A Nîmes, Lyon ou Clermont-Ferrand, des agriculteurs manifestent pour pouvoir vivre « décemment »

A Lyon, Clermont-Ferrand ou Nîmes, des dizaines d'agriculteurs au volant de tracteurs se sont mobilisés ce mardi pour réclamer notamment une meilleure rémunération mais aussi une meilleure prise en compte des données de sécheresse pour certaines communes empêchant des agriculteurs de toucher les aides des calamités agricoles.
Des dizaines d'agriculteurs au volant de tracteurs se sont mobilisés ce mardi à Lyon, Clermont-Ferrand ou Nîmes pour réclamer notamment une meilleure rémunération.
Des dizaines d'agriculteurs au volant de tracteurs se sont mobilisés ce mardi à Lyon, Clermont-Ferrand ou Nîmes pour réclamer notamment une meilleure rémunération. (Crédits : Reuters)

A quelques jours de l'ouverture des portes du salon de l'agriculture, samedi 25 février, des dizaines d'agriculteurs au volant de tracteurs se sont mobilisés ce mardi à Lyon, Clermont-Ferrand ou Nîmes pour réclamer notamment une meilleure rémunération. Ces mobilisations succèdent à des manifestations qui ont eu lieu à Toulouse vendredi puis Saint-Etienne lundi.

Lire aussi« Les agriculteurs sont contre le panier anti-inflation » (Christiane Lambert, présidente de la FNSEA)

« Il faut qu'on puisse vivre décemment de nos métiers, que nos produits aient un juste prix », a dit à l'AFP Jocelyn Dubost, président des Jeunes agriculteurs (JA) d'Auvergne-Rhône-Alpes. « Nous sommes dans la rue pour réclamer plusieurs choses, notamment l'application de la loi Egalim le plus rapidement possible (loi visant à protéger la rémunération des agriculteurs, Ndlr), une meilleure prise en compte des données de sécheresse pour certaines communes empêchant des agriculteurs de toucher les aides des calamités agricoles, et un bouclier sur le tarif jaune de l'électricité », ajoute David Seve, président de la FDSEA du Gard, branche départementale du puissant syndicat majoritaire FNSEA.

Des bennes vidées à Lyon devant la préfecture

A Lyon, ils étaient environ 200 avec entre 80 et 100 tracteurs, selon les JA et la branche régionale de la FNSEA. La préfecture a compté 150 agriculteurs, ainsi que 57 tracteurs, 22 remorques et 30 voitures qui ont convergé vers Lyon en trois cortèges dans des opérations escargot.

Ils se sont dans un premier temps rassemblés devant la Direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement (Dreal), où ils ont déversé quelques bennes de purin et autres déchets végétaux, avant de se diriger vers la préfecture, où là encore des bennes ont été vidées.

A Nîmes, ils étaient 150 agriculteurs avec une cinquantaine de tracteurs et remorques selon la préfecture, le double selon les organisateurs. Les manifestants ont déposé des souches de vignes devant la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM et ont projeté du fumier, des pommes et des ballots de foin sur une avenue jouxtant la préfecture. Le défilé a été émaillé d'incidents et ponctué de jets de gaz lacrymogènes.

 « On nous enlève les pesticides moi je suis productrice de cerises, on ne pourra plus en produire, elles sont immangeables », a expliqué de son côté Edith Cabello, productrice maraîchère et fruitière en Ardèche. Assurance récolte trop chère, problèmes d'installation des jeunes, pression des grandes surfaces : « On n'arrive pas à vivre de notre métier. On a une forte pression sociale et fiscale qui est beaucoup trop importante, après avoir subi beaucoup d'aléas climatiques », a énuméré l'agricultrice.

« 70 heures par semaine pour 800 euros »

Dans le Puy-de-Dôme, une dizaine d'agriculteurs ont investi une grande surface proche de Clermont pour coller des stickers « la grande distribution s'engraisse, l'agriculteur vend à perte ». « On vend la moitié de nos produits à perte. On arrive chez nous pour nous acheter des vaches, on nous dit c'est tel prix ou tu les gardes, on ne peut pas se permettre de garder notre production », a raconté Julien Tixier, jeune agriculteur de 25 ans en polyculture-élevage qui fait « 70 heures par semaine pour 800 euros ».

A Mont-de-Marsan, on défend le droit de prélever de l'eau

Un millier d'agriculteurs ont défilé à Mont-de-Marsan, à l'appel des syndicats FNSEA et JA, pour défendre leurs droits de prélèvements pour l'irrigation et la construction d'ouvrages de stockage d'eau, en plein épisode de sécheresse hivernale.

Après avoir été reçue par la préfète des Landes, une délégation des manifestants a indiqué que des « mesures conservatoires » avaient été annoncées pour deux ans, en attendant qu'un accord pérenne sur la gestion de l'eau dans le bassin de l'Adour soit trouvé.

« L'idée est de maintenir les quotas pour 2023 et 2024 », soit les 208 millions de mètres cubes disponibles sur le bassin, « tout en continuant à travailler à un accord pour consolider l'irrigation sur 15 ans », a expliqué Paul Carrère, vice-président du Département des Landes et de l'entité gestionnaire Irrigadour.

« On en a ras-le-bol, on tape sur les agriculteurs mais notre but, ce n'est pas d'assécher la planète », déclarait de son côté Marlène Duru, salariée agricole landaise de 27 ans, qui redoute de devoir renoncer à un projet de production de fruits rouges si l'accès à l'irrigation est restreint.

En janvier, le Bureau des recherches géologiques et minières (BRGM) se disait « assez pessimiste » sur la disponibilité l'été prochain de l'eau souterraine, qui fournit deux tiers de l'eau potable et un tiers de l'irrigation agricole dans le pays. « La France subit une sécheresse météorologique préoccupante », a par ailleurs averti mardi Météo-France, confirmant que le pays venait de vivre une « série de 31 jours consécutifs » sans véritable pluie, « du jamais vu durant un hiver météorologique ».

« Je ne suis pas inquiet, nous ne sommes qu'en février. S'il ne pleut pas d'ici fin mai, là ce sera plus inquiétant, » relativisait parmi les manifestants Serge Dubroca, 60 ans, producteur de maïs dans les Landes. « Il n'y a pas besoin d'affoler les gens pour rien du tout, on est tout de même ici dans une région océanique arrosée. »

(Avec AFP)

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.