Taxe sur les transactions financières : la hausse revotée à l'Assemblée !

Les députés ont à nouveau adopté la hausse de cette taxe, de 0,2% à 0,3%, mais pas son élargissement aux transactions intraday l'an prochain. La place de Paris (et certains députés) pestent contre cette mesure symbolique mauvaise pour l'image à l’heure du Brexit.
Delphine Cuny
La taxe française à 0,3% restera cependant inférieure en taux à la Stamp Duty britannique.

[Article mis à jour à 19h]

Stop ou encore ? Les députés ne sont décidément pas d'accord entre eux sur le sujet hautement symbolique de la taxe sur les transactions financières (TTF). Cette taxe, d'un taux de 0,1% sur l'acquisition d'actions de sociétés françaises à son adoption en février 2012 puis portée à 0,2% à son entrée en vigueur en août de la même année par la nouvelle majorité de gauche, est régulièrement rediscutée lors de l'examen du budget. En vue de l'augmenter, d'élargir son assiette, ou de l'abolir.

Ce mercredi, en commission des finances, lors de l'examen en deuxième lecture du projet de loi de finances 2017, les députés ont carrément supprimé la hausse du taux à 0,3% et l'élargissement, l'an prochain, de l'assiette de la TTF, pour y inclure les transactions dites "intraday", initiées et dénouées au cours d'une seule et même journée, qu'ils avaient pourtant votés en première lecture. Les recettes que cette taxe devait rapporter en 2017 étaient évaluées à 848 millions d'euros (soit plus que les prélèvements sur le produit des jeux dans les casinos, par exemple). La moitié de la hausse de la taxe devait être affectée à l'Agence française de Développement (270 millions), l'autre moitié devait compenser la baisse de la CSG votée en faveur des retraités modestes.

Mais dans la nuit de jeudi à vendredi, les députés ont à nouveau voté la hausse du taux de la TTF à 0,3%, mais supprimé son extension. Vendredi après-midi, ils ont finalement adopté cette extension en 2018, avec le soutien du gouvernement, dans l'attente d'un accord sur la mise en place d'une TTF européenne, en cours de discussions entre dix pays de l'Union.

Mauvais signal en période de Brexit

Cette hausse est "totalement inopportune" ont plaidé à plusieurs reprises les représentants de la place de Paris, notamment le président de paris Europlace, Gérard Mestrallet.

Plusieurs députés de droite  étaient monté au créneau en commission, reprendant cet argumentaire, à l'image de Véronique Louwagie (Les Républicains, Orne) :

« Cela paraît particulièrement inopportun dans la période d'incertitudes ouverte par le Brexit. La place de Paris cherche à attirer de nouvelles entreprises, et il faudrait plutôt leur dérouler le tapis rouge. Cet article est tout le contraire d'un message d'attractivité. »

Un discours de défense de la compétitivité également tenu par Charles de Courson (UDI, Marne) :

« Si nous voulons conserver une petite chance d'attirer à Paris de nouvelles entreprises, et en particulier les plateformes de compensation en euros - qui se trouvent aujourd'hui à Londres, ce qui est assez savoureux -, alors supprimons cet article. Arrêtons de nous tirer des balles dans le pied ! »

Même le socialiste Christophe Caresche (Paris), qui fait partie de la mission parlementaire Brexit, avait souligné mercredi que :

« Il est évident qu'il existe aujourd'hui une compétition, notamment entre les places financières de Francfort et de Paris, pour récupérer des activités implantées à Londres. Augmenter la TTF, c'est envoyer un signal très négatif. »

Pour autant, Gérard Mestrallet lui-même avait reconnu que :

« Le montant en valeur absolue restera inférieur à ce qui est appliqué à Londres. »

La "stamp duty" à la City s'élève en effet à 0,5% sur l'acquisition d'actions et de 1,5 % si les titres achetés transitent par une chambre de compensation lors d'un transfert à l'étranger.

__

Delphine Cuny

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 14
à écrit le 18/12/2016 à 7:41
Signaler
comment voulez vous attirer des investisseurs si vous changer les règles chaque année c'est bien le probleme de la france Nous sommes petits et resterons des petits, bravo à nos politiques de gauche comme de droite

à écrit le 16/12/2016 à 19:37
Signaler
IL FAUT ARETTEZ LES HYPOCRISIE QUAND C EST LES BANQUES QUI TAXENT C EST NORMAL ET QUAND C EST L ETAT C EST ANORMAL? L ETAT DOIT TROUVEZ DES RECETTES POUR FINANCER SES REFORMES???

à écrit le 16/12/2016 à 17:55
Signaler
C'est fou ce que les principes de toujours, sont de plus en plus remis en cause à propos de tout et n'importe quoi. Normalement, le principe de l'impôt est qu'il est sans lien direct avec les dépenses de l'Etat. Ici, cette taxe est plutôt un impôt pu...

à écrit le 16/12/2016 à 17:39
Signaler
Dans les années 70, il existait un impôt sur les transactions boursières, il était de 0,3% La mondialisation et la dérégulation ont provoqué une course effrénée à la baisse des commissions , on est passé de 0.65 % à 0.01 du mille. Comme les interméd...

le 17/12/2016 à 18:28
Signaler
....et la tranche supérieure marginale de l'impôt sur le revenu dépassait 70%. Ce qui n'a pas empêché la France de se développer industriellement de façon importante , tout en préservant sa stabilité financière et budgétaire, et en assurant une b...

à écrit le 16/12/2016 à 17:37
Signaler
...C'est l'inverse qu'il faut faire en taxant les opérations intraday qui ne sont que pure spéculation. Les investisseurs de long terme devraient au contraire être exonérés.

à écrit le 16/12/2016 à 16:36
Signaler
Il faut comprendre que comme pour les mutuelles du privé (et la magouille sous jacente pour financer l'AME ) , c'est la classe moyenne qui paiera , ici celle qui a le malheur de financer les entreprises en ayant des actions et non bien évidemment les...

à écrit le 16/12/2016 à 13:49
Signaler
Taxe hautement symbolique comme l'ISF, mais hautement destructrice d'image et de valeur pour les investisseurs du monde entier. Quand Bercy et l'élite parlementaire cesseront-ils de raisonner hexagonal, comme si la France était le centre du monde. On...

le 16/12/2016 à 14:36
Signaler
"Taxe hautement symbolique comme l'ISF, mais hautement destructrice d'image et de valeur pour les investisseurs du monde entier." "Hautement destructrice" ? Vraiment, pour 0,3 % ? Mais quand c'est une banque qui prend 0,8 % de commission sur les tra...

le 16/12/2016 à 15:18
Signaler
l'isf ne touche que les personnes avec un gros patrimoine, cette taxe touche tout ceux qui achète la moindre action dans le cadre d'un pea. Merci bien aux députées...

à écrit le 16/12/2016 à 13:42
Signaler
" Mon Ennemie c'est la Finance ". C'est l'amie de tous les autres pays, exceptés france, venezuela, république démocratique de corée du nord. dernier I.S.F du monde, 58% de dépenses publiques /P.I.B. Date de libération fiscale mi-aout. Et bientot ...

le 16/12/2016 à 14:31
Signaler
"Et bientot en france communiste, Loyer Fiscal pour punir les propriétaires de leur logement." Pour l'instant rien n'est fait à ce sujet.

à écrit le 16/12/2016 à 13:17
Signaler
Toujours aussi performant le peuple de Bercy pour créer ou augmenter les taxes, quand vont ils se rendre compte, que c'est cette frénésie bloqué toute l'économie du pays

le 16/12/2016 à 15:23
Signaler
et encore au début de l'année le conseil institutionnel à retoqué l'administration car elle voulait enlever les moins valus du dispositif abattement, le conseil leur à gentiment dit que cela relevait de la loi et qu'il fallait passer par le parlement...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.