Airbus A380 : Emirates choisit les moteurs Rolls Royce et n'annule pas sa commande salvatrice

La longue hésitation d'Emirates sur le choix des moteurs des 36 A380 supplémentaires commandés en février pouvait remettre en cause cette commande cruciale pour la survie du programme de l'avion. Mais la compagnie de Dubaï a mis fin au suspense en tranchant en faveur du motoriste britannique Rolls Royce.
Fabrice Gliszczynski
(Crédits : Eric Gaillard)

Soulagement pour Airbus. Signée en début d'année, la commande d'Emirates pour 36 A380 supplémentaires, dont 20 fermes, sera bien honorée. La compagnie du Golfe qui exploite 105 A380 a donc toujours 57 appareils dans le carnet de commandes du constructeur européen. Ce n'était pas évident. Début octobre, l'agence de presse Bloomberg reportait en effet que la compagnie de Dubaï avait dépassé la date butoir pour le choix des moteurs et que cette indécision pourrait reporter à 2020 la livraison du premier appareil voire menacer l'ensemble du contrat. La compagnie de Dubaï hésitait entre le moteur Trent 900 de Rolls Royce et le GP7200 d'Engine Alliance, conçu par General Electric et Pratt & Whitney. Aujourd'hui, cette menace a disparu. Emirates a tranché en faveur de Rolls Rolls Royce a expliqué ce jeudi le président d'Emirates, Tim Clark, en aparté de l'APG World Connect qui se tient à Monaco jusqu'à ce vendredi.

"L'accord est sur le point d'être finalisé. Ce sera Rolls Royce", a-t-il déclaré à La Tribune et à un journaliste spécialisé allemand.

Après avoir motorisé ses 90 premiers exemplaires de moteurs Engine Alliance, produits par General Electric et Pratt & Whithney, la compagnie du Dubaï s'était tournée vers Rolls Royce, lorsqu'elle s'est engagée sur une commande de 50 appareils supplémentaires en 2015. Mécontente de la performance du moteur britannique, Emirates souhaitait, depuis que les négociations ont commencé sur une commande supplémentaire d'A380 il y a plus d'un an, revenir chez Engine Alliance. Ce ne sera donc pas le cas. Les 36 A380 supplémentaires d'Emirates seront équipés des "mêmes Trent 900 que nous avons aujourd'hui", a expliqué à La Tribune Tim Clark. Autrement dit, il n'y aura pas d'améliorations sur le moteur.

Commande cruciale pour Airbus

Cette commande d'Emirates est cruciale pour maintenir le programme du Super-Jumbo. En janvier, quelques jours avant la signature de la commande d'Emirates, la direction d'Airbus avait déclaré qu'en l'absence d'une telle commande, le programme s'arrêterait. Sur la petite centaine d'A380 restant à livrer, 57 est destinée à Emirates. Mais en retirant les 20 exemplaires commandés fermes en janvier dernier, il n'en resterait donc que 37. Parmi l'autre moitié, un certain nombre est réservé à des compagnies dont il est permis de douter qu'elles prendront livraison des appareils. Avec la baisse de la production annoncée (12 en 2018, 9 en 2020, avec la possibilité de passer ensuite à 6 avions) Airbus entend étaler au maximum les livraisons dans le but maintenir en activité la chaîne d'assemblage le plus longtemps possible afin d'être en mesure de trancher, à partir de la moitié de la prochaine décennie, sur le lancement d'un A380 remotorisé NEO, comme le souhaite toujours Emirates, dont les livraisons des A380 s'étale jusqu'en 2027. Combinée à un allongement de l'appareil, cette deuxième étape, permettrait d'améliorer significativement la performance de l'A380, et, veut croire Airbus, pourrait relancer un nouveau cycle de ventes, non seulement pour remplacer la flotte d'A380 d'Emirates ou des autres clients de l'appareil, mais aussi pour attirer d'autres compagnies.

Plus de vols en France

Le maintien de la commande d'A380 permet par ailleurs à Emirates de conserver sa meilleure carte pour obtenir du gouvernement français de nouveaux vols en France. Réfutant l'existence de négociations avec les autorités françaises sur ce sujet, Tim Clark a précisé qu'il aimerait desservir plus de villes dans l'Hexagone en plus de Paris, Lyon et Nice qu'Emirates dessert déjà, comme "Marseille, Toulouse, Bordeaux et Nantes".

L'été dernier, la compagnie du Golfe a obtenu des vols supplémentaires à Paris et à Lyon.

Fabrice Gliszczynski, à Monaco

Fabrice Gliszczynski

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Commentaires 10
à écrit le 03/11/2018 à 20:05
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Quel gaspillage d'argent public et privé et quelle erreur d' EGO de JLL et Forgeard qui n'avaient pas lu La Fontaine et sa grenouille . Pour faire cet avion à Toulouse , on a avec nos impots construit un Itinéraire à Grand Gabarit qui a permis à tou...

le 04/11/2018 à 17:42
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GE/SAFRAN a une offre de moteur pour cet appareil ?

le 05/11/2018 à 20:36
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Relisez vos classiques, JLL et NF ne sont pour rien dans la décision de lancer le 380, décision que l'on peut faire remonter jusqu'à Pierson. Tout cela est publiquement documenté. Merci d'arrêter les fantasmes.

à écrit le 03/11/2018 à 17:52
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On va se réjouir de cette nouvelle pour Airbus , même si elle n'écarte pas tous les dangers sur ce programme. Le temps fera son travail, soit ce type d'avions n'a pas de marchés dans le futur, soit il en a et de nouveaux programmes d'améliorations...

à écrit le 03/11/2018 à 14:00
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Et c'est quoi la contrepartie cachée ? Des centaines de milliers de migrants en plus ? Une cécité sur commande pour des coups tordus ? Des rétrofits gratuits ? Des vignobles à prix cassés ? Des terres agricoles ? Des bâtiments publics cédés à vil pri...

à écrit le 03/11/2018 à 13:18
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Incroyable ! cet avion à été conçu en grande partie aux US! Wichita. Son électronique => US, les Ailes => US

le 03/11/2018 à 22:52
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"Incroyable ! cet avion à été conçu en grande partie aux US! Wichita. Son électronique => US, les Ailes => US" Ah, un fin connaisseur, racontez nous donc en détail qui fabrique les ailes aux US? Pour l'électronique il y a certainement quelques équi...

le 03/11/2018 à 23:00
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Pour ce qui est de Wichita, c'est purement un moyen de se donner une image US et de calmer les fantasmes de Tom. En ce qui concerne le design des avions, ça en touche une sans secouer l'autre, comme disait Jacques, au BE de Toulouse.

le 04/11/2018 à 11:59
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Bien sûr, et à Toulouse les hangars sont pleins d'étiquettes à coller: 'Airbus by Boeing', mais on n'arrive pas à les lire parce que c'est écrit en chinois.

à écrit le 02/11/2018 à 18:50
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Sûrement beaucoup de concessions financières et de droits de traffic pour un avion mort ne mais pour Airbus et sa vitrine européenne on est prêt à tout.au final on perdra sur les deux tableaux

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