Pourquoi TechnicAtome, le spécialiste de la propulsion nucléaire militaire, est en fusion

Avec le lancement de deux très grands programmes navals (sous-marins SNLE 3G et porte-avions de nouvelle génération) qui seront dotés d'une propulsion nucléaire, TechnicAtome est une entreprise en pleine croissance. Elle doit livrer entre 10 et 15 chaufferies dans les 30 ans qui viennent.
Michel Cabirol
Le deuxième sous-marin Barracuda sera mis en service en 2022.
Le deuxième sous-marin Barracuda sera mis en service en 2022. (Crédits : Marine nationale (Axel Manzano))

En dépit d'une baisse de près de 5% de son chiffre d'affaires l'an dernier (400 millions d'euros en 2020, contre 420 millions en 2019), TechnicAtome reste orienté sur une très belle dynamique. Spécialisée dans la conception des réacteurs nucléaires compacts, la société, détenue à 50,3% par l'État, a réalisé l'année dernière un niveau de rentabilité inédit (14%), soit un excédent brut d'exploitation (EBE) supérieur à 66 millions d'euros. Et l'avenir s'annonce de façon très positive. Pourquoi ? Le carnet de commandes de TechnicAtome (environ 1 milliard d'euros fin 2020) va être gonflé sur une très longue durée par deux grands programmes emblématiques dans la défense.

Ces deux grands programmes ont été lancés en 2021 (SNLE 3G, sous-marin nucléaire lanceur d'engins de nouvelle génération) ou en voie de confirmation (PANG, porte-avions de nouvelle génération). Deux bâtiments amiraux pour la marine française, qui seront propulsés par une chaufferie nucléaire. "Nous avons entre 10 et 15 chaufferies à réaliser dans les 30 ans qui viennent", a expliqué le PDG de TechnicAtome, Loïc Rocard lors d'une conférence de presse. Dans cette optique, la société table "sur une croissance de l'activité de l'ordre de 10%". En outre, les effectifs devraient passer de 1.700 (stable par rapport à 2019) à 1.800 salariés fin 2021.

Six Barracuda livrés avant 2030

L'année 2020 a été marquée par les essais en mer du premier sous-marin nucléaire d'attaque (SNA) de la classe Suffren (Barracuda), entre le 26 avril et le 6 novembre, date de réception officielle par la marine nationale. "Nous livreront à la marine les cinq chaufferies nucléaires de la série tous les deux ans environ", a précisé le directeur des programmes neufs et responsable du programme SNLE 3G, Hugues Martin. Après les retards du Suffren (trois ans) lancé en 2007, TechnicAtome a dû reprendre "un rythme très soutenu" pour livrer les cinq autres sous-marins de la classe Barracuda, a fait remarquer Loïc Rocard.

Après la livraison du Suffren en 2020 à la marine nationale, ce sont cinq nouvelles chaufferies (réacteur K15) de la série des SNA du programme Barracuda qu'il faudra que TechnicAtome termine pour une mise en service au cours de cette décennie. Le deuxième sous-marin Barracuda sera mis en service en 2022. "Le réacteur du Barracuda n'a pas représenté un challenge particulièrement épineux pour les concepteurs compte tenu du pas, qui avait été franchi dans les années 90 avec le développement du réacteur K15, avait-il expliqué dans une interview accordée à La Tribune en juin 2020. En revanche, le challenge a plutôt été de se hisser à des objectifs de sûreté encore plus poussés. La réglementation explore davantage de situations incidentelles et accidentelles qu'à l'époque. Le réacteur du Barracada, qui est intégralement à contrôle commande numérique, est encore plus sûr que ses prédécesseurs".

Dans le domaine civil, TechnicAtome a également obtenu des réussites, parmi lesquelles l'enclenchement de la marche en puissance du réacteur d'essais de Cadarache et le montage définitif du bloc pile sur le chantier du réacteur Jules Horowitz. Sur ce programme, qui a connu de multiples déboires, Loïc Rocard reconnait que "c'est un projet difficile et qu'il sera difficile jusqu'au bout, mais c'est un projet dont on peut considérer qu'il est maîtrisé".

SNLE 3G et PANG

Pour faire face aux défis des deux grands programmes de propulsion nucléaire, le PDG de Technicatome a souhaité adapté dès mars 2020 l'organisation de son entreprise en créant la direction des programmes neufs, au sein de la direction des réacteurs de défense. Elle a été confiée à Hugues Martin, également nommé chef du programme SNLE 3G. Outre Barracuda, le programme SNLE 3G entre pour sa part en phase de réalisation. Cette année, la société doit concrétiser les premières fabrications de pièces, en parallèle de la conception détaillée et du développement de l'ensemble de la chaufferie (dérivée K15). "Sur le SNLE, le design est aujourd'hui achevé. On est en fin d'avant-projet détaillé, donc la chaufferie est connue dans les moindres détails", avait assuré en 2020 Loïc Rocard à La Tribune.

Le lancement des études d'avant-projet du porte-avions de nouvelle génération (PANG) le 29 mars dernier, va mobiliser également TechnicAtome qui doit détailler la conception des deux chaufferies K22 (dérivée de la K15) pesant 2.000 tonnes chacune et dont les niveaux de puissance et de capacité énergétique sont accrus par rapport à la génération précédente équipant le porte-avions Charles de Gaulle. "La chaufferie du porte avions de nouvelle génération est de l'ordre de 50% plus puissante que celle du porte avions actuel", a précisé Loïc Rocard.

Pour faire face à ce surcroît d'activité, les activités confiées à TechnicAtome dans le domaine des réacteurs de défense, vont mobiliser près de 1.500 équivalents temps plein (RTP), dont plus de 1.000 sur les trois grands programmes de la propulsion navale (Barracuda, SNLE 3G, PANG). TechnicAtome recrute donc dans tous ses métiers d'ingénierie, de fabrication, d'exploitation, et de maintenance.

Michel Cabirol

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Commentaires 2
à écrit le 08/04/2021 à 21:53
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C'est deux P.A.N identiques qu'il faut construire en meme temps : St Nazaire Brest Le Georges Pompidou et Le Pierre Messmer

à écrit le 08/04/2021 à 16:11
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Parce que tout simplement les allemands ne s'en mèlent pas, ainsi c'est bien plus facile de prospérer. Trop facile... :-)

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