Aéronautique : "Ce plan de soutien nous permet d'accélérer des projets innovants" (Patrice Caine)

Dans une interview accordée à La Tribune, le PDG de Thales réagit très positivement à l'annonce du plan de soutien de 15 milliards d'euros annoncé mardi par le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire. Pour Thales, il va permettre d'accélérer des projets innovants comme le futur système de gestion de plan de vol (FMS), le cockpit de nouvelle génération et les centrales inertielles quantiques.
Michel Cabirol
Avec ces annonces, le ministère des Armées a démontré qu'il était en soutien du secteur de l'aéronautique civile, dont les entreprises sont très souvent duales. C'est un point très important d'affirmer que les budgets de défense pouvaient contribuer à amortir cette crise. (Patrice Caine, PDG de Thales)
"Avec ces annonces, le ministère des Armées a démontré qu'il était en soutien du secteur de l'aéronautique civile, dont les entreprises sont très souvent duales. C'est un point très important d'affirmer que les budgets de défense pouvaient contribuer à amortir cette crise". (Patrice Caine, PDG de Thales) (Crédits : Martin Bureau / AFP)

LA TRIBUNE : Comment accueillez-vous le plan aéronautique de 15 milliards d'euros annoncé par Bruno Le Maire ? Va-t-il vraiment aider la filière ?
PATRICE CAINE : Je l'accueille très positivement et remercie le gouvernement. De façon factuelle, la filière aéronautique ne pouvait compter que sur elle avant l'annonce de ce plan de soutien majeur pour notre industrie. Ce n'est plus le cas aujourd'hui. Ce plan de soutien va nous permettre d'accélérer des projets innovants, qui auraient pris beaucoup plus de temps sans l'aide de l'État, notamment ceux liés à la recherche soutenue dans le cadre du CORAC. Thales, comme d'autres groupes, va bénéficier de l'augmentation des budgets du CORAC, qui vont être multipliés par deux en 2020 et par quatre en 2021 et en 2022. Ce qui est également important pour nous, industriels, c'est la prolongation du chômage partiel à condition d'obtenir, dans le cadre des négociations avec la ministre du Travail, des modalités d'application raisonnables. Ce sont les deux sujets les plus dimensionnants du plan de soutien pour Thales.

Pouvez-vous donner des exemples de programmes que va permettre l'augmentation des budgets du CORAC pour Thales ?
Concrètement, Thales va pouvoir développer un nouveau système de gestion de plan de vols, le Flight Management System en anglais, véritable cerveau de l'avion et cela grâce au soutien de la DGAC. L'objectif est d'être prêt dès 2023. Ce nouveau FMS va optimiser les trajectoires des avions en les connectant et en collaborant en temps réel avec les systèmes de gestion du trafic aérien, domaine dans lequel la France et Thales sont numéro 1 mondial. Cela va permettre de réduire l'empreinte carbone des aéronefs de 10% dès 2023 ! Nous allons également accélérer le développement des cockpits de nouvelle génération qui seront plus intuitifs et qui iront bien plus loin dans l'aide à la décision afin de soulager la charge des pilotes. Face à la complexité des systèmes, l'intelligence artificielle leur apportera une aide à la décision précieuse et les pilotes pourront se concentrer toujours plus sur l'essentiel, la sécurité des vols. Enfin, nous allons pouvoir développer nos fameuses centrales inertielles quantique à base d'atomes froids permettant d'améliorer plus de mille fois la précision des outils de positionnement des avions, tout en étant indépendant des signaux GPS.

Donc, tous les crédits R&D n'iront pas qu'à la propulsion hydrogène pour le futur avion vert?
Au-delà de l'avion décarboné, qui représente un  marqueur important et une réelle attente de la société, l'objectif est triple : non seulement soutenir le développement d'un futur avion vert, mais aussi connecté et numérique.

Le plan de rebond en matière de défense privilégie principalement Airbus. N'est-ce pas une déception ?
Soutenir le champion aéronautique européen est primordial dans cette crise. Thales est d'ailleurs à bord de très nombreuses plateformes d'Airbus. En outre, nous sommes un acteur majeur du programme ALSR, l'avion léger de surveillance et de renseignement, dont un exemplaire a été commandé par anticipation. Avec ces annonces, le ministère des Armées a démontré qu'il était en soutien du secteur de l'aéronautique civile, dont les entreprises sont très souvent duales. C'est un point très important d'affirmer que les budgets de défense pouvaient contribuer à amortir cette crise. Cela démontre une nouvelle fois l'importance cruciale que revêt le respect de la loi de programmation militaire, maillon essentiel de l'excellence industrielle et technologique française, voulue par le président de la République et défendue par la ministre des Armées.

Michel Cabirol

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Commentaires 13
à écrit le 12/06/2020 à 10:29
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projets innovants, il n'y a que l'embarras du choix, relocaliser les équipements des hôpitaux, cliniques et des labos fabriqués à l'étranger ! voilà qui donnerait de l'activité, relancer la made in France, la commande publique c'est à dire nos impô...

à écrit le 11/06/2020 à 9:50
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Comme d'habitude c'est les grands groupes où sont nos élites que l'état sauve à coup de milliards de subventions. C'est normal il y a de la solidarité pour notre oligarchie mais pour le reste ?

le 12/06/2020 à 10:28
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Post inutile. N’oubliez pas que ces grands groupes en ont payé des milliards et des milliards de cotisations sociales et d’impots. Si on faisait les plus et les moins, l’état y est largement gagnant. Et les centaines de milliers de familles qui viven...

à écrit le 11/06/2020 à 9:40
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Kafkaien à plus d'un égard: soutenir une industrie performante, dont il y a quelques mois, on voulait presque la peau (les émissions de gaz à effets de serre jamais compensables..), lutter contre le chômage en injectant des volumes de liquidités qui ...

à écrit le 11/06/2020 à 8:56
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Il permet surtout de creuser la dette, cette subvention de l'offre étant bien moins intéressante pour soutenir l'économie qu'une subvention de la demande que l'on pourrait accompagner facilement d'un made in france ou d'une nécessité d'acheter vertue...

à écrit le 11/06/2020 à 8:46
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On va enfin voir dans le ciel des avions à propulsion nucléaire !

à écrit le 11/06/2020 à 7:18
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A quel moment Thalès est elle en difficulté ? 11% d'ebit... Fms etc... Le fond d investissement avec airbus va certainement permettre de faire main basse sur qq PME a vil prix, il n' y a rien pour la région toulousaine et son tissu de PME du synthec,...

à écrit le 11/06/2020 à 7:09
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Donc cette aide n'est pas lié au Covide mais un simple subventionnement de l'état à des entreprise visiblement mal gérées car elles n'arrivent pas à dégager des fonds pour le R&D.

à écrit le 11/06/2020 à 4:52
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15 milliards, pas de pb, les generations futures s'en accomoderont.

à écrit le 10/06/2020 à 21:14
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On est rassuré... Tout ces "fleurons" qui ont besoin de 15 milliards pour survivre...

à écrit le 10/06/2020 à 19:33
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ce n est pas la priorité du moment

à écrit le 10/06/2020 à 19:26
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L'avion électrique ou à hydrogène, c'est de la foutaise. Airbus et Rolls viennent d'ailleurs d'enterrer leur projet d'un tout petit avion électrique de transport régional. Les Russes avaient expérimente avec un triréacteur utilisant du gaz naturel, a...

à écrit le 10/06/2020 à 19:13
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Accelerer les projets innovants? Ca c'est pourquoi Airbus a annulle la programme E Fan X pendant le confinement. Comme le premier petit Efan avant.

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