Société Générale met la main sur Shine, la néobanque pour les pros

La banque de La Défense se renforce sur un marché très prisé où les initiatives des établissements bancaires et des fintech bourgeonnent. Shine, qui n'est pas encore rentable, revendique 70.000 entrepreneurs clients.
Juliette Raynal
Les effectifs de Shine, qui emploie aujourd'hui 70 collaborateurs, devraient gonfler dans les mois à venir. Une quinzaine de postes sont actuellement ouverts, précise la néobanque, qui ne prévoit pas de se développer à l'international dans l'immédiat.
Les effectifs de Shine, qui emploie aujourd'hui 70 collaborateurs, devraient gonfler dans les mois à venir. "Une quinzaine de postes sont actuellement ouverts", précise la néobanque, qui ne prévoit pas de se développer à l'international dans l'immédiat. (Crédits : Shine)

Société Générale se muscle sur le marché des pros et des très petites entreprises en s'offrant la néobanque Shine, souvent présentée comme le principal concurrent de Qonto, la néobanque pour les pros et les PME qui a levé 104 millions d'euros en début d'année. Cette acquisition, dont le montant n'a pas été dévoilé, n'est pas si surprenante. Marie-Christine Ducholet, directrice de la banque de détail de Société Générale en France, avait fait part de ses aspirations il y a quelques jours lors de la présentation de la nouvelle appli mobile de la banque de La Défense : "Notre ambition ne se limite pas au marché des particuliers. Nous visons aussi le marché des professionnels et des entreprises et nous prévoyons de nouveaux sites et applis pour ces marchés", avait-elle alors confié. Plutôt qu'un développement interne, sans doute plus fastidieux, la banque a opté pour une croissance externe.

"Avec l'acquisition de Shine, nous allons proposer aux entrepreneurs l'offre la plus large sur ce marché en pleine croissance et à forte valeur.  Le modèle proposé par Shine nous a séduit car il renforce notre promesse relationnelle d'offrir aux clients le meilleur de l'humain et du digital. Enfin, les synergies avec nos différents métiers sont nombreuses et nous permettent d'aller un cran plus loin dans notre stratégie d'Open banking", explique Marie-Christine Ducholet dans un communiqué.

Quelque 70.000 clients

Opérationnelle depuis le printemps 2018, Shine a fait des indépendants sa cible de prédilection. Fondée par Nicolas Reboud et Raphaël Simon, la néobanque revendique aujourd'hui quelque 70.000 entrepreneurs clients. Outre un compte professionnel 100% en ligne associé à une carte bancaire, la fintech s'est attachée à faciliter le quotidien des entrepreneurs et dirigeants d'entreprise en les soulageant des tâches administratives grâce à une batterie de services telle que la facturation, le calcul des charges ou encore un accompagnement comptable.

Shine, qui n'est pas encore rentable, assure réaliser plusieurs millions d'euros de chiffre d'affaires et a déjà levé près de 11 millions d'euros à travers deux tours de table menés par Daphni et XAnge.

"Nous avions eu des propositions pour réaliser une troisième levée de fonds, mais nous avons préféré partir avec Société Générale car cela nous paraissait la meilleure solution pour se développer vite et proposer des solutions comme le crédit. Cela nous permet de profiter du meilleur des deux mondes", fait valoir la jeune société, qui précise que les discussions avec Société Générale remontent à plusieurs mois déjà.

De nombreuses synergies

Les deux entreprises n'étaient pas inconnues l'une de l'autre. Techniquement, Shine s'appuie sur les micro-services bancaires développés par la fintech Treezor, elle-même rachetée par Société Générale en septembre 2018. Si le groupe bancaire assure que Shine "poursuivra son développement de manière indépendante", de nombreuses synergies sont d'ores et déjà prévues. Ainsi, Société Générale, en complément de ses formules existantes, commercialisera l'offre Shine à ses clients professionnels souhaitant une gestion entièrement en ligne et moins coûteuse. De son côté, Shine pourra piocher dans les solutions du groupe pour enrichir son offre avec des produits d'assurance et de paiement, mais aussi des solutions de crédit. Ce qu'elle ne pouvait pas développer jusqu'à présent, faute d'agrément ad hoc.

Les effectifs de Shine, qui emploie aujourd'hui 70 collaborateurs, devraient gonfler dans les mois à venir. "Une quinzaine de postes sont actuellement ouverts", précise la néobanque, qui ne prévoit pas de se développer à l'international dans l'immédiat.

Lire aussi : Les néobanques font la cour aux PME

Un marché lucratif et très concurrentiel

Cette acquisition n'est qu'un énième exemple de l'intérêt très marqué des établissements bancaires pour le marché des professionnels et des petites entreprises, plus lucratif que celui des particuliers, les premiers étant plus enclins à payer pour bénéficier de certaines fonctionnalités leur permettant de gagner en productivité. Le produit net bancaire (PNB, soit la valeur ajoutée créée par l'activité d'une banque) d'un client professionnel actif avoisinerait 2.500 euros, soit cinq fois le PNB moyen d'un particulier, selon une étude d'Exton Consulting.

Crédit Agricole lancera ainsi dès la rentrée prochaine la néobanque Blank tandis que Crédit du Nord (elle-même filiale de Société Générale) a lancé en début d'année sa propre offre Prismea.

Les fintech ne sont pas en reste. Grâce à sa levée de fonds XXL, Qonto entend décrocher un agrément d'établissement de crédit, tandis que Margo Bank, rebaptisée Memo Bank, a déjà décroché ce précieux sésame et vient d'annoncer une levée de fonds de 20 millions d'euros pour un lancement en avant-première en septembre prochain en Ile-de-France.

Juliette Raynal

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