L'Oréal à un tournant de son histoire

Nombre d'observateurs s'attendent à ce que Liliane Bettencourt, qui est âgée de 88 ans, ne demande pas le renouvellement de son mandat d'administrateur, qui arrive à échéance en avril. Ils estiment que l'arrivée d'un de ses petits-fils serait un nouveau message adressé au suisse Nestlé sur l'engagement de la famille envers le groupe.
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Le prochain départ de Lindsay Owen Jones de la présidence de L'Oréal vient conforter la légitimité de l'actuel directeur général et pourrait préfigurer d'une nouvelle étape dans la passation de pouvoir au sein de la famille Bettencourt.

Lindsay Owen Jones, emblématique patron du géant mondial des cosmétiques de 1988 à 2006, puis président du conseil d'administration, quittera son poste jeudi, a-t-on déclaré à Reuters dans son entourage, confirmant une information du Journal du dimanche.

"Lindsay Owen Jones a exprimé le souhait que le projet concernant la direction de L'Oréal qui avait été arrêté en 2006 soit mis en application à son 65e anniversaire, le 17 mars, a-t-on précisé de même source.

En 2006, Lindsay Owen Jones avait souhaité passer la main en douceur, scindant la direction en deux et offrant la responsabilité opérationnelle du groupe à Jean-Paul Agon.

Sur le plan opérationnel, ce départ ne change pas la donne pour le géant mondial des cosmétiques piloté depuis 2006 par Jean-Paul Agon, 54 ans.

Jean-Paul Agon a, de l'avis des analystes, toute la légitimité pour endosser l'habit de PDG après avoir procédé au redressement d'un groupe durement touché par la crise et qui devrait publier, jeudi, de solides résultats.

Il a aussi opéré une importante restructuration de l'outil industriel du groupe, qui, de l'avis de certains, avait été quelque peu délaissé par Lindsay Owen Jones.

"Agon a su gérer la crise, en restructurant et en redressant un groupe qui, dans la fin du règne d'Owen Jones, avait tendance à ronronner un peu tout seul", souligne un analyste.

Après vingt ans à la tête de L'Oréal, marqués par une phénoménale expansion du groupe via de multiples acquisitions, le dogme "maison", à savoir une croissance annuelle à deux chiffres du bénéfice par action, n'était pas forcément synonyme d'une très bonne gestion de l'appareil industriel.

"Comme il fallait atteindre ces deux chiffres, on ajustait les dépenses pour y parvenir", note ce même analyste.

UN RETOUR À LA GOUVERNANCE HISTORIQUE

Jean-Paul Agon est aussi l'homme qui est resté en dehors de toutes les affaires de la famille Bettencourt.

"Le seul cadeau que m'ait fait Mme Bettencourt, c'est de m'accorder sa confiance", avait déclaré Jean-Paul Agon aux Echos à l'automne dernier.

Lindsay Owens Jones, très proche de Liliane Bettencourt, l'héritière de l'Oréal dont il avait reçu un don de 100 millions d'euros en remerciement de ses services à la tête du groupe, avait aussi été à l'origine des contrats accordés par L'Oréal au photographe François-Marie Banier, finalement dénoncés en septembre dernier sous la pression médiatique.

La gouvernance de L'Oréal devrait ainsi revenir à ce qu'elle avait toujours été jusqu'en 2006, aux mains d'un seul et unique PDG.

Lindsay Owen Jones devrait conserver un poste d'administrateur et se voir confier le titre de président d'honneur du groupe.

Par ailleurs, son départ, qui intervient après la réconciliation entre Liliane Bettencourt et sa fille, pourrait aussi annoncer l'ouverture du conseil à un des petits-fils de l'héritière, déjà nommés en décembre dernier au conseil de surveillance de Téthys, la holding de la famille Bettencourt.

SIGNAL ENVERS NESTLÉ

Nombre d'observateurs s'attendent à ce que Liliane Bettencourt, qui est âgée de 88 ans, ne demande pas le renouvellement de son mandat d'administrateur, qui arrive à échéance en avril. Ils estiment que l'arrivée d'un de ses petits-fils serait un nouveau message adressé au suisse Nestlé sur l'engagement de la famille envers le groupe.

Les Bettencourt et Nestlé détiennent chacun 30% du capital de L'Oréal. Les spéculations sur un possible rachat du groupe français par le géant suisse sont récurrentes.

"Cela mettrait en selle la quatrième génération et serait un signal pour Nestlé. Cela ancrerait encore davantage la volonté de garder le groupe dans la famille", commente un analyste.

Le mandat de Lindsay Owen Jones, qui devait à l'origine ne durer que quatre ans, avait été prolongé en avril dernier pour cause de crise financière et surtout familiale, le groupe étant pris dans la tourmente médiatique du conflit entre Liliane Bettencourt et sa fille Françoise Bettencourt Meyers.

"Il a toujours dit qu'il partirait avant 65 ans. Il devait le faire l'an dernier, mais, dans le contexte d'alors, le conseil ne l'a pas souhaité (...) Il peut maintenant le faire", indique-t-on dans son entourage.

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Commentaire 1
à écrit le 08/02/2011 à 11:00
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Espérons que cette belle entreprise Française restera Française et ne tomberas pas dans les mains de Nestlé

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