Le marché mondial de l'hélicoptère peine à redécoller

La reprise du marché de l'hélicoptère est attendue début 2022. Dans un contexte difficile (- 15% en 2019), Airbus Helicopters confirme son leadership mondial en engrangeant 38 commandes au salon Heli-Expo à Los Angeles.
Airbus Helicopters mise beaucoup sur le H160 qui devrait être un relais de croissance

Deux ans encore à tenir. Fin 2021, début 2022, la filière hélicoptériste devrait redécoller et monter enfin dans le train de la croissance après des années de plomb. En 2020, le marché mondial devrait connaître "une stabilité" après un crash de 15 % en 2019, assure le PDG d'Airbus Helicopters Bruno Even dans un entretien accordé à La Tribune lors du salon Heli-Expo 2020 à Los Angeles. Un salon très touché par la mort de Kobe Bryant, l'ex-super star du basket américain dans un accident d'hélicoptère (Sikorsky S-76B).

"Nous prévoyons un scénario de reprise progressive mais pas à court terme, précise pour sa part à La Tribune le patron de Safran Helicopter Engines, Franck Saudo. Nous sommes optimistes sur les perspectives de moyen et long terme". Une reprise qui pourrait se concrétiser par une croissance de 2% du marché mondial.

Entre 2020 et 2022, une période incertaine

En attendant la reprise, le marché doit encore traverser une "période incertaine, avertit Bruno Even. De ce point de vue, le salon me conforte dans cette analyse". Organisé par Helicopter Association International (HAI), le salon Heli-Expo 2020 (27-30 janvier) a été comme toujours un bon baromètre pour sonder les tendances du marché. "Cette année, on sent qu'il y a une volonté plus forte des acteurs de la filière à se projeter dans des nouveaux projets même si je ne capture pas de façon pratique des signes tangibles de cette reprise", souligne Franck Saudo.

Même son de cloche pour Bruno Even : "Dans l'état d'esprit, il y a une vision plus positive, plus optimiste : les opérateurs recommencent à se reprojeter, y compris en termes d'investissements sans systématiquement passer à l'acte". Très clairement, il y avait dans les couloirs de Heli-Expo "un sentiment plus positif" qu'un an plutôt, note le patron de Safran Helicopter Engines (SHE).

Les pays émergents ne décollent pas

Le marché de l'hélicoptère est toujours et encore tiré par les deux zones géographiques traditionnelles, les Etats-Unis et l'Europe, qui représentent environ 70% du marché mondial. Deux marchés qui arrivent à une certaine maturité aussi bien dans le civil que dans le militaire aux Etats-Unis avec la fin des programmes d'acquisition de Black Hawk (Sikorsky) et d'Apache (Boeing). Pour autant, Bruno Even estime qu'il peut y avoir "des opportunités en particulier à travers des renouvellements importants de flottes". C'est le cas notamment du secteur médical (EMS) en Europe, estime Franck Saudo.

Parallèlement, la demande ne décolle toujours pas dans les pays émergents, qui ne prennent pas encore le relais. "Il existe un besoin identifié, il y a un appétit mais toutes les conditions ne sont pas encore réunies, que ce soit en terme de régulations ou en termes d'infrastructures, pour supporter de manière constante la croissance telle qu'on peut l'analyser", note le patron d'Airbus Helicopters.

Le marché Oil  & Gas stable

Enfin, s'il frémit, le marché pétrolier et du gaz (Oil and Gas) pour les hélicoptéristes reste encore stable. Il poursuit la résorption de ses surcapacités avec des réallocations de H225 et S-76 vers d'autres marchés après une chute de l'utilisation de la flotte de 30% (700.000 heures de vol en 2019). Des signes de reprise commencent enfin à apparaître. Pour Franck Saudo, la fusion des deux opérateurs américains Bristow et ERA est "une bonne nouvelle". Cette transaction devrait permettre de fluidifier ce marché en chute libre depuis plusieurs années. Il existe également un véritable enjeu de renouvellement pour deux segments, les médium et les super-médium, même cet enjeu peine encore à se concrétiser.

Sur ce marché, Airbus Helicopters espère beaucoup avec le H175 (super-medium) et, bientôt, avec le H160 (medium), qui doit être certifier dans les prochaines semaines. "Avec le H160 et le H175, nous avons une réponse que le marché attend en termes de performances, de technologies, de sécurité, d'innovations, de compétitivité puisqu'on est sur des ratios significatifs par rapport à la concurrence dans cette gamme ( -15% en termes de coût de possession)", assure Bruno Even. Ces trois constats (pays matures, pays émergents et marché pétrolier) expliquent en très grande partie le plongeon du marché en 2019.

Airbus Helicopters assume son leadership mondial

Airbus hélicopters est reparti d'Heli-Expo 2020 avec 38 commandes ainsi qu'un contrat de modernisation pour 20 H145 pour un opérateur allemand spécialisé dans le secteur de l'EMS, DRF Luftrettung. Ce dernier, qui s'est par ailleurs offert 15 nouveaux H145 est aujourd'hui le plus grand opérateur de H145 à cinq pales dans le monde (soit 35 appareils). Le constructeur de Marignane, qui détient des parts de marché estimées entre 60% et 70% sur les marchés européen et américain, a su tirer lors de Heli-Expo 2020 son épingle du jeu dans un contexte difficile et surtout face à une concurrence plus durement touchée : Bell (8 commandes) et Leonardo, qui s'est offert Kopter (client de lancement pour l'AW189K motorisé par Safran).

Airbus Helicopters tire son "épingle du jeu par rapport à sa gamme produit et son positionnement qui est également industriel", fait valoir Bruno Even. Toutefois, le niveau de commandes d'Airbus Helicopters reste modeste par rapport aux années 2013/2014 (respectivement 69 et 78 appareils commandés) et confirme bien l'état du marché, un marché atone.

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Commentaires 4
à écrit le 04/02/2020 à 1:30
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Le ministre Lemaire ne veut pas de cette industrie en France, qui pollue la planète de Greta Thunberg ! Les hélicoptère, ça rejette du gaz carbonique ! A quand l'application d'un malus écologique assassin (comme sur nos voitures de pauvres) sur les...

le 04/02/2020 à 17:36
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Les hélicoptères permettent de sauver des vies (routes, montagnes, mer...) avec la sécurité civile, les services médicaux (EMS). En outre, ils permettent de faire du MCO sur les éoliennes en mer etc...

à écrit le 03/02/2020 à 15:43
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Deux raisons, l'augmentation des drones qui rend la vidéo aérienne par hélico hors de prix et la sophistication des nouveaux hélicos qui devient un gouffre en maintenance. Nos militaires en sont les principales victimes avec une disponibilité inférie...

le 03/02/2020 à 16:15
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Mr. calamar vous oubliez le naval (bateaux, navire de guerre, sous marin .)!!!

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