Apporter aux particuliers plus de transparence sur l'utilisation de leur épargne pour inciter les banques à faire évoluer leurs pratiques vers une finance plus durable et ancrée dans l'économie réelle. C'est ce à quoi tend la nouvelle application mobile Rift, qui a pour modèle le phénomène Yuka dans le secteur alimentaire. Cette appli désormais très populaire (plus de 12 millions d'utilisateurs) a poussé certaines marques à revoir la composition de leurs produits.
Rift, elle, est le fruit de deux années de travail menées par les équipes de Lita.co, une plateforme de financement à impact positif cofondée par Eva Sadoun et Julien Benayoun. D'ores et déjà disponible, elle doit permettre à chacun d'avoir une traçabilité et une transparence totale sur l'utilisation de son épargne.
L'épargne scannée
"Après avoir renseigné le nom de sa banque et son produit d'épargne, l'utilisateur pourra connaître l'impact carbone, environnemental, sur la biodiversité et l'impact social de son argent. Il pourra connaître très précisément ce qu'il permet de financer : quels secteurs d'activité, quelles entreprises, et, quelles régions du monde", détaille Eva Sadoun, présidente de Rift.
"Concrètement, un utilisateur de Rift pourra par exemple savoir qu'en déposant 1.000 euros sur un livret A de la Société Générale, il émet l'équivalent de 403 kilos de CO2, et que 5.000 euros sur un compte-courant de BNP Paribas constituent l'équivalent d'un aller-retour Paris-New York", détaille la jeune pousse, qui évoluera de manière indépendante par rapport à Lita, avec une équipe dirigeante dédiée.
Pour être en mesure de fournir ces données, Rift s'est entourée de plusieurs spécialistes, dont le cabinet Carbone4, l'ONG Oxfam France, l'association Finansol, ou encore la société de gestion Sycomore.
Faire naître des activistes financiers
Si l'application entend donner de l'information aux particuliers, elle souhaite aussi, et surtout, les pousser à "agir". Les utilisateurs de l'appli, environ 5.000 personnes aujourd'hui, non satisfaits de l'utilisation de leur épargne sont ainsi invités à répondre à un questionnaire de valeurs et de convictions. L'appli propose alors une sélection de produits correspondants à leurs aspirations, afin qu'ils puissent aller voir leur conseiller financier en faisant part de souhaits très concrets, c'est-à-dire en citant des produits financiers bien précis.
"L'idée est de pouvoir influencer les banques vers de meilleures pratiques, de permettre aux utilisateurs qui le souhaitent de devenir des activistes financiers", explique l'entrepreneuse, qui vise 50.000 utilisateurs d'ici à la fin de l'année, puis le cap du million d'utilisateurs en 2021.
En parallèle, les équipes de Rift prévoient d'orchestrer des mobilisations citoyennes, autour de la libération des données financières, encore trop inaccessibles, et de l'alignement des produits financiers avec un réchauffement limité à 1,5°C.
Une campagne de crowdfunding
Pour se développer, Rift s'appuie sur un investissement initial de 800.000 euros et prévoit de mener une campagne de financement participatif l'année prochaine sur la plateforme de Lita.
Pour l'heure, Rift est dépourvue de modèle économique. A l'avenir, la jeune pousse pourrait se rémunérer grâce des activités de conseil ou en outillant les conseillers financiers. "Notre promesse, c'est que l'accessibilité de la donnée [au grand public, ndlr] ne soit pas mise à mal par le modèle économique", précise Eva Sadoun. L'API de données sur laquelle repose Rift devrait d'ailleurs bientôt basculer en open source.
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