Quel avenir pour l'usine d'assemblage d'Airbus A320 en Chine ?

Le partenariat actuel sur la production d'A320 en Chine entre Airbus et les parties prenantes chinoises s'achève début 2016. Les négociations pour l'étape d'après viennent de débuter. Elles doivent prendre en compte l'arrivée sur le marché du C919, un avion chinois sur le même segment de l'A320.
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Début de l'acte II pour l'usine d'assemblage d'A320 de Tianjin en Chine. Les négociations entre Airbus et les parties chinoises pour la suite à donner au joint-venture qui exploite le site (49 % pour Airbus, 51 % pour un consortium chinois dans lequel figure le constructeur aéronautique Avic) ont débuté récemment a indiqué mardi à Pékin le président d'Airbus en Chine, Laurence Barron. Signé en 2005, l'accord actuel prend fin au premier trimestre 2016. A cet horizon, 284 devront être construits à Tianjin selon l'objectif fixé. 88 ont été livrés depuis 2009. Trois avions sont aujourd'hui construits chaque mois, avec l'objectif de monter à quatre.

Production de l'A320 Neo ?

Laurence Barron n'a souhaité faire aucun commentaire sur l'objet des négociations. Les questions sont pourtant nombreuses au vu des bouleversements que connaîtra le marché des moyen-courriers à l'horizon 2016, avec la Chine comme acteur. Quelles sont en effet les intentions de Pékin qui développe actuellement le C919, un avion de la même catégorie que l'A320, prévu pour 2016 (s'il n'y a pas de retard), un an après le lancement par Airbus d'un A320 remotorisé Neo ? Comment s'inscrit justement l'A320 Neo dans les discussions ?

Seule chose sûre pour Laurence Barron. Si la chaîne d'assemblage continue au-delà de 2016, l'A320 Neo sera "forcément" construit à Tianjin. Ce qui implique des commandes émanant de compagnies chinoises, dont aucune n'a pour l'instant commandé cet appareil que toute la planète s'arrache. Pour un observateur, le maintien d'un site d'assemblage en Chine pourrait permettre de contrôler le C919 et de faire travailler des sociétés chinoises dans le but d'atténuer le protectionnisme chinois sur certains avions.

L'apport de la chaîne chinoise à Airbus en débat

Aux yeux d'Airbus, une implantation en Chine est cruciale car elle permet, selon l'avionneur, d'obtenir des grosses commandes des compagnies chinoises. Celles-ci doivent être validées par l'Etat. Airbus étaye son point de vue, en expliquant être passé de 6 % de parts de marché en 1994, à 48 % aujourd'hui avec 805 appareils en service (et 356 en commande). "Les ventes en Chine justifient notre présence", affirme Laurence Barron. Pour autant, comme le souligne un expert, "Airbus n'a pas gagné de parts de marché particulière en Chine en y implantant une ligne d'assemblage".

Un discours repris par certains professionnels du secteur. "A chaque fois qu'Airbus a engrangé une grosse commande, Boeing en a reçu une du même ordre dans les semaines qui suivaient", explique l'un d'eux. Effectivement c'est ce qui s'est grosso modo passé depuis 2005. Depuis l'annonce du choix de Tianjin, Boeing a engrangé près de 500 commandes d'avions fermes (hors les 72 appareils de Cathay Pacific, le transporteur de Hong-Kong). La question reste donc de savoir si Airbus aurait obtenu autant de commandes sans aller produire en Chine. Airbus assure que non. Il faut l'espérer car ce n'est pas non plus du côté des coûts de production que l'usine de Tianjin a contribué positivement aux résultats d'Airbus. Depuis sa première livraison en 2009, les coûts de Tianjin restent supérieurs à ceux des deux sites européens de Toulouse et Hambourg. Le site doit atteindre l'équilibre cette année.

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Commentaires 11
à écrit le 18/06/2012 à 11:30
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Il ne faut pas prolonger la vie de cette chaîne de montage au-delà de 2016; elle permet en tout cas aux chinois d'acquérir l'expertise des chaînes de montage "aéro" de grandes dimensions afin de mieux nous concurrencer ensuite. La preuve en est qu'el...

à écrit le 14/06/2012 à 21:23
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Si elles sont obnubilées à 6 mois par les résultats, c'est parce que les actionnaires sont derrières eux entrain de gueuler pour toucher du fric sans rien faire et gâcher la vie de centaines de milliers de personnes au chômage car on délocalise même ...

à écrit le 14/06/2012 à 15:31
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Vous avez peut-être vu dans des documentaires comment cette guêpe noire en pondant dans le corps d'une chenille permettait à sa larve de se développer lentement, jusqu'à ce que son hôte soit totalement digérée... La nature a encore beaucoup à apprend...

à écrit le 14/06/2012 à 11:12
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en aviation, comme dans beaucoup d'autres secteurs industriels, la Chine est seulement interressée par capturer (ou voler selon le cas) le plus de technologie possible, pour ensuite écarter les entreprises occidentales tellement obnubilées par les pr...

à écrit le 14/06/2012 à 9:28
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Donc airbus s'est mis de la vaseline, a produit à perte en Chine pour filer aux chinois la technologie pour faire leurs propres avions. Au final, ils vont produire leur avion, arrêter d'acheter les autres et exporter dans tout le monde à prix cassés....

à écrit le 14/06/2012 à 9:19
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c'est uniquement de l'assemblage et beaucoup de piéces sont faites ailleurs du coup même si les chinois vous foutes a la portes ils leurs sera encore bien complique pour piquer a la techno .. de plus je ne comprend pas votre jalousie face aux chinois...

le 14/06/2012 à 10:48
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ce commentaire n'est pas celui de l'autre po ci-dessous

à écrit le 14/06/2012 à 7:52
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Quand on voit que les chinois n'ont pas ou peu acheté les programmes majeurs d'Airbus (A380, A350, A320 Neo), on se demande à quoi sert Tianjin

le 14/06/2012 à 9:02
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Le site de Tianjin non rentable ne sert pas grand chose a Airbus mais il sert beaucoup aux Chinois qui disposent ainsi d'un centre de formation aeronautique a ciel ouvert et financé en plus par les europeens. Ils ont ainsi le jackpot technologique a ...

à écrit le 13/06/2012 à 20:06
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Facile a deviner, les chinois vont recuperer le site, mettre les europeens dehors et garder toute la technologie en la developpant par la suite. Belle vision Airbus. Au moins Boeing n'a pas fait cette erreur.

le 28/06/2012 à 11:26
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C'est sur que quand on ne fait rien, on fait peu d'erreur.

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