Coup dur pour Airbus : les premiers A380 vendus en pièces détachées

La société d'investissement allemande Dr. Peters Group, a annoncé mardi qu'elle vendrait en pièces détachées deux Airbus A380, faute d'avoir réussi à leur trouver un repreneur lorsque Singapore Airlines les lui a rendus.
Fabrice Gliszczynski

Le coup est très dur pour Airbus, tant sur le plan symbolique que sur celui des affaires. Onze ans seulement après leur mise en service en 2007 et 2008, les deux premiers Airbus A380 livrés à Singapore Airlines vont être vendus... en pièces détachées. Comme de vulgaires vieux coucous qui ne peuvent plus voler mais qui trouvent toujours un acheteur pour les revendre de cette façon-là ! Dr. Peters Group, une société allemande d'investissement qui avait repris les deux premiers exemplaires loués dix ans plus tôt par Singapore Airlines a annoncé mardi qu'elle allait les vendre en pièces détachées, faute d'avoir réussi à leur trouver un repreneur.

"Après de longues et intenses négociations avec diverses compagnies aériennes telles que British Airways, HiFly et IranAir, Peters Group a décidé de vendre les pièces de l'avion et recommandera cette approche à ses investisseurs", écrit l'entreprise dans un communiqué envoyé à Reuters.

Un marché de l'occasion difficile

"Psychologiquement, ce n'est pas bon pour Airbus mais c'est un très gros appareil avec un marché de l'occasion très réduit", dit Howard Wheeldon, spécialiste du secteur aéronautique.

Ce qui ne peut que dissuader davantage les compagnies aériennes d'acheter de nouveaux appareils, même si l'A380 est plébiscité par les passagers, notamment pour son calme dans la cabine.

Retour de lease

Cette décision traduit les difficultés de cet avion à trouver une deuxième vie sur le marché de l'occasion. Elle intervient alors que les retours de lease des premiers appareils mis en service il y a moins d'une dizaine d'années, vont arriver de manière massive au cours des prochaines années. Recaser les A380 sur le marché de l'occasion ne sera pas une mince affaire. Beaucoup d'experts doutent depuis longtemps de l'existence d'un marché de l'occasion pour cet appareil. En raison notamment des coûts élevés de la reconfiguration des cabines. En effet la plupart des A380 sur le marché aujourd'hui sont configurés de manière luxueuse, avec un très haut niveau de confort. En particulier ceux de Singapore Airlines ou d'Emirates.

Pas sûr en effet que beaucoup de compagnies soient intéressées par des suites en première classe ou un bar à l'arrière du pont supérieur comme celui qui existe sur les exemplaires d'Emirates. Le coût de la reconfiguration peut en effet en dissuader plus d'un ou les pousser à obtenir de la part des entreprises de leasing des prix encore plus bas. Ce scepticisme sur l'existence d'un marché de l'occasion pour cet avion s'ajoute à d'autres inconvénients qui expliquent la faiblesse des ventes (331 ventes en moins de 18 ans). D'une manière générale, les performances de l'avion, au regard de sa taille, sont jugées par les compagnies moins optimales que celles, par exemple, du Boeing 777-300 ER et demain du B777X et de l'A350-1000.

Airbus assure qu'il y a un marché

Pour autant, Airbus ne désespère pas et pense que son très gros porteur finira par prouver sa pertinence alors que l'essor du tourisme et de la demande de voyages à travers le monde risque de provoquer une saturation des aéroports internationaux.

"Nous ne pouvons pas commenter la décision de Dr Peters, qui est le propriétaire des appareils", a dit un porte-parole d'Airbus. "Nous restons confiants dans le marché d'occasion de l'A380 et dans le potentiel d'élargissement de la base d'exploitants."

Leurs moteurs ont d'ores et déjà retirés et rendus à leur fabricant Rolls-Royce comme pièces de rechange. La société américaine VAS Aero Service sera chargée de l'extraction et de la vente des différentes pièces.

Si le sort réservé à ces A380 risque d'embarrasser Airbus et de peiner les 3.800 employés travaillant sur cet appareil, les versions plus récentes du très gros porteur pourraient ne pas être aussi vulnérables. Un modèle d'avion tend à s'améliorer au fur et à mesure de son développement et Singapore Airlines a ainsi récemment commandé de nouveaux A380.

Fabrice Gliszczynski

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Commentaires 16
à écrit le 07/06/2018 à 17:36
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C'est une bonne décision qui permettra de réduire les coûts de maintenance pour les clients, et libérera des capacités de production pour les modèles en tension. Gagnant-gagnant !

à écrit le 07/06/2018 à 15:33
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Courants contraires, mal dimensionné, moteurs à la ramasse. On fera de même un jour avec le macronisme, et les naïfs seront quand même étonnés.

à écrit le 07/06/2018 à 12:15
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mais ! moralité ! les affaires de mr KOHLER provoque la colère

à écrit le 07/06/2018 à 8:52
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Particulièrement caractéristique de l'europe qui se vend en pièces détachées aussi. "Grande braderie en Grèce" https://www.monde-diplomatique.fr/2016/07/KADRITZKE/55954 Vite un frexit.

à écrit le 06/06/2018 à 17:45
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Et le transformer en gros porteur pour les opérations militaires ?

le 07/06/2018 à 8:02
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Impossible. L'A380 n'a pas été conçu pour faire du fret comme certains autres modèles d'avions civils. Deplus, on ne peut découper le pont supérieur, pour y mettre dee véhicule volumineux, ça fait partie de la structure de l'avion. Bref, à part le tr...

à écrit le 06/06/2018 à 13:28
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AIRBUS n'a plus trop le choix. Si la société veut que son programme phare survive, ce sera à AIRBUS de prendre en charge la grande partie de la transformation des A380 de Emirates ou de Singapour Airlines en charter pour qu'ils puissent intéresser le...

à écrit le 06/06/2018 à 9:32
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Bref, c'est un échec pour cette société d'investissement allemande mais la presse en général préfére titrer sur Airbus... Et après, on accuse TRUMP d'être agressif à notre égard : c'est vrai qu'il a une partie tellement facile à jouer...

à écrit le 05/06/2018 à 21:39
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Comme quoi, "bigger is not better"

à écrit le 05/06/2018 à 20:16
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L'A380 est peut être une réussite technologique , mais certainement un bide commercial , 331 avions vendus en 18 ans ce n'est pas terrible quand on compare au succès passé du B747. L'A380 risque à l'instar de Concorde de finir prématurément comme pi...

le 06/06/2018 à 10:14
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Merci Jason pour ce propos très français... En quarante dans quel camp vous étiez !...

à écrit le 05/06/2018 à 19:50
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Cet avion est un échec commercial et sans Émirates, il serait une catastrophe industrielle.

le 06/06/2018 à 13:14
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Pour votre information, un avion n'est développé que si une compagnie est intéressée pour l'acheter (les riques sont moindres ainsi). C'est un partenariat dès le départ avec Emirats pour l'A380 donc c'est normal qu'il l'ai acheté.

à écrit le 05/06/2018 à 18:43
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L'A380 est LE symbole de la réussite européenne.

à écrit le 05/06/2018 à 18:42
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L'A380 est LE symbole de la réussite européenne.

à écrit le 05/06/2018 à 18:30
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Franchement je ne trouve rien d'anormal pour cette vente en petits paquets. Remarquez, en réfléchissant un peu, le beau pays FRANCE, lui aussi a été vendu en pièces détachés, il faut croire que c'est une technique habituelle dans l'U.E.

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