La Chine envisage d'interdire le minage de bitcoin

Poids lourd du minage de cryptomonnaies, avec une part estimée entre 70% et 80% au niveau mondial, la Chine envisage d'interdire cette activité jugée trop énergivore.
Delphine Cuny
(Crédits : Dado Ruvic)

Premier "producteur" de bitcoin au monde du fait de ses gigantesques fermes de serveurs informatiques utilisées pour le "minage" de la cryptomonnaie, la Chine envisage d'interdire cette activité jugée trop polluante. La principale autorité de planification économique chinoise, la Commission nationale du développement et de la réforme (CNDR), a publié une liste d'activités industrielles que le gouvernement souhaite restreindre ou bannir, selon le South China Morning Post.

Le projet présenté lundi (en chinois seulement), soumis à consultation publique jusqu'au 7 mai, inclut le minage de cryptomonnaies, dont le bitcoin, parmi les 450 activités que la CNDR juge incompatibles avec les lois et réglementations en vigueur ou insuffisamment sûres ou trop polluantes et gaspillant des ressources.

La part de la Chine dans le minage du bitcoin est estimée entre 70% et 80% au niveau mondial. Le pays est aussi le premier producteur de matériel de "minage" (puces, ordinateurs, baies de serveur, etc.).

Selon la presse locale, cette nouvelle liste "reflète la politique industrielle du pays" en matière de cryptomonnaies. L'interdiction pourrait intervenir juste après la fin de la consultation.

"Je crois que la Chine veut tout simplement "rebooter" le secteur des cryptos pour en avoir le contrôle, une approche conforme à celle qu'elle a adoptée pour internet" analyse Jehan Chu, associé de la société d'investissement spécialisée Kenetic, interrogé par Reuters.

Mise en difficulté du géant Bitmain

Ce projet relance aussi le débat sur la consommation électrique du minage de cryptomonnaies, qui nécessite de très importantes ressources de calcul informatique pour résoudre les énigmes mathématiques qui permettent de valider la création des "blocs" sur la blockchain du bitcoin. La société de conseil française Blockchain Partner a récemment publié une étude sur les idées reçues sur l'impact écologique des blockchains et des crypto-monnaies. La trop grande concentration du minage en Chine est d'ailleurs un point qui fait débat au sein de la communauté crypto, attachée à la décentralisation intrinsèque de la technologie Blockchain.

Lire aussi : Blockchain, token, ICO... le lexique de la folie crypto

La Chine, qui avait déjà interdit le trading sur les plateformes et les levées de fonds en cryptomonnaies (Initial coin offerings ou ICO) en 2017, a commencé à limiter le minage, obligeant de nombreuses sociétés spécialisées, qui profitaient jusqu'ici des prix très bas de l'électricité, notamment issues des grands barrages, à délocaliser une partie de leurs activités et à revoir leurs projets. Cette interdiction risque de les mettre plus encore en difficultés.

Le géant pékinois Bitmain, qui conçoit des puces spéciales (ASIC) et contrôle le puissant collectif de mineurs Antpool et des dizaines de fermes de minage dans le Sichuan, le Xinjiang et la Mongolie intérieure, avait installé des opérations aux États-Unis, au Canada. Il s'est aussi diversifié dans les puces dédiées à l'intelligence artificielle. Bitmain a dû cependant renoncer le mois dernier à son introduction en Bourse à Hong Kong qui devait le valoriser 18 milliards de dollars et lui permettre de lever environ 3 milliards. Le groupe a déjà levé plus de 760 millions de dollars depuis sa création dont 400 millions en août 2018 auprès de grands investisseurs comme le fonds souverain de Singapour Temasek. Mais la baisse de la demande, corrélée à la chute des cours des cryptomonnaies, l'a conduit à essuyer des pertes et à licencier. Il a annoncé fin mars que ses deux cofondateurs démissionnaient de leur poste de co-directeurs généraux, en restant administrateurs.

"Nous reconnaissons que malgré l'énorme potentiel des cryptomonnaies et de l'industrie de la Blockchain, cela demeure un secteur relativement jeune qui est encore en train de démontrer sa valeur", a commenté Bitmain sur son blog le 26 mars.

L'annonce de cette potentielle interdiction du minage n'a cependant pas affecté le cours du bitcoin, qui connaît une embellie depuis une dizaine de jours et dépasse les 5.200 dollars, son plus haut niveau depuis novembre dernier. Il a perdu plus de 70% de sa valeur l'an dernier.

Delphine Cuny

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Commentaires 4
à écrit le 11/04/2019 à 14:30
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Comme le Canada.

à écrit le 11/04/2019 à 9:35
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Voilà c'est maintenant que l'on commence à entrevoir l'intérêt de cette monnaie, quand les dictatures commencent par interdire un phénomène c'est qu'il faut l'étendre.

à écrit le 10/04/2019 à 18:34
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Ils ont raisons, non seulement le bitcoin ne devrait plus être appelé cryptomonnaie, mais cryptoactif, mais en plus c'est une véritable catastrophe écologique : le minage de la blockchain nécessite plus d’énergie qu'un pays comme l’Irlande !

le 11/04/2019 à 7:44
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Super commentaire! Bravo!

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