Industrie aéronautique : la défense et l'espace ont bien joué leur rôle d'amortisseurs en 2021

Largement valorisée pendant la crise, l'importance de la dualité est plus que jamais de mise. Elle se retrouve dans les chiffres du GIFAS, où le dynamisme de la défense a permis de compenser l'énorme trou d'air rencontré par le secteur civil. Si la situation devrait peu à peu se rapprocher des équilibres d'avant crise, le secteur peut se féliciter d'avoir eu deux amortisseurs efficaces en 2021 pour mieux rebondir.
Guillaume Faury, président du Gifas, note l'importance inédite de la défense dans l'activité en 2021.
Guillaume Faury, président du Gifas, note l'importance inédite de la défense dans l'activité en 2021. (Crédits : Airbus)

"L'amortisseur défense" a été très efficace. Il a permis aux entreprises du Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales (GIFAS) de limiter la casse en 2021 dans un contexte de reprise des marchés de l'aviation commerciale (Airbus, ATR et Daher) et de l'aviation d'affaires (Dassault Aviation). S'il progresse légèrement en 2021 (4,35 %, à 55,2 milliards d'euros), le chiffre d'affaires de la filière aérospatiale civile et militaire reste toutefois loin de ses niveaux d'avant crise du Covid-19 (74,3 milliards d'euros en 2019, 65,4 milliards en 2018).

La défense explose ses niveaux

Dans ce contexte, les activités de défense ont permis de réaliser plus d'un tiers du chiffre d'affaires de la filière (35% contre 27% en 2019 et 23% en 2018). Un niveau jamais atteint dans un passé récent. Clairement, le chiffre d'affaires défense représente en moyenne entre 21% et 24% depuis une quinzaine d'années, à l'exception de 2020, année du Covid-19. En 2021, les livraisons se sont élevées à 19,5 milliards d'euros (+18%), dont 10,3 milliards à l'exportation (+ 24%). Porté par les livraisons du Rafale (25 appareils livrés à l'exportation en Inde et au Qatar), ce chiffre d'affaires est relativement stable si on compare à 2019 (20 milliards) mais est en très forte hausse par rapport à 2018 (15 milliards).

"On voit le rôle très important qu'a joué la défense en 2020, et plus encore en 2021 et qui augure également d'une activité forte dans les années qui viennent dans le domaine de la défense", a souligné jeudi le président du GIFAS, Guillaume Faury, lors de la présentation du bilan 2021 et des perspectives 2022 de la filière.

Les commandes (50,1 milliards d'euros) ont été également portées en 2021 par les contrats de défense, qui ont représenté 55% du total des prises de commandes l'an dernier (27,6 milliards, en hausse de 140%). "Une situation historique", a fait observer le patron du GIFAS. Jamais la défense n'avait eu des "parts supérieures à celle du civil", a-t-il noté. Les commandes à l'export se sont élevées à 11,7 milliards d'euros. Un niveau inédit dû notamment aux succès du Rafale en Égypte, en Grèce et en Croatie, mais aussi aux contrats signés par Airbus en France (hélicoptères Guépard) et à l'export en Indonésie et au Kazakhstan (A400M), en Arabie Saoudite (hélicoptères civils) et en Espagne et aux Émirats Arabes Unis (A330 MRTT). En 2022, les succès du Rafale aux Émirats Arabes Unis, en Indonésie et en Grèce vont permettre aux entreprises adhérentes au GIFAS de maintenir un haut niveau de commandes.

Le spatial sur une orbite géostationnaire

Leader européen, la filière spatiale française, qui emploie environ 18.000 personnes, a été à un degré moindre un deuxième amortisseur pour les entreprises du GIFAS. Le chiffre d'affaires consolidé a été proche en 2021 des années antérieures à 2020. Soit un chiffre d'affaires évalué entre 4,2 à 4,5 milliards d'euros. Près de 50% de ce chiffre d'affaires a été réalisé sur le secteur commercial à l'export. Ainsi, les maîtres d'oeuvre spécialisés dans la fabrication des satellites ont raflé plus de 70% du marché des satellites de télécoms l'an dernier.

Pour sa part, ArianeGroup, via sa filiale Arianespace, a opéré 15 lancements (305 satellites) en 2021, dont le télescope spatial James Webb (exceptionnelle réussite en déc. 2021). En 2022, Arianespace a signé avec Amazon une commande portant sur 18 lancements pour la mise en orbite de la constellation Kuiper. Soit le contrat le plus important jamais signé par Arianespace. Ce "succès majeur consolide très fortement Ariane 6", a estimé Guillaume Faury.

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Le civil n'est reparti qu'en fin d'année

Quand la défense a permis d'amortir la crise puis de faire repartir rapidement le niveau d'activité vers le haut, les activités civiles ont pris la crise de plein fouet en 2020 et n'ont redémarré véritablement que dans les derniers mois de 2021. Guillaume Faury a confirmé le fait que 2021 a été une année de transition, scindée entre un début d'exercice difficile et une fin plus favorable.

Cela s'est traduit par une baisse de la part du civil dans le chiffre d'affaires total des entreprises du Gifas. Alors qu'il représentait traditionnellement les trois-quarts de l'activité, il est tombé à 68 % en 2020 et même 65 % en 2021. Il atteint ainsi 36 milliards d'euros l'an dernier, soit une stabilité par rapport à l'année précédente.

Guillaume Faury annonce pourtant que les livraisons ont été conformes aux prévisions sur le rebond de l'activité en fin d'année. Parmi les progressions, le patron du Gifas cite naturellement Airbus, qui est passé de 566 avions livrés en 2020 à 611 en 2021, ainsi qu'ATR passé de 10 à 31 appareils. Dans les appareils d'aviation d'affaires, Dassault Aviation a livré 30 Falcon, soit 4 de moins qu'en 2020, tandis que Daher est reparti de l'avant en passant de 42 à 51 TBM.

Sur les moteurs, CFM International (co-entreprise entre Safran et l'américain GE Aviation) a livré 952 moteurs, soit 20 de moins qu'en 2020. Il s'agit essentiellement de Leap (845 exemplaires), tandis que le CFM56 poursuit sa baisse de production (107).

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Les commandes sont de retour

Le recul du civil face à la défense est encore plus flagrant dans les commandes avec une part tombée à 59 % en 2020 et même à 45 % en 2021. Le volume de contrats signés a pourtant augmenté, passant de 17 à 23 milliards d'euros. Les prises de commandes se sont nettement accélérées à partir de l'automne, notamment chez Airbus avec un salon de Dubai fructueux.

Au total, l'avionneur européen aura enregistré 507 commandes nettes contre 268 en 2020, tandis qu'ATR a vendu 35 exemplaires. Si les livraisons de Falcon ont reculé, les commandes sont reparties largement à la hausse pour Dassault Aviation, en passant de 15 exemplaires en 2020 à 51 l'an dernier.

Comme le précise Guillaume Faury, la supply chain a pour sa part représenté quasiment 20 milliards d'euros de chiffres d'affaires, réalisé à 67 % dans le civil et à 42 % à l'exportation.

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Commentaires 2
à écrit le 29/04/2022 à 16:23
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Ouais enfin si on avait la grande santé de l'économie US on aurait pas besoin d'amortisseurs... on ne toucherait plus le sol...

à écrit le 28/04/2022 à 18:52
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Bref! Soyez fier de ce que l'on vous raconte parce que nous avons rien d'autre en magasin!

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