"Construire notre souveraineté, c'est aussi bâtir des équipements qui sont faits par les Européens pour les Européens", a martelé le chef de l'État français, Emmanuel Macron à l'issue de la réunion extraordinaire du Conseil européen des 30 et 31 mai à Bruxelles. Et bingo, les 27 pays de l'Union européenne ont "acté le besoin de dépenser davantage et d'investir davantage" dans le domaine de la défense, a-t-il confirmé. En attendant d'avoir un peu plus détails, les 27 pays ont donné "mandat, au delà des 500 millions d'euros supplémentaires qui ont déjà été décidés, d'aller vers une stratégie permettant des programmes de construction communs et des programmes d'achats communs", a souligné Emmanuel Macron.
"Une Union européenne plus forte et plus capable dans le domaine de la sécurité et de la défense contribuera positivement à la sécurité globale et transatlantique et est complémentaire à l'OTAN, qui reste le fondement de la défense collective pour ses membres. (...) Plus largement, l'Union européenne réaffirme son intention d'accroître son soutien à l'ordre mondial fondé sur des règles et articulé autour des Nations unies", selon les conclusions du Conseil européen.
Les pays membres ont finalement bien poursuivi sur les questions de défense l'agenda de Versailles, le sommet européen des 10 et 11 mars à la suite l'invasion russe en Ukraine. Lors de ce sommet, les dirigeants européens avaient demandé à la Commission un état de lieux et des propositions.
Stratégie d'achats
Le chemin sera encore long, les résistances et les entorses probablement nombreuses mais il semble que les 27 veuillent construire une autonomie stratégique, voire une indépendance en matière de défense, sur la base des propositions de la Commission européenne. Pour le chef de l'État, c'est clairement le signe que l'Europe a "besoin de s'équiper davantage, d'acheter davantage et aussi de bâtir une base industrielle et technologique de défense plus forte". Et d'affirmer que "cet argent que nous allons déployer doit s'accompagner aussi d'une stratégie industrielle, car il ne s'agit pas d'aller acheter des équipements qui sont faits ailleurs". Dans ce cadre, l'UE va créer une capacité de l'UE en matière de programmation stratégique, de passation de marchés et de coordination dans le domaine de la défense, en complémentarité avec l'OTAN.
Cette stratégie se poursuivra dans les prochains mois, a assuré Emmanuel Macron. Le Conseil européen attend donc la présentation d'un éventuel programme européen commun d'investissement, y compris l'examen d'un instrument pour l'exonération de la taxe sur la valeur ajoutée et pour les projets européens de défense présentant un intérêt commun élevé. A suivre bien évidemment.
Trois urgences identifiées
Trois urgences avaient été identifiées par la Commission : la reconstitution de stocks de munitions et d'armes déjà très bas avant la guerre en Ukraine et qui ont été depuis largement entamés par les livraisons à l'armée ukrainienne, les capacités de défense aérienne et le remplacement du matériel hérité de l'ère soviétique. Les Etats-Unis sont déjà sur les rangs pour équiper leurs alliés européens. Des systèmes de défense anti-aériens Patriot ont été fournis pour remplacer les systèmes russes S-300 fournis à l'Ukraine. Or l'UE a aussi un système de défense anti-aérien, celui du groupe Thales et de MBDA (système SAMPT). Les Européens produisent également des armes et des munitions. "Depuis 2006, 60% des achats d'armements européens ont été des importations de pays non européens", avait précisé mi-mai le commissaire europée, Thierry Breton.
Enfin, les dirigeants européens ont validé un instrument de soutien doté de 500 millions d'euros pour la période 2023 et 2024. Il sera créé d'ici à l'été pour des achats très ciblés d'armements destinés à protéger l'UE. Il est appelé par la suite à financer des achats groupés. En outre, le rôle de la Banque européenne d'investissement sera renforcé à l'appui de la politique de sécurité et de la défense européennes, conformément à sa récente initiative stratégique en faveur de la sécurité européenne.
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