
Florence Parly, qui se rend cet après-midi dans l'usine Dassault Aviation de Seclin (Nord), est porteuse d'une excellente nouvelle pour le constructeur du Rafale et des avions d'affaires Falcon. Elle va confier à l'avionneur tricolore le programme AVSIMAR (avion de surveillance et d'intervention maritime), destiné à renouveler le segment aérien de la sauvegarde maritime, constitué actuellement de cinq Falcon 200 Gardian basés à Tahiti et à Nouméa et de huit Falcon 50M (Lorient), une flotte en service depuis plus de 40 ans. Soit la fourniture à la Marine nationale de 12 Falcon 2000 baptisés Albatros et leur soutien pendant dix ans pour un montant de 1,3 milliard d'euros, selon l'entourage de la ministre. Dassault Aviation s'est engagé sur une disponibilité de 80% de la flotte (2 en maintenance sur les 12). Cette flotte de 12 Falcon 2000 Albatros "permettra d'avoir en permanence 7 aéronefs en action" au profit de la Marine nationale, affirme le cabinet de Florence Parly.
Ces appareils "deviendront les yeux de la France depuis les airs vers la mer", a expliqué la ministre des Armées.
Fin 2018, la Direction générale de l'armement (DGA) avait notifié à Dassault Aviation l'étude de définition détaillée du futur avion de surveillance et d'intervention maritime du programme AVSIMAR. Elle avait indiqué que la plateforme serait développée sur la base de l'avion d'affaires civil Falcon 2000 LXS, plus rapide et plus endurant que les appareils actuellement en service. Les futurs appareils de la Marine auront une autonomie de huit heures et une portée (range) de 2.900 nautiques. Soit beaucoup plus que les appareils actuels. Déjà achetés par le Japon pour ses gardes-côtes (six appareils), dont quatre Falcon 2000MSA ont été livrés, le Falcon 2000MRA intéresse également la Finlande et la Nouvelle-Zélande.
Fabrication en France et en Inde
Sept appareils seront commandés d'ici à la fin de cette année et les cinq suivants (tranche conditionnelle) à la fin de la loi de programmation militaire (LPM) en 2025. La LPM 2019-2025 prévoit la livraison des trois premiers avions d'ici à fin 2025. "Le troisième appareil sera livré en 2025", précise-t-on dans l'entourage de la ministre. Le douzième appareil sera remis au début de la décennie 2030 à la Marine nationale (2031 ou 2032), qui aura alors en service 11 Falcon 2000 en 2030.
Les trois premiers appareils seront fabriqués en France tandis que les neuf autres le seront en Inde par la société Dassault Reliance Aerospace Limited (DRAL) dans le cadre de la politique du "Make in India" lancée par le Premier ministre Narendra Modi lors de son arrivée au pouvoir. Après un transfert de la chaine d'assemblage, ces appareils seront fabriqués dans l'usine de Mihan à Nagpur dans l'État du Maharashtra, a précisé l'Hôtel de Brienne. Dassault Aviation portera la responsabilité de ces neuf appareils vis-à-vis du client, a précisé cette même source. Cette co-entreprise (51 % Reliance, 49 % Dassault Aviation) a été constituée dans le cadre de l'exécution des obligations d'offsets (compensations) liées au contrat d'acquisition de 36 Rafale signé entre l'Inde et la France en septembre 2016.
Au ministère, on évoque une centaine d'emplois en France pendant la phase de développement, puis 50 lors de la phase de production et de soutien des appareils. Par ailleurs, Thales (radar de surveillance maritime A/S multi-modes à longue portée, doté de modes air-mer spécifiques), Safran (boule optronique rétractable FLIR couvrant 360°) et Naval Group (système d'information), montent à bord du programme.
Des missions d'intérêts généraux
"Ce programme doit renouveler les capacités aériennes de la Marine nationale nécessaires à la défense maritime du territoire et à l'action de l'État en mer", avait expliqué Florence Parly lors du salon aéronautique du Bourget en juin 2019. Outre les missions militaires, ces avions serviront également à lutter contre la piraterie, les narcotrafiquants ainsi que contre la pêche illégale. Entre 11.000 et 25.000 tonnes de poissons sont pêchés illégalement, soit 10 à 25% de la pêche mondiale. Les Albatros surveilleront également le trafic maritime, qui va doubler d'ici à 2031, selon l'OCDE. Et plus précisément les accident mais aussi la pollution. La Marine nationale a détecté 54 cas de pollution maritime en 2018 puis 110 en 2019. La France possède la deuxième espace maritime au monde.
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