Kerviel contre Société Générale : sa victoire aux prud'hommes rejugée en appel

La Cour d'appel de Paris se penche ce mardi sur la condamnation de la Société Générale en 2016 pour licenciement « sans cause réelle ni sérieuse » et dans des conditions « vexatoires » de son ex-trader, Jérôme Kerviel. La banque avait dû verser 455.000 d'euros à son ex-employé, condamné au pénal pour « abus de confiance, faux et usage de faux, introduction frauduleuse de données dans un système informatique », ayant conduit à une lourde perte de marché de quelque 4,9 milliards d'euros en 2008.
Delphine Cuny
Jérôme Kerviel, l'ancien trader de la Société Générale, licencié pour faute lourde en janvier 2008, espère voir le montant de ses 455.000 euros d'indemnités accordées par le conseil des prud'hommes en juin 2016 confirmé dans cette procédure d'appel déposée par la banque.
Jérôme Kerviel, l'ancien trader de la Société Générale, licencié pour "faute lourde" en janvier 2008, espère voir le montant de ses 455.000 euros d'indemnités accordées par le conseil des prud'hommes en juin 2016 confirmé dans cette procédure d'appel déposée par la banque. (Crédits : CHARLES PLATIAU)

La Société Générale a-t-elle licencié Jérôme Kerviel le 18 janvier 2008 « sans cause réelle ni sérieuse » et dans des conditions « vexatoires » ? La décision, en juin 2016, du conseil des prud'hommes de Paris de condamner la banque à verser 455.000 euros d'indemnités à son ex-trader, qualifiée de « scandaleuse » par l'avocat de la Société Générale, sera examinée ce mardi 30 octobre, dans l'après-midi, par la Cour d'appel de Paris.

Le conseil des prud'hommes avait estimé que ce licenciement était intervenu pour « des faits prescrits », que la banque avait connaissance des dépassements par Jérôme Kerviel des limites imposées aux opérations de marché « bien avant » de lui signifier son licenciement le 18 janvier 2008. Il avait accordé à l'ex-opérateur de marché le paiement d'un bonus de 300.000 euros pour l'année 2007, jugeant que la banque était « parfaitement au courant de [ses] opérations fictives », qui avaient d'ailleurs généré des profits pour le groupe, ainsi que des dommages et intérêts, congés payés et autres indemnités pour les « conditions vexatoires » du licenciement, amenant le tout à 455.000 euros.

Un million d'euros dû par Kerviel

En septembre 2018, la demande de révision du procès pénal de l'ex-trader a été rejetée par la commission d'instruction de la cour de révision. Jérôme Kerviel, qui avait pris des positions colossales sur les marchés, au-delà de ses autorisations, que la banque a dû déboucler en urgence, ce qui s'est traduit par une perte de plusieurs milliards d'euros en janvier 2008, avait été condamné en 2010 en première instance, puis en appel en 2012, à cinq ans de prison, dont trois ferme, pour « faux, usage de faux, abus de confiance, introduction frauduleuse de données dans un système informatique ». Il a passé au total moins de six mois en détention et n'est plus sous bracelet électronique depuis juin 2015.

L'ex-trader avait été aussi condamné en 2010 au versement d'un montant astronomique de 4,9 milliards d'euros de dommages et intérêts à la Société Générale. En septembre 2016, la Cour d'appel de Versailles avait ramené à un million d'euros le montant des dommages dus par Kerviel, qu'elle a considéré comme « partiellement responsable » du fait des carences d'organisation et des dispositifs de contrôle de la banque.

Lire aussi : Société Générale : pourquoi un ex-trader réclame 8 millions d'euros dans l'affaire Euribor

Delphine Cuny

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Commentaires 7
à écrit le 30/10/2018 à 9:33
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C'est un prédateur économique et un spéculateur sans morale comme bcp de traders qui retourne sa veste parce qu'il c'est fait prendre a son petit jeu malsain ou il gagnait des millions et qu'il c'est pris pour Dieu, même si la SG n'est pas toute inno...

à écrit le 30/10/2018 à 8:27
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et quid de l'avoir fiscal de deux milliards € accordés à la SG par Mme Lagarde (avec la complicité obligatoire de Ms Fillon et Sarkozy)? La cour de Versailles ayant considéré Mr Kerviel comme seulement très partiellement responsable (1 million sur...

le 30/10/2018 à 8:44
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Payer des impôts au prétexte que l'on avait pu faire un gain mais que malheureusement, l'exercice est en pertes... est un concept étrange.

le 30/10/2018 à 12:45
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On peut surtout considérer comme très étrange le fait de vouloir faire payer ses pertes par le contribuable. Remarquez ça n'a pas gêné un certain député UMP (Marini pour ne pas le nommer) qui en 2008 a réclamé une loi permettant de faire passer s...

le 30/10/2018 à 20:15
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Oui, ce serait un concept étrange... mais ce n'est pas de cela dont il est question. La SG n'a jamais été imposée sur un bénéfice qu'elle n'a pas réalisé. La SG a bénéficié d'une ristourne fiscale. La ristourne est une faveur que l'administration ...

à écrit le 30/10/2018 à 8:11
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Les prud hommes sont vraiment des fifres : leur seul mot d'ordre , l'employé est une victime quoi qu'il ait pu se passer. Kerviel sans cause réelle ni sérieuse , mais que fallait il qu'il fasse pourque la cause soit réelle ? que fallait qu'il fasse ...

le 30/10/2018 à 8:43
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Exact: la situation est tellement caricaturale que nombre de dossiers ne se jouent plus aux prud'hommes (devant deux syndicalistes et un juge..) mais en appel devant le Tribunal du Commerce. Cette situation a pour conséquence que l'on ne saurait (évi...

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