Pourquoi l'armée de l'air a du mal à fidéliser ses aviateurs

Le chef d'état-major de l'armée de l'air, le général Philippe Lavigne, doit faire face à "une recrudescence de départs non souhaités, dont le nombre a doublé depuis 2015". Il a mis en place le projet DRHAA 4.0 afin de moderniser les politiques d'attractivité et de fidélisation de l’armée de l'air.
Michel Cabirol
La loi de programmation militaire pour les années 2019-2025 a octroyé 1.246 postes à l'armée de l'air, alors que les besoins souhaités sont évalués à environ 3.000 postes, afin d'absorber l'apparition de nouveaux métiers. (le chef d'état-major de l'armée de l'air, le général Philippe Lavigne)
"La loi de programmation militaire pour les années 2019-2025 a octroyé 1.246 postes à l'armée de l'air, alors que les besoins souhaités sont évalués à environ 3.000 postes, afin d'absorber l'apparition de nouveaux métiers". (le chef d'état-major de l'armée de l'air, le général Philippe Lavigne) (Crédits : Ministère des Armées)

"Il est impératif de trouver des leviers de fidélisation". Pour le chef d'état-major de l'armée de l'air, le général Philippe Lavigne, la fidélisation est l'une de ses cinq priorités pour 2020. "Ma cinquième priorité, ce sont les aviateurs, moteurs de notre armée de l'air, sans qui rien ne serait possible et pour lesquels je dois mettre en place des leviers innovants de fidélisation", a-t-il expliqué le 10 octobre lors de son audition à l'Assemblée nationale. Car l'armée de l'air perd des effectifs plus qu'elle ne l'aurait imaginée et ne recrute pas autant qu'elle l'aurait souhaitée.

"La loi de programmation militaire pour les années 2019-2025 a octroyé 1.246 postes à l'armée de l'air, alors que les besoins souhaités sont évalués à environ 3.000 postes, afin d'absorber l'apparition de nouveaux métiers. Nous faisons également face à une recrudescence de départs non souhaités, dont le nombre a doublé depuis 2015", a précisé le général Philippe Lavigne.

Pourquoi ces départs de plus en plus nombreux ? "Cela peut s'expliquer par des surcharges de travail, des absences prolongées du domicile dues aux sous-effectifs et aux multiples engagements, ainsi que par des aspirations différentes des nouvelles générations, plus volatiles", a avancé le chef d'état-major de l'armée de l'air (CEMAA). Il a donc pointé du doigt "l'évolution de la société et des modes de vie". Le général Philippe Lavigne, dont le sujet des ressources humaines est au cœur de ses priorités, a donc besoin de disposer d'hommes et de femmes bien formés, en nombre nécessaire et suffisant. "Ainsi, la population des mécaniciens militaires est structurante pour les opérations et fait l'objet de toute mon attention. J'ai évalué à environ 11.150 mécaniciens le seuil minimal pour maintenir notre capacité", a-t-il précisé.

Projet DRHAA 4.0

Parallèlement au plan famille lancé par la ministre des Armées Florence Parly, l'armée de l'air a mis en place le projet DRHAA 4.0 afin de moderniser les politiques d'attractivité et de fidélisation de l'institution. "Le défi est de taille", a reconnu le CEMAA. "Il s'agit de passer de « l'incitation au départ » au « lien au service », de la « gestion par flux » à la « gestion des compétences »", a-t-il expliqué. Dans ce cadre, l'armée de l'air a pris en compte "l'évolution de la société et des modes de vie, grâce aux crédits du plan famille". Par exemple, une crèche va être ouverte à Bordeaux-Mérignac et des bâtiments d'hébergement vont être construits sur la base d'Orléans.

La reconnaissance des spécificités d'emploi des aviateurs doit être également prise en compte au travers d'indemnités liées à des spécialités exposées. "Un gros travail a déjà débuté en 2019 par la création de la prime ATOM pour les militaires mettant en œuvre des armements nucléaires et d'une prime de lien au service pour toute catégorie de militaires agissant dans des conditions particulières", a souligné le général Philippe Lavigne. Ce travail va se poursuivre dans la perspective de la nouvelle politique des rémunérations militaires prévue pour 2022 "en ciblant des spécialités critiques dont le déficit fragiliserait la réalisation de nos missions de souveraineté", a averti le CEMAA.

Michel Cabirol

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Commentaires 28
à écrit le 30/10/2019 à 9:08
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Quand on passe lors dès ses premières années "d 'incorporation" pour les futurs navigants une préparation TOEIC (Test Of English for International Communication) afin d'apprendre et de perfectionner l'anglais et d'obtenir le PLS 33/33 et quelques m...

à écrit le 29/10/2019 à 14:53
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Le népotisme qui règne dans l’Armée de l’air est la raison principale de cette perte d’effectif. Il ne faut pas chercher ailleurs. Un tiers de l’effectif s’amuse dans des unités intéressantes, est muté là où il veut quand il veut. Les deux tiers qui ...

à écrit le 28/10/2019 à 21:46
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Connaissant tres bien l Armee de l'Air pour avoir servi dans les Forces Aeriennes Strategiques (FAS )avec honneur et fidelite durant 15 ans , d'abord comme Pilote de Chasse sur Mirage 2000N puis C135FR ( ravitailleur en vol ). Depuis 10 ans je suis...

à écrit le 28/10/2019 à 21:39
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L'exemple vient d'en haut. Notre président, après quelques années comme haut fonctionnaire (inspecteur des finances) a décidé d'aller pantoufler dans une banque d'affaires pour vendre ses contacts et toucher ses 2 millions d'honoraires pour faire q...

à écrit le 28/10/2019 à 19:53
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La question est de savoir pourquoi, mais le pourquoi est qu'a présent l'armée est un taff comme un autre. Et lorsque la formation coûte un million d'euros, disons qu'il est certain qu'avec le temps, les contraintes sont pas les mêmes que dans le priv...

le 29/10/2019 à 4:40
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J'espère pour vous que vos idées passent mieux à l'oral, car là j'ai essayé de lire lentement, une deuxième fois même, et je n'ai toujours rien compris à certains de vos paragraphes. Pour ce qui est du sujet, cela fait des années que j'entends dire ...

le 29/10/2019 à 21:04
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Discussions avec Stormy, (désolé pour certaines phrases, l'exaltation dans la tête va plus vite parfois que les écrits). C'est intéressant de voir comment chacun, dépendant de l'histoire du temps, car les générations précédentes avec la seconde gu...

à écrit le 28/10/2019 à 16:54
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Le temps est fini ou ce que proposait le patron public ou privé était à prendre ou à laisser et ou ces derniers pouvaient se permettre de recruter des profils surqualifiés pour les postes offerts. Amazon a augmenté en 2018 son salaire minimum à 15...

à écrit le 28/10/2019 à 16:00
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Pour fideliser il faut payer. Que propose t on, des primes. Non il faut payer au même salaire que la même fonction dans le civil, payer les heures sup, les week-ends etc etc. En cas de mutation, aider le conjoint dans sa recherche d'emploi. Les mi...

le 28/10/2019 à 21:51
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apparemment c' est le même problème dans d' autres "secteurs publics" la sncf a toute les peines à recruter en ile de france conducteurs de train chaudronnier dans les ateliers de maintenace et ingénieurs ....des milliers de postes non pourvus( t...

à écrit le 28/10/2019 à 14:21
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Ceux qui connaissent l'armée de l'air, et sa gestion, ne sont en aucun cas étonnés de ce constat. Le système de contrats éventuellement renouvelables, dont au sait qu'au mieux, 10% pourront poursuivre pour une carrière dans l'armée, n'incite pas à y...

à écrit le 28/10/2019 à 9:55
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La raison rejoint, j'imagine, celle d'autres corporations mondialisées qui quittent le paysage public pour de juteux contrats dans le privé tout en ayant une vie plus rangée, il me semble que le "Pilote" est une population en déficit au niveau mondia...

le 28/10/2019 à 11:54
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si vous lisez l article, le Probleme n est pas uniquement sur les pilotes mais aussi les mecaniciens (et probablement d autres professions) il est clair que c est ravageur le combo salaire pas terrible, demenagement frequent (surtout a une epoque ...

à écrit le 28/10/2019 à 9:42
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Ayant fait mon service au sein de l'armée de l'air, je suis un peu surpris de cet article : l'armée de l'air n'arrive pas a fidéliser ses aviateurs, bizarre dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, de la modernisation des armées dont l'armée d...

à écrit le 28/10/2019 à 9:32
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Vu le champ lexical utilité, on est en droit de penser que se sont des enarques qui ont mis en place ce plan... Des mots et des tournures de phrases bien pompeuses pour finalement un résultat assez trivial. Proposition d'un non enarque: les pilotes s...

le 28/10/2019 à 11:54
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Comme l'écrit Légionnaire, les termes sont effectivement pompeux et masquent une réalité : le système militaire est un système de caste où seuls une minorité parvient au sommet de la pyramide, au travers de l'école de guerre et de l'avantage donné au...

le 28/10/2019 à 15:03
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Les bidules de plus en plus complexes de nos différentes armées nécessitent nombre de super techniciens dévoués à l'institution jusqu'au moment ou ils décrochent ( mariage, enfants, lassitude des affectations, pépin de santé, etc..). Beaucoup n'iront...

à écrit le 28/10/2019 à 9:27
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Et les nouveaux drones, pas suffisants pour faire des rondes inutiles, ou juste pour descendre un chef de guerre qu'on aura armé auparavant en circuits cachés ? Avec moins de risques de morts !

à écrit le 28/10/2019 à 9:21
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Ils partent pour faire quoi ? C'est cette information qui serait importante et pas les commentaires de politiciens déconnectés des aspirations humaines.

le 28/10/2019 à 12:24
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Cette information est connue de tous. Dans leur très grande majorité, les personnels de l'armée de l'air se recasent sans difficulté dans des compagnies aériennes civiles pour faire le métier qu'ils faisaient dans l'armée : mécano au sol ou pilote.

le 28/10/2019 à 13:46
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Pour le personnel oui mais les pilotes ? Parce que justement le secteur de l'aviation est particulièrement touché par des baisses de salaires et des régressions de conditions de travail. Ou bien n'y a t'il pas de problème de ce côté là (espé...

le 28/10/2019 à 14:24
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@Citoyen: Même avec baisses de salaire (qui ne sont pas si fréquentes), les pilotes gagnent rapidement plus de 100k par an, il y a de la marge avant que cela ne deviennent un métier repoussoir.

le 28/10/2019 à 14:24
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@Citoyen: Même avec baisses de salaire (qui ne sont pas si fréquentes), les pilotes gagnent rapidement plus de 100k par an, il y a de la marge avant que cela ne deviennent un métier repoussoir.

le 28/10/2019 à 15:35
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Ils partent pour faire n'importe quoi. Un pilote de l'AA il a au minimum un diplôme d'ingénieur + une licence de pilote + un bon paquet d'heure de vol. L'armée moderne à un comportement complètement schizophrénique qui veut fidéliser les compétences...

le 28/10/2019 à 15:37
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Et donc l'Etat français propose moins en salaire que le civil ?! Là ce serait énorme... -_-

le 29/10/2019 à 9:54
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Le salaire n'explique pas tout, les populations (précieuses) de techniciens et d'ingénieurs militaires sont affectables tous les trois ans à la discrétion du "marchand de viande" (une connerie), si vous restez vous aurez une vie professionnelle fabul...

le 29/10/2019 à 16:39
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@ l’aieul « Un pilote de l'AA a au minimum un diplôme d'ingénieur + une licence de pilote + un bon paquet d'heure de vol. » Ne sont ingénieurs, que ceux qui passent par l’école de l’air Salon. Soit 30 % des effectifs pilotes. Tous les autres sont r...

à écrit le 28/10/2019 à 9:01
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"l'armée de l'air à dû mal à fidéliser" a (de avoir) du mal à fidéliser

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