Covid-19 : Safran annule le versement du dividende 2019 (1 milliard d'euros)

Face à la crise brutale et violente provoquée par le Covid-19, Safran renonce à ses objectifs 2020. L'équipementier aéronautique annule le versement du dividende 2019 pour un montant d’1 milliard d'euros. Enfin, il renforce son plan d’adaptation mis en place pour répondre à la crise du 737MAX.
Michel Cabirol
Safran dispose de liquidités suffisantes pour financer la poursuite de son activité.
Safran dispose de liquidités suffisantes pour financer la poursuite de son activité. (Crédits : Regis Duvignau)

Comme la plupart des groupes européens, Safran s'adapte pour faire face à la tempête provoquée par le Coronavirus. Le conseil d'administration de l'équipementier aéronautique et de défense a approuvé ce jeudi un plan d'action en réponse à l'impact de la pandémie du Covid-19. Il a notamment décidé de ne plus proposer lors de son Assemblée générale annuelle le paiement en 2020 du dividende au titre de l'exercice 2019, soit 2,38 euros par action. Le versement du dividende aurait représenté "un décaissement de l'ordre de 1 milliard d'euros en juin 2020",a précisé le groupe.

"Dans un souci de responsabilité vis-à-vis de l'ensemble des parties prenantes de Safran, cette décision préserve les ressources du groupe pour assurer la protection de ses collaborateurs, maintenir la continuité des opérations notamment pour ses fournisseurs, accompagner ses clients et assurer la liquidité dans un contexte incertain", a expliqué le Safran dans un communiqué publié jeudi soir.

En raison du caractère inédit de la situation et de l'impact à venir encore incertain pour ses clients des mesures mondiales adoptées pour endiguer la pandémie, Safran retire les objectifs pour 2020 qui avait été annoncés lors de la présentation de ses résultats. Le groupe tablait sur une hausse de 5% du résultat opérationnel courant, malgré un chiffre d'affaires qui pourrait soit stagner soit baisser de 5% maximum, portant la marge opérationnelle à 17%. "Quand les impacts sur l'activité et les mesures d'ajustement pourront être évalués avec suffisamment de précision, Safran les partagera avec la communauté financière", a précisé l'équipementier.

Pause dans les investissements

"Nous nous préparons à rétablir et à renforcer nos opérations pour être prêt dès que la situation sera restaurée", a assuré le directeur général de Safran, Philippe Petitcolin. Le groupe peut déjà compter sur la reprise de ses usines chinoises, qui sont "totalement opérationnelles". Les sites européens redémarrent par ailleurs progressivement en mettant en place une organisation du travail adaptée afin de protéger les salariés. En dépit de ces informations satisfaisantes, les actions mises en place depuis décembre en réponse à la décision de Boeing d'arrêter la chaîne d'assemblage du Boeing 737MAX sont amplifiées. Safran utilisera également les dispositifs mis en place par les pouvoirs publics notamment le recours à l'activité à temps partiel.

"D'importantes mesures sont actuellement mises en œuvre comme une pause dans les investissements, la définition de nouveaux objectifs pour la R&D et la baisse des coûts directs et indirects", a expliqué le groupe.

Préservation de la trésorerie

L'une de ses priorités de Philippe Petitcolin est de préserver "la trésorerie à très court terme". La trésorerie et les équivalents de trésorerie du groupe s'élèvent aujourd'hui à 3,1 milliards d'euros, dont 2,8 milliards (chiffres non audités) qui sont disponibles immédiatement ou à moins de 90 jours. "La gestion de la trésorerie et de la liquidité du groupe dont le faible endettement constitue un atout", a rappelé Safran. Pour renforcer sa trésorerie, il a pris la décision de mettre en place une nouvelle ligne de crédit de trois milliards d'euros d'une durée pouvant aller jusqu'à deux ans qui vient s'ajouter à sa ligne de crédit actuelle de 2,52 milliards d'euros non tirée à ce jour et arrivant à échéance en décembre 2022.

"Sur la base de ces éléments et en tenant compte de l'annulation du dividende 2019, le groupe dispose de liquidités suffisantes pour financer la poursuite de son activité. Au regard de l'évolution du cours de bourse actuel de Safran, le conseil d'administration de Safran se réserve la possibilité d'engager un nouveau programme de rachat d'actions quand les conditions le permettront", a expliqué le groupe.

Safran garde comme autres priorités de répondre aux demandes des clients notamment en termes de calendrier de livraisons et de s'assurer de la résilience et de la flexibilité de la chaîne d'approvisionnement. "Comme nous l'avons démontré dans les crises précédentes, notre agilité et notre résilience permettront à Safran de surmonter ces défis et de consolider sa position dans le futur, j'en suis convaincu", a assuré Philippe Petitcolin.

Michel Cabirol

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Commentaires 18
à écrit le 29/03/2020 à 12:02
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Toutes les sociétés qui suivront cette voie manifesteront deux choses : - leur situation difficile - leur incapacité à se financer sur un marché obligataire dont les taux sont pourtant inférieurs à 1 % donc beaucoup moins que le rendement des acti...

à écrit le 29/03/2020 à 11:46
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Le plus drole serait que, comme le proposait une Ministre, on crée deux types d'actions : celle des personnes physiques (les particuliers) qui sont susceptibles de perdre le dividende et celles des Personnes morales (dont l'état) qui continueraient ...

à écrit le 28/03/2020 à 10:25
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comme d'habitude le gouvernement incite de façon générale. Safran va bien sûr souffrir avec un marché aéronautique qui va être très impacté. Mais comme toute mesure prise, elle comporte à différentes échéances des effets négatifs qui peuvent se rév...

à écrit le 28/03/2020 à 10:07
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Je comprend les problèmes actuels mais pourquoi faire payer la note aux seuls actionnaires. Non seulement leur capital fonds mais ils n'ont plus droit à la rémunération de leur apport. Pendant ce temps on donne des compensation aux salariés c'est bie...

le 29/03/2020 à 9:57
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"Pendant ce temps on donne des compensation aux salariés" ... Les salariés, eux, travaillent ...

le 29/03/2020 à 13:46
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La question est de savoir si on doit rémunérer le travail (optique marxiste) ou le risque (optique capitaliste) ? La chute du bloc communiste semblait avoir répondu à cette question... Si on choisit de rémunérer le risque, il faut évidemment rémunér...

à écrit le 27/03/2020 à 20:41
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Si le dividende disparaît, le cours de bourse va encore baisser. Et ça va faciliter le rachat de Safran par un groupe étranger ? En tous cas ce sera autant de perdu pour L'Etat : en considérant le taux de 30% (approximatif), sur 1 milliard, ça fait 3...

le 28/03/2020 à 9:17
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Société stratégique, l'état comme il en a le droit mettra son veto à tout achat ou nationalisera pour un temps. Je suis un actionnaire certes petit mais j'approuve pleinement le non versement des dividendes.

le 29/03/2020 à 14:06
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Cette histoire de dividendes suspendus est clairement une manoeuvre de diversion. Il s'agit de contourner la vraie question : celle de la rémunération du risque des personnes qui continuent à travailler en s'exposant au virus. En refusant la rémuné...

à écrit le 27/03/2020 à 11:58
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Le rendement de mes actions a été excellent en 2019. J’ai écrit, depuis plusieurs jours, sur mon compte actionnaire pour que le dividende 2019 et au-delà, s’il le faut, ne me soit pas versé. Demain les entreprises auront besoin de liquidités autant ...

à écrit le 27/03/2020 à 11:28
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Un Gd coup de chapeau à ce PDG qui laisse sa place et finit en beauté par cette estocade magistrale qui peut valoir d'exemple. Un cas d'école assurément ds les instituts de management que ce parcours réussi semé d'embûches.

à écrit le 27/03/2020 à 11:05
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Pas de dividendes mais on continue à payer des salaires, des impôts, des charges sociales, des fournisseurs.... On compte sur qui pour sauver les entreprises ????

à écrit le 27/03/2020 à 9:53
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Une entreprise sûre donc.

le 27/03/2020 à 10:28
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Oui, en effet, plutôt bien gérée.

à écrit le 27/03/2020 à 8:25
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Normal le cash ne rentre plus comme avant chez Safran puisque Boeing et Airbus ont moins besoin de moteurs d'avion Les salariés cadres qui recevaient des primes énormes par le passé et bénéficiaient d'un comité d'entreprise ultra généreux vont auss...

à écrit le 26/03/2020 à 23:44
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Bon bah.. Comment dire.. Retour demain à la case départ: 50€ l'action..

à écrit le 26/03/2020 à 23:43
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Bon bah.. Comment dire.. Retour demain à la case départ: 50€ l'action..

le 27/03/2020 à 21:33
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Vous ne pensez cas vos bourses dans tous les sens du terme, C'est une très bonne nouvelle, C'est une décision qui va assurer une resiliance face à cette crise.

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