Alors que l'Union européenne se prépare à un embargo sur le charbon russe, les Etats-Unis manœuvrent pour pousser la Russie vers le défaut de paiement. Selon un porte-parole du Trésor américain, la Russie doit « choisir entre vider ses réserves de dollars restantes ou utiliser de nouveaux revenus entrants, ou faire défaut ». En effet, depuis mardi, les Etats-Unis n'autorisent plus la Russie à rembourser ses dettes avec des dollars détenus dans des banques américaines. Jusqu'ici, c'était la banque JP Morgan qui était désigné comme la banque correspondante de la Russie pour traiter le paiement des coupons.
Une décision qui intervient alors que la Russie doit honorer ce mardi une nouvelle échéance de dette privée d'un montant de 552 millions de dollars. Le gouvernement russe devait également rembourser lundi dernier un coupon de 84 millions de dollars, selon l'agence de presse Reuters. Ce qu'il n'a pas pu faire. Rappelons qu'il existe un délai de grâce de 30 jours avant que le défaut de paiement ne soit formellement prononcé par les agences de notation. Ces dernières ont d'ailleurs déjà alerté sur un défaut de paiement « imminent » de la Russie.
Selon Reuters, les obligations russes à l'international représentent un encours de 40 milliards de dollars, ce qui est relativement peu au regard de la taille du pays.
Bloquer le financement de la guerre
La mesure peut apparaître technique mais l'idée est bien d'épuiser encore davantage les ressources de la Russie afin d'éviter qu'elle ne les consacre à financer sa guerre en Ukraine. Le 24 mars dernier, les dirigeants des pays du G7 et de l'Union européenne avaient déjà pris des nouvelles mesures inédites, et sans doute pas anticipé par la Russie, visant à empêcher la Banque centrale russe d'utiliser ses réserves internationales, y compris en or, pour soutenir le rouble ou financer la guerre. La Russie, depuis son invasion de l'Ukraine, est le pays qui subit le plus grand nombre de sanctions dans un passé récent. La banque centrale russe a indiqué, la semaine dernière, que ses réserves ont fondu en un mois de près de 40 milliards de dollars, à 604 milliards de dollars au 25 mars.
« Parmi les plus de 700 sanctions que nous avons imposées, l'une des actions les plus puissantes a été nos sanctions contre la Banque centrale de Russie », souligne le Trésor américain. Auparavant déjà, les sanctions occidentales avaient gelé la partie des réserves russes détenues à l'étranger, environ 300 milliards de dollars.
Ces sanctions font craindre que Moscou ne soit plus en mesure de rembourser et soit donc menacé d'un défaut de paiement. Et c'est bien le but recherché même si le coût en sera supporté par les investisseurs internationaux. Mais un défaut de paiement, surtout sur la dette libellée en devises, compromet pour de longues années le retour d'un émetteur sur les marchés. Même en 1998, lors de la crise russe, seule la dette libellée en rouble avait été mise en défaut.
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