Kerviel contre Société Générale : la révision du procès n'aura pas lieu

La demande de révision du procès pénal de l'ex-trader a été rejetée ce jeudi 20 septembre par la justice. La banque considère que la décision "clôt le volet pénal" de ce dossier.
Delphine Cuny
L'ex-trader Jérôme Kerviel a été condamné à cinq ans de prison dont trois ferme en 2012. Sur le volet civil, les dommages et intérêts dus à la Société Générale ont été ramenés de 4,9 milliards d'euros à un million d'euros en septembre 2016.
L'ex-trader Jérôme Kerviel a été condamné à cinq ans de prison dont trois ferme en 2012. Sur le volet civil, les dommages et intérêts dus à la Société Générale ont été ramenés de 4,9 milliards d'euros à un million d'euros en septembre 2016. (Crédits : Charles Platiau)

[Article mis à jour à 17h40]

Dix ans après la fameuse affaire Kerviel, l'ex-trader de la Société Générale a obtenu une fin de non-recevoir de la justice pour la révision de son procès pénal. La commission d'instruction de la Cour de révision, rattachée à la Cour de Cassation de Paris, a rejeté ce jeudi 20 septembre la demande en révision de Jérôme Kerviel et choisi de ne pas saisir la Cour.

« M. Kerviel ne justifie pas d'un fait nouveau ou d'un élément inconnu [...] Sa requête sera déclarée irrecevable sans qu'il y ait lieu de procéder aux investigations complémentaires sollicitées par M. Kerviel », écrit la commission d'instruction de la Cour de révision de la Cour de cassation dans sa décision.

Jean Veil, l'un des avocats de la Société Générale, a déclaré : « le bon droit a triomphé.»

Plus sobre, la Société Générale a « [pris] acte de la décision ».

« La commission de révision et de réexamen confirme ainsi l'absence de tout élément nouveau qui aurait pu justifier la réouverture du dossier à la suite  de la condamnation de Jérôme Kerviel à cinq années de prison dont trois ferme pour faux et usage de faux, abus de confiance et introduction frauduleuse de données dans un système de traitement automatisé. Cette décision clôt le volet pénal de ce dossier », estime la banque dans une courte déclaration adressée à la presse.

Pas la fin de l'affaire ?

L'organisation d'un nouveau procès, du fait d'éléments nouveaux, reste un événement exceptionnel en France. Les deux dernières décisions de la commission d'instruction ont été des rejets pour irrecevabilité en mars et décembre 2015.

L'avocat de Jérôme Kerviel, Julien Dami Le Coz, a déclaré que son client restait « déterminé à faire triompher le droit ». Il peut saisir à nouveau la commission en cas de nouveaux éléments.

« Ce n'est certainement pas la fin de l'affaire dite "Kerviel" », a-t-il déclaré à la presse.

L'ex-trader, qui avait pris des positions astronomiques sur les marchés, au-delà de ses autorisations, et fait perdre plusieurs milliards d'euros à la banque en janvier 2008, avait été condamné en 2010 en première instance puis en appel en 2012 à cinq ans de prison, dont trois ferme, et au versement d'un montant astronomique de 4,9 milliards d'euros de dommages et intérêts à la Société Générale, pour « faux, usage de faux, abus de confiance, introduction frauduleuse de données dans un système informatique ».

Lire aussi : La Société Générale a fait saisir les comptes de Kerviel

Le volet civil de l'affaire, relatif aux dommages et intérêts, avait été cassé par la Cour de cassation en mars 2014. En septembre 2016, la Cour d'appel de Versailles avait ramené à un million d'euros le montant des dommages dus par Kerviel, considéré comme « partiellement responsable » du fait des carences d'organisation et des dispositifs de contrôle de la banque.

En juin 2016, devant le Conseil de prud'hommes de Paris, Jérôme Kerviel a fait condamner la Société Générale à lui verser plus de 450.000 euros pour licenciement « sans cause réelle ni sérieuse. »

(Avec agences)

Delphine Cuny

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Commentaires 9
à écrit le 21/09/2018 à 10:34
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Depuis le début, la justice se trompe de victime et de coupable. Comment penser qu'une banque de la dimension de la Société Générale n'ait pu valider tacitement ou non, les actions de ses traders ? Par suite, la banque est seule responsable de ses er...

le 21/09/2018 à 11:04
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Vous travaillez dans les marchés financiers ? Vous savez comment cela marche ? Vous avez participé au proces ? Vous avez suivi les minutes du procès ? Vous êtes meilleur à vous tout seul que les juges etc... ? Remettez vous en cause, la SG a été...

le 21/09/2018 à 19:30
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pour Fake News , La grand mère est inconsciente ?????? C'est bien, au final, ce qui fait que l'on aurait dû, en premier lieu, se poser la question du retrait de la licence bancaire; 50 mds€ exposés à l'air frais de fin 2017 début 2018 sans s'e...

à écrit le 21/09/2018 à 7:00
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Personne n'a relevé ? Prud'hommes : les fautes commises sont de la responsabilité de la SG et pas du salarié (sans cause réelle et sérieuse) justice : c'est la faute du bonhomme Il n'y a pas comme un problème de "justice" ?

à écrit le 20/09/2018 à 17:17
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Kerviel et la SG se sont entendus ; lui c'est le méchant ; La SG , elle ne savait pas et donc elle peut déduire fiscalement 6,3 Mds € de perte qui, de fait , relèvent de l'acte anormal de gestion . S'exposer en compte propre sur 50 mds€ c'est un l'...

le 20/09/2018 à 17:54
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Analyse très interessante maintenant si vous retirez Kerviel de cette équation cela ne change rien pour la SG qui y gagne sur tous les tableaux quand même... Je ne vois pas pourquoi elle s'embêterait à partager avec un sous fifre, mais pourquoi pas. ...

à écrit le 20/09/2018 à 17:12
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Pot de terre contre pot de fer. Alors que les affaires de fraudes bancaires occupent toujours l'actualité (affaire récente de Danske Bank), le pouvoir politique est impuissant pour changer les choses : cas de l'extension de la CIJP qui vient d'être v...

à écrit le 20/09/2018 à 16:21
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"Jean Veil, l'un des avocats de la Société Générale. « Le bon droit a triomphé "" Heu... elles sont où les toilettes svp ? Notons sans surprise et encore une fois que ce sont les banques qui font la Loi et on s'étonne que l'europe soit en déc...

à écrit le 20/09/2018 à 15:22
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Ou l'impunité des banquiers.

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