Comment Société Générale met en musique sa stratégie d’open banking

Cybersécurité, coffre-fort numérique, offre juridique, accompagnement des étudiants, préparation à la retraite... La banque de La Défense multiplie les services extra-bancaires pour fidéliser ses clients face au développement rapide des néobanques.
Juliette Raynal
(Crédits : SG)

Demain, pour se prémunir des attaques informatiques, les entreprises auront-elles le réflexe de se tourner vers leurs banques ? C'est le pari de Société Générale, qui a présenté ce jeudi une nouvelle start-up maison baptisée Oppens, dont l'objet consiste à aider les petites et moyennes entreprises à mettre en place une politique de cybersécurité.

Lire aussi : L'open banking: la nouvelle obsession des banques

Oppens est une illustration concrète de la stratégie d'open banking de la banque de La Défense. Cette tendance de fond, qui touche l'ensemble des acteurs du secteur, se traduit par deux mouvements simultanés pour les banques: l'un consiste à s'ouvrir à un écosystème de partenaires pour développer de nouveaux services dépassant les seuls produits financiers. Dans le jargon, on l'appelle "bank-as-a-platform". L'autre se matérialise par une architecture informatique plus ouverte permettant de proposer des services bancaires à d'autres entreprises. C'est le concept de "bank-as-a-service".

Un mouvement qui s'accélère

"L'open banking en tant que bank-as-a-service n'est pas totalement nouveau", assure Marie-Christine Ducholet, la directrice de la banque de détail en France de Société Générale. Franfinance, filiale du groupe dédiée au crédit à la consommation, permet ainsi aux commerçants partenaires de proposer eux-mêmes des crédits à la consommation à leurs propres clients. "Cela fait 25 ans que Franfinance propose ce type de service en marque blanche", indique-t-elle.

Le développement des nouvelles technologies, comme les interfaces de programmation applicative (API),  permettent de fluidifier et même d'industrialiser cette approche comme le montre le cas de Treezor. Cette fintech, rachetée par Société Générale en septembre 2018, met à disposition des start-up de la finance une architecture informatique leur permettant de développer très facilement diverses fonctionnalités bancaires et de se lancer ainsi plus rapidement sur le marché.

Une nécessité face aux néobanques

Si l'open banking n'est pas nouveau, l'arrivée des néobanques et leur croissance rapide sur le marché (3,5 millions de comptes actifs dans l'Hexagone) a changé la donne et a rendu cette approche indispensable pour se différencier. "Aujourd'hui l'open banking est une nécessité", reconnaît Marie-Christine Ducholet. Si les néobanques se concentrent actuellement sur les opérations transactionnelles, "dans quelques années elles élargiront probablement leur offre", anticipe la patronne des réseaux. "Nous souhaitons apporter des services complémentaires pour intensifier notre relation avec nos clients, augmenter leur satisfaction et les fidéliser", poursuit-elle.

Dans cette optique, Société Générale a développé un certain nombre de nouveaux services, comme Boost, une plateforme dédiée au 18-24 ans développée en partenariat avec la start-up Wizbii et regroupant les offres de huit jeunes pousses autour du permis de conduire, de l'apprentissage des langues, ou encore du logement. Pour ses clients commerçants, Société Générale a également noué un partenariat avec la start-up l'Addition afin de leur proposer une caisse enregistreuse sur iPad. Et, pour ses clients TPE, un partenariat avec Fizen pour leur faciliter la comptabilité.

La banque, gardienne des données personnelles

Sur quels autres terrains "extra-bancaires" Société Générale pourrait être légitime ? L'établissement mène aujourd'hui des réflexions sur un coffre-fort numérique pour protéger les données personnelles de ses clients. Comme pour la cybersécurité, il s'agit d'une compétence "intrinsèque" de la banque et qu'elle pourrait rendre accessible à ses clients, qui semblent d'ailleurs être en attente de ce type de service.

En effet, selon le baromètre que vient de publier le cabinet Deloitte, 58% des Français seraient intéressés pour que leur banque ou leur assureur sécurise leurs données personnelles sur Internet. Ils sont 45% à être intéressés par un coffre-fort électronique pour sécuriser leurs documents. "Grâce à leur statut de tiers de confiance, les banques peuvent s'imposer comme des acteurs de la confiance de la donnée. Face aux nouveaux acteurs, elles doivent passer d'un modèle de gestion d'actifs financiers à un modèle de gestion d'actifs numériques", estime Julien Maldonato, directeur de l'industrie financière chez Deloitte.

De futurs relais de croissance

Outre ces questions de données personnelles, Société Générale planche sur une offre juridique à destination des petites entreprises et sur la préparation de la retraite pour ses clients plus âgés. "L'enjeu consiste à identifier quelles sont les préoccupations de nos clients et quels sont les domaines où nous sommes légitimes", résume Marie-Christine Ducholet. Proposés dans une logique de fidélisation, ces nouveaux services pourront "un jour contribuer de façon plus importante au PNB (produit net bancaire, l'équivalent du chiffre d'affaires, ndlr) de la banque", estime la directrice de la banque de détail.

Juliette Raynal

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