La Soc Gen rassure les marchés

Malgré des bénéfices laminés par des charges exceptionnelles, la banque a fait mieux qu'attendu et que la concurrence dans son activité de marchés et dans la banque de détail en France, où les taux bas continuent de peser.
Delphine Cuny
« Les perspectives sont incontestablement meilleures » a estimé Frédéric Oudéa, le directeur général de la Société Générale, en référence à la politique monétaire et à la volatilité sur les marchés.
« Les perspectives sont incontestablement meilleures » a estimé Frédéric Oudéa, le directeur général de la Société Générale, en référence à la politique monétaire et à la volatilité sur les marchés. (Crédits : Gonzalo Fuentes)

[Article mis à jour à 17h50]

Soulagement à la Bourse de Paris. Les résultats annuels de la Société Générale ne sont pas époustouflants, mais meilleurs qu'attendus : la banque de la Défense a publié ce jeudi un résultat net légèrement positif de 69 millions d'euros au quatrième trimestre (en recul de 82%), alors que les analystes redoutaient une perte. Sur l'ensemble de l'année, le bénéfice net accuse une baisse de 27% à 2,8 milliards d'euros. Ces chiffres incluent d'importantes charges exceptionnelles, liées aux restructurations (390 millions d'euros au quatrième trimestre), aux litiges (963 millions d'accord transactionnel avec le fonds souverain libyen) ou aux impôts (205 millions de redressement fiscal et d'amende en France, 253 millions dus à la réforme américaine).

L'action Société Générale a ouvert la séance en hausse de 4% et affichait la deuxième plus forte progression du CAC 40 du jour. Elle termine en hausse de 1,95%, alors que l'indice perd près de 2%. Elle avait tangué en début de semaine, à l'image de l'ensemble des marchés mondiaux.

« Au delà des impacts d'un certain nombre d'éléments exceptionnels, les résultats financiers de 2017 traduisent la bonne dynamique commerciale de tous nos métiers, la gestion disciplinée de nos coûts et de nos risques et l'amélioration de notre rentabilité sous-jacente », a commenté Frédéric Oudéa, le directeur général, qui a souligné que « les perspectives [étaient] incontestablement meilleures. »

Il a notamment évoqué la sortie progressive des politiques monétaires « très accommodantes » des banques centrales, qui devrait se traduire par une remontée des taux d'intérêt, dont le niveau très bas en Europe pèse sur la rentabilité de la banque de détail, ainsi que le retour de la volatilité sur les marchés, dont le niveau historiquement bas a pénalisé les activités de trading depuis plus d'un an.

Succès dans les dérivés

Après une déception au troisième trimestre, les activités de marchés sont ressorties meilleures que prévu, en repli de 3%, dont un recul de 7% dans les taux, devises et matières premières, et de 2% dans les actions, grâce à une forte demande pour les produits dérivés, spécialité de la Société Générale.

« Notre chiffre d'affaires est en hausse d'environ 10% sur les produits structurés au quatrième trimestre. Les corrections comme celles des derniers jours sur les marchés ne sont pas pour nous déplaire en termes de flux de clients », a observé Didier Valet, le directeur général délégué, responsable de la division Banque de grande clientèle et solutions investisseurs.

SG résultats 2017 SocGen Société générale

[Les résultats annuels par pôle de la Société Générale en 2017. Crédits : SG]

Dans la banque de détail aussi, les résultats sont « plus résistants qu'attendu » selon les experts de Jefferies, bien qu'encore marqués par les taux bas. Le produit net bancaire de l'activité en France a reculé de 4,3% au quatrième trimestre (-1% hors PEL/CEL) et de 3,2% sur l'année. La hausse des commissions a presque compensé la baisse des marges d'intérêts.

« Nous pouvons confirmer que la vague des renégociations [des prêts immobiliers, ndlr] est maintenant achevée », a déclaré Philippe Heim, le directeur financier.

Le directeur général, Frédéric Oudéa, a dit s'attendre à une « graduelle stabilisation » dans l'année des revenus de la banque de détail en France. Le plan de transformation du réseau prévoit la fermeture d'une centaine d'agences cette année. La Société Générale continue de pousser sa filiale en ligne Boursorama, dont la stratégie de conquête agressive s'est traduite par un gain de 30% de clients l'an dernier, à 1,3 million de clients, mais toujours par des pertes (non chiffrées).

Enfin, du côté des litiges qui ne sont toujours pas soldés, la banque a répété qu'elle espère « être en mesure de les mettre derrière [elle] dans les prochaines semaines ou les prochains mois » : il s'agit des accusations de corruption par les autorités américaines dans l'affaire libyenne, du non-respect des règles d'embargo américaines et des suites du scandale des manipulations de taux de change Libor et Euribor. La Société Générale a par ailleurs expliqué pourquoi elle ne jugeait pas nécessaire de provisionner un éventuel redressement fiscal lié à la perte Kerviel.

Delphine Cuny

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Commentaires 3
à écrit le 08/02/2018 à 17:45
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Soc Gen a intérêt a rassurer avant le prochain stress test, les fonds propres ne seraient peut être pas au niveau avec un remboursement de 2,2 Md. Si le redressement est confirmé, la banque contestera probablement en justice, ce qui lui offrira quelq...

le 09/02/2018 à 2:15
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Ce redressement ne sera jamais acte. Les accointances entre pouvoir et argent oberent toute vie democratique. Les citoyens vivent dans le brouillard.

à écrit le 08/02/2018 à 15:31
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Merci maman État une nouvelle fois de sauver la mise en ne faisant pas payer d'impôts une nouvelle fois ! Et ça se dit libéraux pourtant hein... merci Audiard ! Individualisation des gains et socialisation des pertes notre système économique n'e...

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