Selon des sources concordantes, Airbus, Dassault Aviation, Safran et Thales - le "Big Four" de l'aéronautique française - vont lancer la semaine prochaine un appel d'offres pour la gestion du fonds dédié à l'aéronautique, et plus spécifiquement aux ETI et PME du secteur en souffrance avec l'arrêt ou presque des livraisons d'avions commerciaux. Safran y tenait. Quatre à cinq fonds devraient se lancer dans cette compétition, dont ACE Management (Tikehau Capital), qui était pourtant pressenti pour gérer ce fonds d'urgence (Aerofund 4) sans passer par un appel d'offres. L'objectif du "Big Four" est d'aller le plus vite possible et de sélectionner un candidat avant le début du mois de juillet. Le gouvernement et les quatre grands de l'aéronautique française comptent réunir 1 milliard d'euros mais le fonds devrait être lancé avec une mise de départ estimée entre 500 et 600 millions d'euros, selon un proche du dossier.
Le plan aéronautique va être probablement présenté mardi par Emmanuel Macron, accompagné par le ministre de l'Économie Bruno Le Maire, sur le site d'une PME en Ile-de-France, voire à Toulouse. Tout dépendra des contraintes d'agenda du président. Les modalités pratiques de cet événement vont être décidées ce week-end. Le choix d'une PME serait cohérent, la chaine d'approvisionnement souffrant énormément. Et si Toulouse était le lieu d'une telle annonce, ce serait un symbole tant la Ville Rose est considérée comme la capitale de l'aéronautique européenne. D'autant que les plus hautes autorités politiques n'ont pas envie de gérer un nouveau "Detroit" (ancien fief de l'automobile américaine frappé durement par la crise de 2008) de l'aéronautique à Toulouse.
Qui abonde le fonds
Le "Big Four" va mettre la main au portefeuille pour aider une filière secouée sévèrement par la crise. Un montant de 200 millions d'euros est évoqué. Et selon plusieurs sources, Airbus devrait mettre un peu plus que ses autres partenaires. Soit autour de 50% de ce montant, Safran 25% environ et Dassault Aviation et Thales, le reste à parts égales. La banque publique d'investissement Bpifrance pourrait quant à elle investir entre 100 millions et 200 millions d'euros. Tikehau était pressenti pour contribuer à hauteur de 200 millions d'euros mais c'était avant sa mise en concurrence par les "Big Four", sur l'insistance de Safran. La filiale de Tikehau ACE Management avait jusqu'ici porté de précédents fonds dédiés au secteur. Au final, le gouvernement et le "Big Four" attendent une participation du ou des fonds privés, qui seront gestionnaires du fonds d'urgence, à hauteur de 100 à 200 millions. Le reste devait être levé à l'extérieur.
Le fonds servira notamment à préserver les PME et ETI en danger en injectant des fonds, voire en entrant dans le capital. Mais les quatre grand divergent sur l'un des objectifs, la consolidation de la chaine d'approvisionnement (supply chain). Airbus le souhaite tandis que Dassault Aviation, Safran et Thales sont plutôt réticents pour leur part. Outre le fonds d'urgence, le gouvernement devrait annoncer un plan dédié à l'innovation de la filière, via le Corac (Conseil pour la recherche aéronautique civile), la confirmation des prêts garantis par l'État (PGE) ainsi que certainement des mesures transverses, comme la poursuite du chômage partiel.
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