Willa coache les entrepreneuses de la Fintech

La structure d'accompagnement spécialisée dans l'entrepreneuriat féminin a récemment lancé un programme dans le secteur de la Fintech. Dans ce milieu, les femmes ne représentent que 9% des équipes fondatrices. Six premières jeunes pousses ont été sélectionnées et une deuxième promotion est prévue en 2020.
Juliette Raynal
Eleonore de Vial est la cofondatrice et directrice générale de la Fintech Nephelai. Elle fait partie de la première promotion du programme Women in Fintech lancé par Willa.
Eleonore de Vial est la cofondatrice et directrice générale de la Fintech Nephelai. Elle fait partie de la première promotion du programme Women in Fintech lancé par Willa. (Crédits : DR)

"Etre une femme entrepreneuse m'a permis de sortir plus facilement du lot", admet Tiphaine Saltini, cofondatrice de Neuroprofiler, une jeune entreprise spécialisée dans la modélisation des profils de risque et qui compte BPCE, BNP Paribas ou encore ING et Société Générale comme clients. Et pour cause, dans l'univers de la Fintech, ces startups du monde de la finance, les femmes ne représentent que 9% des équipes fondatrices, selon une étude publiée en avril dernier par l'association professionnelle du secteur France Fintech, Arkéa et le cabinet Roland Berger. Au carrefour de deux mondes, la Fintech « hérite des insuffisances des secteurs de la finance et de la tech », soulignait l'enquête.

Dans cette marée d'hommes, les quelques femmes entrepreneuses sont donc plus visibles. Parmi elles, Diana Brondel, fondatrice de l'appli bancaire pour ados Xaalys, Eva Sadoun à l'origine de la plateforme Lita.co et qui milite pour une finance éthique ou encore Adina Grigoriu, cofondatrice d'Active Asset Allocation.

Partant de ce constat, l'association Willa (anciennement Paris Pionnières), structure spécialisée dans l'accompagnement des femmes dans l'entrepreneuriat, a lancé un nouveau programme dédié à la Fintech. "Nous allons chercher les femmes là où elles ne sont pas. Nous avons une approche verticale, secteur par secteur", explique Marie-Virginie Klein, vice-présidente de Willa. Avant la Fintech, l'association s'est ainsi attaquée aux domaines du sport et de la deeptech, ces startups issues du monde de la recherche et qui reposent sur des innovations de rupture.

Une promotion de six Fintech

Le programme Willa Women in Fintech a été développé en partenariat avec la banque d'affaires Rothschild & Co (qui appartient à un secteur de la finance particulièrement masculin). Il s'adresse aux Fintech en phase d'amorçage et dont les équipes fondatrices comprennent au moins une femme.

"Après le lancement de l'appel à projets, nous avions eu quelques candidatures mais ce n'était pas suffisant. On s'est demandé si nous allions y arriver. Nous avons sollicité tous nos réseaux et avons finalement recueilli 50 belles candidatures. Cela reste toutefois inférieur à ce qu'on observe dans nos autres programmes", reconnaît Marie-Virginie Klein.

A l'issue du processus de sélection, Willa a retenu six Fintech : Wefinup a développé un directeur financier virtuel pour les TPE et PME. Serendptech digitalise les procédures autour de la connaissance client (KYC). Nephelai détecte les erreurs dans les saisies de transactions financières. Deltablock entend rendre les actifs numériques plus liquides. Danae Human Intelligence développe un modèle de valorisation de l'art digital. Et, B4Finance, le coup de cœur du jury, développe un système expert de lutte contre le blanchiment d'argent pour les sociétés de gestion de patrimoine et d'actifs, les banques privées.

"Avant de rejoindre ce programme, je n'avais jamais rencontré d'autres femmes entrepreneuses dans la Fintech. Je suis très sensible à la question de la parité et ayant travaillé dans la finance et dans la tech, j'ai rencontré très peu de femmes dans mon parcours. J'aime l'idée de pouvoir se serrer les coudes, de s'échanger des conseils et des tuyaux"; témoigne Eléonore de Vial, cofondatrice et directrice générale de la startup Nephelai, qui compte parmi ses premiers clients Société Générale et la société de gestion d'actifs OFI Asset Management.

Coaching financier et confiance en soi

Les six Fintech sélectionnées disposent chacune d'un mentor parmi les collaborateurs de la banque d'affaires. En plus d'un accompagnement personnalisé dans le domaine de la finance via notamment un partenariat avec l'incubateur le Swave, chaque équipe bénéficie d'un accompagnement sur la confiance en soi et la façon de pitcher son projet. C'est la marque de fabrique de Willa et un moyen de les préparer à l'étape de la levée de fonds.

"On ne pose pas les mêmes questions aux femmes qu'aux hommes. Il y a souvent plus de questions sur leur vie personnelle", indique Marie-Virginie Klein. A cause de biais, souvent inconscients, les investisseurs ont aussi tendance à interroger davantage les femmes sur leurs échecs, là où les hommes seront amenés à parler de leurs futurs succès. Une femme en France a ainsi 30% de chances en moins de lever des fonds qu'un homme, selon une étude du BCG pour le collectif Sista, qui promeut la mixité dans l'entrepreneuriat tous secteurs confondus.

"Je n'ai pas l'impression qu'être une femme a été un frein à la levée de fonds, mais il faut être prête à endosser une certaine posture. Il faut être capable de porter le projet loin, avoir une vision utopique et savoir être dans un fort débat rhétorique", conseille Eva Sadoun de Lita.co.

De son côté, Willa s'apprête à lancer un nouvel appel à projets pour constituer la deuxième promotion du programme Women In Fintech. "Pour ce deuxième cru, nous aimerions sélectionner jusqu'à dix Fintech", confie Marie-Virginie Klein.

Juliette Raynal

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