Vente des sous-marins Agosta au Pakistan : prison ferme pour les six prévenus

L'homme d'affaires franco-libanais Ziad Takieddine et son ancien associé Abdul Rahman Al Assir ainsi que Nicolas Bazire, ancien directeur de cabinet et chef de campagne d'Edouard Balladur, Renaud Donnedieu de Vabres, Thierry Gaubert et Dominique Castellan, alors patron de la DCNI, ont tous été condamnés à de la prison ferme.
Ce premier jugement sonne comme un avertissement pour l'ancien Premier ministre et son ministre de la Défense François Léotard, dont le procès aura lieu dans les prochains mois devant la Cour de justice de la République (CJR), seule habilitée à juger les ministres pour des infractions commises au cours de leur mandat.

La justice française a condamné lundi à des peines de deux à cinq ans de prison ferme six prévenus dans le volet financier de l'affaire Karachi, concernant des commissions occultes sur des contrats d'armements signés en 1994 avec l'Arabie Saoudite et le Pakistan. Le tribunal correctionnel de Paris a durement sanctionné les anciens proches de l'ex-Premier ministre Édouard Balladur, dont certains ne pouvaient ignorer "l'origine douteuse" des fonds versés sur le compte de la campagne présidentielle de 1995 et issus de rétrocommissions illégales.

Ce premier jugement sonne comme un avertissement pour l'ancien Premier ministre et son ministre de la Défense François Léotard, dont le procès aura lieu dans les prochains mois devant la Cour de justice de la République (CJR), seule habilitée à juger les ministres pour des infractions commises au cours de leur mandat.

Rétrocommissions illégales

La justice a sanctionné "une atteinte d'une exceptionnelle gravité à l'ordre public économique et en la confiance dans le fonctionnement de la vie publique", a fortiori de la part de hauts fonctionnaires et personnalités proches du gouvernement, desquels sont attendus une probité "exemplaire". En cause, les pots-de-vin, alors légaux, versés à des intermédiaires pour des contrats d'armement signés en 1994 avec l'Arabie Saoudite (Sawari II) et le Pakistan (Agosta) et ayant donné lieu à des rétrocommissions illégales : une petite partie de ces rétrocommissions ont, selon le tribunal, non seulement enrichi les prévenus mais aussi contribué à financer la campagne présidentielle malheureuse d'Édouard Balladur.

Les juges ont affirmé que l'imposition d'un réseau d'intermédiaires, dit "réseau K", était inutile au plan commercial et avait en outre donné lieu au versement de "commissions exorbitantes", au détriment de la branche internationale de la Direction des constructions navales (DCNI) et de la Sofresa, deux entités détenues par l'État qui vendaient sous-marins et frégates.

Des peines de prison

La plus lourde peine, cinq ans de prison, a été infligée aux intermédiaires du "réseau K", l'homme d'affaires franco-libanais Ziad Takieddine et son ancien associé Abdul Rahman Al Assir. Tous deux étaient absents au délibéré et des mandats d'arrêt ont été émis à leur encontre. Nicolas Bazire, ancien directeur de cabinet et chef de campagne d'Edouard Balladur, et Renaud Donnedieu de Vabres, alors proche collaborateur du ministre de la Défense François Léotard, ont été condamnés à cinq ans de prison dont deux avec sursis et à de lourdes amendes. Le premier avait une "parfaite connaissance" de l'arrivée de 10,25 millions de francs sur le compte de campagne, et le second pour avoir imposé le "réseau K".

Thierry Gaubert, alors au ministère du Budget et impliqué dans la campagne, a été condamné à quatre ans dont deux avec sursis, et à une amende. Enfin, Dominique Castellan, alors patron de la DCNI, a été condamné à trois ans dont un avec sursis.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 5
à écrit le 18/06/2020 à 9:47
Signaler
26 ans pour juger les porteurs de serviettes quand aux donneurs d'ordres quelques années de réflexion.. Selon que vous soyez riche et puissant ou voleur de mobylettes.. Le principal problème qui mine notre société est la corruption et la France n'est...

à écrit le 16/06/2020 à 14:30
Signaler
Takieddine ayant quand même permis de mettre à jour l'un des plus gros scandales politico-financier de l'histoire de la république française aurait du être en partie épargné. Décidément aucune pitié pour les lanceurs d'alerte de toutes sortes, c'...

à écrit le 16/06/2020 à 11:12
Signaler
et le bénéficiaire lui n'est pas inquiété vous me direz c'est en France les dirigeants politique ne n'ont jamais été informé des manipulations financière et la justice continu de considérer le citoyen lambda pour des nuls

à écrit le 16/06/2020 à 9:05
Signaler
"....Thierry Gaubert, alors au ministère du Budget et impliqué dans la campagne, a été condamné à quatre ans dont deux avec sursis, et à une amende...." Et là, on se dit qu'il manque quelqu'un dans le casting judiciaire. Qui peut penser un quar...

à écrit le 15/06/2020 à 23:17
Signaler
Cour de justice de la république ... ou plutôt blague de justice ou cour des miracles ... il se passera rien , le Balladur peut dormir tranquille ... et 20 ans pour juger une affaire ... cette république ne tourne pas rond ... les ingénieurs morts do...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.