« Historique ! Après Galileo & Copernicus, bienvenue à... IRIS² », s'est réjoui jeudi soir dans un tweet Thierry Breton à l'issue de négociations entre le Parlement européen, le Conseil de l'Union européenne (UE) et la Commission européenne. Le commissaire européen pour le marché intérieur a bel et bien réussi un tour de force en seulement neuf mois en parvenant à trouver un accord pour lancer la nouvelle constellation européenne IRIS² (Infrastructure de Résilience et d'Interconnexion Sécurisée par Satellites), la nouvelle infrastructure critique pour l'UE. Les premiers lancements sont prévus dès 2024, et la mise en service de toute la constellation pour 2027.
Cette constellation de satellites est destinée à sécuriser l'internet et ses communications "partout" en Europe à partir de 2027, a assuré Thierry Breton. Elle doit pouvoir résister à des cyberattaques. IRIS² sera également une constellation tournée vers les services aux gouvernements, y compris pour la défense. Elle offrira une connectivité à toute l'Europe, notamment aux zones qui ne bénéficient pas aujourd'hui d'Internet haut débit, ainsi qu'à l'Afrique toute entière, s'appuyant en cela sur les orbites Nord-Sud de la constellation. Enfin, IRIS² sera une constellation multi-orbites, capable de créer des synergies avec les constellations Galileo et Copernicus.
Un financement de plus de 3 milliards d'euros
Ce projet bénéficiera d'un budget UE de 2,4 milliards d'euros, auxquels s'ajouteront une contribution de 750 millions d'euros de l'Agence spatiale européenne (ESA), qui doit être validée lors de la conférence ministérielle de l'ESA les 22 et 23 novembre, ainsi que des investissements privés ou de pays. Au total, le coût du projet a été évalué à 6 milliards d'euros. « IRIS² consacre l'espace comme un vecteur de notre autonomie européenne, un vecteur de connectivité, un vecteur de résilience. Elle fait aussi de l'Europe une véritable puissance spatiale », a affirmé Thierry Breton sur Linkedin.
Après cet accord, la direction générale de l'industrie de la défense et de l'espace (DEFIS) de la Commission va pouvoir lancer la phase de mise en œuvre, notamment en définissant les spécifications de la constellation et les critères d'éligibilité des opérateurs candidats à la gestion d'IRIS² dès le premier trimestre 2023. La DG DEFIS lancera les appels d'offres au premier semestre de l'année prochaine. En outre, elle sera ouverte aux startups, qui bénéficieront d'une charge de travail de 30% sur l'infrastructure. Enfin, IRIS² sera une constellation à la pointe technologique, pour donner une avance à l'Europe, par exemple dans le cryptage quantique. « Ce sera donc un vecteur d'innovation », a souligné le commissaire européen.
Des critères d'éligibilité stricts
Thierry Breton souhaite mettre l'accent sur la souveraineté de cette constellation en raison d'un environnement géostratégique de plus en plus contesté. « L'espace est une zone contestée, dans laquelle l'Union européenne doit garantir ses intérêts essentiels », a rappelé Thierry Breton. Dans ce cadre, il veut imposer des critères d'éligibilité et des exigences de sécurité très stricts. Eutelsat et SES sont prévenus s'ils veulent candidater.
« Il est également évident que les communications doivent être totalement garanties et résilientes face aux potentielles interférences par une puissance non européenne, voire une puissance ennemie. Et je rappelle que la Russie vis-à-vis de l'Europe ne se comporte pas, le moins qu'on puisse dire, en ami. Donc tout projet qui a été lié à la Russie est pour nous un sujet extrêmement sensible », avait expliqué Thierry Breton dans une interview accordée à La Tribune et publiée fin septembre.
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