Boeing 747, Airbus A380 : vers la fin des géants des airs ?

"Il est évident que dans les prochaines années on ne va pas aller vers des avions très gros porteurs", estime l'expert aéronautique Rémy Bonnery, tandis que British Airways vient d'annoncer le retrait du 747 de sa flotte et qu'Air France a déjà dit son intention de ne plus faire voler l'A380 d'ici fin 2022.
L'A380 offre le meilleur coût par siège du marché à condition d'être rempli à 100%, affirmait récemment à l'AFP Sébastien Maire, expert aéronautique au cabinet Kea & Partners. Ce qui était loin d'être évident sur de nombreuses liaisons.
L'A380 offre le meilleur coût par siège du marché à condition d'être rempli à 100%, affirmait récemment à l'AFP Sébastien Maire, expert aéronautique au cabinet Kea & Partners. Ce qui était loin d'être évident sur de nombreuses liaisons. (Crédits : Reuters)

Appareil mythique de Boeing, le 747 a vu sa lente agonie s'accélérer avec la pandémie de coronavirus jusqu'à pousser British Airways à annoncer le retrait de sa flotte, après bien d'autres, tout comme l'A380 d'Airbus.

  • Qui a annoncé un retrait ?

L'annonce de British Airways ce vendredi emboîte le pas à celle de Lufthansa en avril, annonçant notamment la retraite de cinq Boeing 747-400, sept A340-600, et six A380, sur une flotte de 32 Boeing 747 (de tous types) et 14 A380. Ce retrait a été précipité par "l'impact environnemental et les désavantages économiques de ce type d'appareil", a estimé le groupe.

Air France, qui avait déjà décidé d'arrêter de faire voler l'A380 fin 2022 en raison notamment de ses coûts d'exploitation trop élevés, a accéléré le mouvement avec la crise due au coronavirus et la lente reprise annoncée du trafic.

Lire aussi : L'Airbus A380 chez Air France, c'est fini : l'avion ne revolera plus

L'australien Qantas a accéléré ce mois-ci le retrait de ses 747 annoncé l'an dernier, et a effectué un vol d'adieu avec les trois derniers 747. Les A380 doivent aussi être retirés, a affirmé la compagnie.

Douze 747 siglés Korean Air sur 23 circulent actuellement, 11 cargos et un seul transportant des passagers, a indiqué à l'AFP la compagnie qui ne prévoit pas de retrait. Chez Air India, quatre 747 servent à transporter des personnalités ou effectuer des évacuations, affirme une source au sein de l'entreprise.

En décembre 2017, les Américains avaient déjà dit adieu à la reine des cieux: Delta Air Lines, dernière compagnie exploitant le 747, l'avait retiré de sa flotte de transport de passagers.

  • Le coronavirus, coupable ou co-accusé ?

"Le coronavirus est un accélérateur", tranche Rémy Bonnery, expert aéronautique au cabinet Archery Consulting, alors que la pandémie a cloué au sol la plupart des avions dans le monde l'année du cinquantième anniversaire du 747, un avion dont 1.571 modèles ont été commandés dans son histoire.

Le virus est donc venu appuyer sur une plaie déjà béante, selon lui: que ce soit le 747 de Boeing ou l'A380 d'Airbus, ces avions "sont beaucoup plus difficiles à gérer au sein d'une flotte [...]. Ce ne sont pas les avions les plus faciles à remplir, ils ont un niveau de consommation supérieur".

Lancé en 1970, le "Jumbo Jet" de Boeing à la bosse de fuselage caractéristique, peut transporter plus de 600 passagers dans certaines configurations et l'A380 jusqu'à 853.

"Déjà avant la crise, on a connu un mouvement qui allait vers des avions plus petits et plus flexibles", aux coûts moins élevés et capables d'effectuer des trajets très différents, encourageant les compagnies a prévoir des retraits anticipés, estime M. Bonnery.

L'A380 offre le meilleur coût par siège du marché à condition d'être rempli à 100%, affirmait récemment à l'AFP Sébastien Maire, expert aéronautique au cabinet Kea & Partners. Ce qui était loin d'être évident sur de nombreuses liaisons.

  • Est-ce la fin des géants des airs ?

"Il est évident que dans les prochaines années on ne va pas aller vers des avions très gros porteurs", souligne Rémy Bonnery, ajoutant que "le travail des avionneurs va surtout se focaliser sur les courts courriers et mono-couloirs capables de faire du long courrier".

Emirates, le plus gros client de l'A380 avec ses 115 appareils, a annoncé qu'il continuait l'exploitation de l'appareil qui a effectué son premier vol il y a tout juste 15 ans. Mais le président de la compagnie Tim Clark considère qu'avec la pandémie, un géant des airs comme l'A380 est à terme "fini".

Côté constructeurs, Airbus a annoncé en février 2019 l'arrêt des livraisons pour 2021 de son avion aux 251 exemplaires commandés par 14 clients, tandis que Bloomberg a affirmé début juillet que le dernier 747-8, ultime version du Jumbo américain qui a surtout trouvé preneur en version cargo, devrait sortir d'usine d'ici deux ans, sans confirmation de l'avionneur.

Malgré ses détracteurs, l'avion mythique de Boeing peut toutefois encore compter sur un soutien, celui du président des États-Unis et son Air Force One.

Deux 747-8, plus grands, plus modernes, plus rapides et moins gourmands en kérosène que les actuels 747-200, vieux de 30 ans et qui coûtent 180.000 dollars de l'heure, sont attendus par la Maison Blanche.

Par les bureaux de l'AFP / Ali Bekhtaoui

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Commentaires 10
à écrit le 21/07/2020 à 6:49
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Pour le transport aérien , tout est une histoire de prix et dè l'intérêt du déplacement... Lorsque le carburant sera moins chere çela devra repartir ....pour faire 5000 km îls n'y a pas mieux que l'avion...

à écrit le 20/07/2020 à 15:45
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L'article semble bien pessimiste. Oui, le transport aérien traverse une très grave crise en raison du COVID-19 et mettra probablement quelques longues années à s'en remettre. Logiquement, les compagnies se débarrassent donc en priorité des avions les...

à écrit le 19/07/2020 à 15:50
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Article populiste, bien évidemment le transport aérien va redémarrer de plus belle comme après le 11 septembre et et les consommateurs, les voyageurs vont demander toujours plus de confort et une durée de transport fiable, les gros porteurs sont évid...

à écrit le 18/07/2020 à 10:49
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L'économie financière tenait ce secteur à bout de bras, on en était en UE quand même à faire voler les avions vides avec en plus l'argent public du fait de la compromission entre politiciens et hommes d'affaire. Le COVID aura été salvateur en ce ...

le 18/07/2020 à 22:23
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vous parlez du début de la pandémie où les créneaux étaient perdus si pas utilisés (règles internes des aéroports, modifiées depuis pour être plus souple [tout ça grâce à covid]), il fallait donc continuer à les occuper même en volant à vide ?

le 19/07/2020 à 9:56
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J'en pleurerais presque...

à écrit le 18/07/2020 à 9:07
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Les experts prévoyaient le contraire il y a 20 ans !!! Paroles d experts paroles en l air.

à écrit le 17/07/2020 à 22:28
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Il y a deux choses qui se précisent la première c'est que l'A380 n'a pas tenu ses promesses en terme d'économie d'énergie et de taux de remplissage surtout face aux nouveaux A320-200 avec Winglets moins chers, moins gourmands en kérosène et permettan...

le 18/07/2020 à 7:46
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Ça n'a pas de sens de comparer un A320 et un A380... L'A380 est trop lourd, avec une fiabilité moyenne. L'A350 (ou B777x) est plus léger (par siège) avec des ailes plus performantes. C'est la fin des quadri réacteurs...

le 18/07/2020 à 19:29
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Il est toujours plaisant de lire l'avis éclairé de professionnels. L'A380 et l'A320 sont bien sûr totalement comparables, c'est évident. Quant aux avions hybrides et électriques, en long courrier qui plus est, ils sont juste au coin de la rue. Commen...

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