptionnelles « n'est pas très clairement un sujet », souligne Franck Le Vallois.

Les assureurs-vie interrogés sur cette question d'impact de la remontée des taux sur les fonds en euros se montrent en effet peu inquiets, mettant également en avant les niveaux de leurs réserves et provisions pour participation aux bénéfices, qui permettent d'absorber les chocs de taux. La situation pourrait être différente si les taux de la dette souveraine devaient s'installer durablement au-delà de 4% dans un horizon relativement proche. Ce qui n'est pas le scénario privilégié aujourd'hui.

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