Que des compagnies aériennes ou des Etats fassent pression sur Washington ou Bruxelles pour obtenir des contreparties à leurs commandes d'avions Boeing ou Airbus est monnaie courante. En coulisse, Emirates a maintes fois menacé d'annuler des commandes d'A380 pour obtenir l'autorisation d'exploiter plus de vols en France. Il y a quelques années, la Chine avait gelé une commande d'Airbus pour pousser Bruxelles à remettre en cause la taxation sur les émissions de CO2 sur les compagnies aériennes chinoises. Aujourd'hui, c'est au tour de de l'Indonésie de demander des contreparties. Le pays du sud-est asiatique a conditionné l'achat d'avions à Boeing et à Airbus à l'autorisation pour ses entreprises de construire des sites de fabrication de kérosène à partir d'huile de palme aux Etats-Unis et en France, a déclaré mardi son ministre au Commerce, Enggartiasto Lukita.
Ce dernier a indiqué avoir transmis cette exigence au secrétaire américain au Commerce lors d'une visite à Washington fin juillet.
"Nous avons demandé que les entreprises indonésiennes soient autorisées à produire du biocarburant pour avion aux Etats-Unis", a-t-il déclaré.
Les Etats-Unis ont répondu "positivement" et l'Indonésie a également transmis les mêmes exigences à Airbus, a-t-il ajouté.
Le ministre indonésien au Commerce avait auparavant dit que son pays cesserait d'acheter des avions Airbus si l'Union européenne mettait en oeuvre un plan visant à réduire l'utilisation de l'huile de palme dans les biocarburants, selon la presse locale.
Interrogé par l'AFP, un porte-parole d'Airbus a refusé de commenter, tandis que celui de Boeing n'était pas disponible dans l'immédiat.
Polémique autour de l'utilisation de l'huile de palme
L'Indonésie, qui compte les troisièmes plus vastes forêts tropicales au monde et qui est le premier producteur mondial d'huile de palme, cherche à soutenir sa production dans le secteur, deuxième activité exportatrice du pays.
Mais l'utilisation d'huile de palme n'est plus en odeur de sainteté dans l'Union européenne et aux Etats-Unis, ses détracteurs dénonçant son impact sur l'environnement, en particulier sur la déforestation, la biodiversité et le réchauffement climatique.
Plusieurs associations environnementales ont annoncé avoir déposé début juillet au tribunal administratif de Marseille un recours contre l'autorisation préfectorale de la raffinerie de Total à La Mède (Bouches-du-Rhône), prévue pour fonctionner, entre autres, à l'huile de palme.
En juin, les négociateurs européens ont convenu de renoncer progressivement à l'utilisation de l'huile de palme dans les carburants destinés au transport à compter de 2030 en raison des émissions indirectes élevées de gaz à effet de serre.
En avril, les Etats-Unis ont imposé des droits antidumping pouvant atteindre 341% sur les biodiesels indonésiens.
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