Aéronautique : les principales réactions au plan de relance

Les réactions sont nombreuses après l'annonce du plan de relance de l'aéronautique présenté mardi par le gouvernement. Des industriels à Greenpeace, en passant par les syndicats, la présidente de la Région Occitanie, certains députés, l'Acnusa (l'autorité de contrôle des nuisances aéroportuaires), les entreprises de sûreté aéroportuaire..., voici les principales réactions.
(Crédits : Christinne Muschi)

Un acte fondateur de la France industrielle d'après-crise", estime le Gifas (Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales), quand Greenpeace juge "indispensable de réduire le trafic aérien": voici les principales réactions au plan de 15 milliards d'euros pour soutenir le secteur aéronautique, touché de plein fouet par la crise sans précédent qui frappe le transport aérien. Ce plan vise à sauver les emplois et à accélérer la conception d'un avion neutre en carbone.

Lire aussi : Un plan aéronautique pour sauver 100.000 emplois et créer un avion à hydrogène

Les industriels

Gifas

"Ce plan est ambitieux et historique", a déclaré Eric Trappier, président du groupement des industries aéronautiques et spatiales (Gifas). "Dans ce moment si crucial" pour la filière aéronautique "où elle joue sa survie", il constitue selon lui "un acte fondateur de la France industrielle d'après-crise en reconquête de son avenir". Si l'objectif d'un avion qui n'émet pas de CO2 à l'horizon 2035 est "ambitieux", il estime que "la France, quand elle est moteur, peut contribuer à tirer les autres composantes de l'Europe".

Lire aussi : L'avion neutre en carbone en 2035, "ambitieux mais faisable" (président du Gifas)

Airbus

"Ce plan pour nous est très satisfaisant (...) Il répond aux attentes principales qu'on avait et me paraît à la fois de bonne ampleur et bien adapté dans son contenu, et permet de regarder un certain nombre de problématiques de court terme et aussi les problématiques de moyen et long terme", a déclaré le président exécutif d'Airbus Guillaume Faury.

Safran

Le directeur général de Safran Philippe Petitcolin se félicite des mesures prises pour autoriser le chômage partiel: "c'est quand même ça la chose la plus importante, on ne préservera l'emploi que si les mesures nous permettent de continuer à vivre". Soulignant "un niveau d'incertitude qui n'a jamais été aussi fort dans l'industrie aéronautique" et la crainte de n'avoir pas encore "touché le fond de la bassine", il a évoqué un "plan de transformation" de son entreprise, tout en espérant "ne pas avoir à réaliser de licenciements secs dès lors qu'on arrivera à un accord avec nos partenaires sociaux".

Thales

"Tout soutien en cette période très compliquée pour l'aéronautique civile est une bonne nouvelle et je remercie le gouvernement", a réagi le PDG de Thales Patrice Caine. "Cela va nous aider considérablement en particulier sur la partie R&D, là où se joue le futur d'un groupe comme Thales. C'est par l'innovation qu'on se distingue de nos concurrents américains".

Dassault Aviation

"Ce plan apporte une aide cruciale à la chaîne de sous-traitance française durement impactée par la crise liée à la Covid-19", a écrit le groupe dans un communiqué.

Cluster Altytud, qui réunit 60 entreprises des Hauts-de-France de la filière aéronautique

"Quinze milliards, c'est plus que ce qui était annoncé", selon son vice-président Arnaud Soulet et directeur commercial chez Laroche Groupe. "Ces mesures, comme le chômage partiel, nous en avons besoin maintenant. Nous avons besoin de cette perfusion de l'Etat pour passer la vague".

Les syndicats

FO Métallurgie

Pour Edwin Liard, secrétaire fédéral FO de la Métallurgie, il "reste quand même quelques inquiétudes", même si "tout ce qui a été fait pour préserver les emplois, les compétences de haute technologie (...) est rassurant pour la filière".

CFE-CGC Métallurgie

"L'essai se doit désormais d'être transformé (...) Nos militants vont désormais faire face à des négociations difficiles qui mêleront emplois, accords de performance collective, formation et compétences. L'Etat a été à la hauteur. Aux entreprises de l'être à leur tour. Elles doivent désormais s'interdire d'annoncer" des plans sociaux, affirme le syndicat.

Fédération des travailleurs de la métallurgie CGT

Pour la FTM-CGT, "les aides publiques doivent (...) être consacrées à préserver les emplois". "L'argent public ne peut pas servir à payer les suppressions d'emplois et les fermetures de sites", a estimé la fédération dans un communiqué, réclamant "un contrôle de ces aides par les pouvoirs publics et les représentants des salariés".

Carole Delga, présidente de la Région Occitanie

"Pour encaisser le choc pour les 18 mois à venir, ne pas détruire les compétences en préservant l'emploi et devenir leader mondial de l'avion vert, je pense que le plan devra être étoffé. En effet, en dépit des apparences, ce plan n'est pas suffisamment dimensionné, financièrement et par rapport aux enjeux de la filière. Sur les 15 mds d'€ annoncés, 7 mds d'€ sont déjà fléchés pour soutenir Air France. Donc le plan de soutien en tant que tel c'est 8 mds d'€. Il en est de même sur les outils en fonds propres. Alors que nous avons défendu auprès du ministre de l'Economie l'idée d'un fonds d'1 md d'€ pour un effet levier de 2 mds d'€, le Gouvernement en propose aujourd'hui la moitié. La question des fonds propres doit être enrichie afin de bénéficier également aux TPE/PME.  Le premier objectif du plan doit être de préserver les compétences avec un dispositif musclé. Dans l'industrie, le nerf de la guerre, c'est la compétence. Or sur cette question, le plan présenté aujourd'hui est trop flou et renvoie aux discussions en cours avec une autre ministre. L'urgence est pourtant de mettre en place un régime spécifique de chômage partiel de longue durée à la filière aéronautique, pour les 18 à 24 mois à venir (à préciser), comme c'est en discussion en Allemagne, que les Régions pourraient abonder par le biais de la formation. D'ailleurs, en Occitanie, nous y sommes prêts en partenariat avec les organisations syndicales et les représentants des salariés de la filière. Mais pour cela, il faudra encore que l'Etat nous donne les moyens de nos ambitions. Comme il l'a fait pour les communes et les Départements, les Régions attendent des dotations budgétaires exceptionnelles afin de pouvoir financer des formations supplémentaires. Enfin, sur la forme, je partage la déception des salariés de la filière : parce que nous parlons du fleuron de notre souveraineté industrielle, du secteur le plus créateur d'emplois ces dernières années, de 360 000 emplois directs au niveau national, de l'avenir de plusieurs territoires et des vies de personnes qui seront impactées par le chômage, ce plan aurait mérité d'être présenté par le Président de la République lui-même sur le terrain. D'autant qu'en dépit de l'énergie et de la mobilisation que je reconnais volontiers au Ministre de l'économie sur le sujet, nous savons tous que l'avenir de la filière se jouera au niveau européen, et impliquera comme toujours en la matière des négociations fines d'équilibrage franco-allemand qui ne peuvent se tenir qu'entre chefs de l'Etat. Une prochaine visite serait bienvenue. »

Vincent Capo-Cannelas (sénateur de la Seine-Saint-Denis)

Le plan annoncé pour le secteur aéronautique paraît bien calibré et distingue bien les temporalités entre le sauvetage de l'emploi et du savoir faire, la recherche, puis la transition écologique. Restent dans l'angle mort la compétitivité et les charges des compagnies spécifiques à la France. Il n'y a pas d'industrie aéronautique forte sans compagnies aériennes nationales fortes. Il faut un volet compétitivité des compagnies (adaptation des charges et des coûts) en plus des garanties et des prêts pour Air France. Cette dimension manque au plan de Bruno Le Maire.

Acnusa, l'autorité de contrôle des nuisances aéroportuaires

Gilles Leblanc, président de l'Acnusa : "L'autorité de contrôle des nuisances aéroportuaires se félicite du plan de soutien au secteur de l'aéronautique : il s'agit notamment de sortir, dans le cadre du renouvellement des flottes des compagnies aériennes, les avions les plus bruyants et polluants. Il est également important de favoriser les meilleures conditions pour que l'industrie puisse continuer à produire des aéronefs et des systèmes de navigation plus performants. Il en va de l'amélioration de la qualité de vie des populations exposées mais aussi des personnels travaillant sur les plateformes. La réduction des nuisances impactant la santé, l'environnement et le climat dépend aussi du facteur humain. Les hommes et les femmes de l'aéronautique, mais aussi ceux de l'aviation civile doivent intégrer l'environnement comme ils ont intégré la sécurité et la sureté. Les gestionnaires aéroportuaires aussi ont un rôle à jouer : l'approche se doit d'être réellement équilibrée en agissant sur la réduction des nuisances à la source (les avions eux mêmes), l'optimisation des trajectoires de navigation, la planification urbaine et l'adaptation des règles pour répondre aux objectifs locaux. L'Acnusa appelle le Gouvernement à moderniser rapidement les règles environnementales pour garantir aux collectivités et aux populations riveraines des aéroports que la reprise des activités ne se fera pas au mépris de la santé, de l'environnement et du climat."

Syndicat des entreprises de sûreté aéroportuaire (Sesa)

Pour Jean-Baptiste Thélot, le présidentdu Sera, il apparaît surtout de cette intervention que, pour le gouvernement, le secteur de l'aérien se résume aux avions (compagnies aériennes + industrie aéronautique) mais il semble oublier que les avions ont besoin d'aéroports pour atterrir! Même si des précisions sont à venir ces prochains jours, il semble prévisible que les aéroports et leurs sous-traitants soient les grands oubliés ..

Greenpeace

"L'avion le moins polluant, c'est celui qui ne vole pas", a affirmé l'ONG de défense environnementale dans un communiqué, fustigeant les ambitions de "futurs avions soi-disant décarbonés". "Le gouvernement continue à se voiler la face sur l'essentiel: réduire le trafic aérien est indispensable", estime Greenpeace France qui relève qu'outre ces 15 milliards consacrés au secteur aéronautique, huit autres ont été à l'automobile "et toujours zéro pour la relance du ferroviaire".

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Commentaire 1
à écrit le 10/06/2020 à 20:25
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Ben les avions ont été testés au E85 et ça marche bien, plus qu'a cultiver les jachères et mettre du colza.

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