Baguette à 0,29 euros : "La FNSEA me crache à la figure", lâche Leclerc

Invité de BFMTV le 14 janvier, le président du comité stratégique des magasins E. Leclerc a qualifié de "polémique à la con" la réaction de la la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA), l'Association générale des producteurs de blé et autres céréales (AGPB), l'association interprofessionnelle Intercéréales, l'Association nationale de la meunerie française et la Confédération nationale de la boulangerie et boulangerie-pâtisserie française sur le prix de la baguette à 0,29 euro.
Dans ce prix, on a tenu compte de deux hausses de prix que les meuniers nous ont demandé de passer et nous acceptons la sanctuarisation des produits agricoles comme l'exige la loi Egalim, s'est défendu le président du comité stratégique des magasins E.Leclerc le 14 janvier sur BFMTV.
"Dans ce prix, on a tenu compte de deux hausses de prix que les meuniers nous ont demandé de passer" et "nous acceptons la sanctuarisation des produits agricoles" comme l'exige la loi Egalim, s'est défendu le président du comité stratégique des magasins E.Leclerc le 14 janvier sur BFMTV. (Crédits : Charles Platiau)

Un patron d'hypermarché ne devrait pas faire ça. C'est en substance le message qu'ont fait passer la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA), l'Association générale des producteurs de blé et autres céréales (AGPB), l'association interprofessionnelle Intercéréales, l'Association nationale de la meunerie française et la Confédération nationale de la boulangerie et boulangerie-pâtisserie française à Michel-Edouard Leclerc.

 "Leclerc lance une campagne destructrice de valeurs pour tous les maillons de la filière céréalière française",écrivent-ils dans un communiqué commun.

"La filière céréalière s'interroge sur les prix pratiqués par les magasins Leclerc et se demande qui peut en vivre dignement et sur quels produits vendus aux consommateurs les magasins Leclerc compenseront cette vente", ajoutent-ils.

Marqueur de l'inflation ou initiateur de la guerre des prix ?

Son tort présumé: proposer à ses clients une baguette de pain de 250 grammes à 29 centimes d'euros, voire moins, jusqu'à 0,23 euros.

"C'est un produit phare, un marqueur de l'inflation [...] Les consommateurs mémorisent les prix. Nous nous sommes engagés à bloquer ce prix à un prix bas, pendant au moins quatre mois, parce que la loi nous oblige à mettre une date", a déclaré Michel-Edouard Leclerc sur RMC le 11 janvier.

Alors qu'en France en 2021 le prix moyen de la baguette a été de 0,90 euros selon l'Insee, le groupe Leclerc est considéré par les acteurs du secteur agroalimentaire comme l'initiateur, depuis les années 1960, de la guerre des prix entre grands distributeurs qui a conduit à une dévalorisation progressive des produits alimentaires en France. Ainsi, depuis 2013, les tarifs négociés par les industriels avec la grande distribution ne cessent de baisser, dénonce l'Association nationale des industries alimentaires (Ania).

"Une polémique ridicule"

Une pression à la réduction des marges et à l'amélioration de la rentabilité qui a été largement répercutée sur le maillon faible de la chaîne, les quelques 400.000 agriculteurs français, confrontés en même temps à une demande sociétale d'amélioration de la qualité de l'alimentation.

"Je n'ai jamais eu affaire à une polémique aussi ridicule", a réagi, le 14 janvier, le président du comité stratégique des magasins E.Leclerc sur BFMTV.

"On était déjà à ce prix-là, c'est une baguette premier prix, c'est une baguette qu'on vend par millions (...). Face à l'inflation qui arrive, on a voulu prendre un marqueur de notre intention de ne pas faire passer des hausses de prix sans discussion, sans modération", a-t-il expliqué.

En 4 ans, deux lois pour tenter de corriger le mécanisme

Depuis le début du quinquennat, deux lois (Egalim 1 et Egalim 2) ont tenté de corriger le mécanisme. La deuxième, adoptée par le Parlement le 14 octobre dernier, prévoit notamment l'impossibilité pour les distributeurs de remettre en cause la partie des tarifs présentés par les transformateurs qui dépend du coût de la matière première agricole.

Elle doit faire ses preuves en ce début d'année, dans le cadre des négociations commerciales pour les produits de marques nationales qui ont débuté à l'automne, et qui doivent se terminer avant le 1er mars.

La première application d'Egalim 2 intervient toutefois dans un contexte inflationniste très propice à une exacerbation des tensions entre distributeurs et industriels. Alors que les prix de nombreuses matières premières et de l'énergie flambent, les coûts de production de l'industrie agroalimentaire croissent aussi. Or, Egalim 2 protège les transformateurs pour la seule partie liée à l'achat des matières premières agricoles.

L'annonce de Leclerc intervient "alors même que les cours des céréales et par conséquent de la farine, connaissent des prix élevés, que les coûts de production (énergies, salaires, etc...) progressent fortement", et que "le gouvernement et l'ensemble des filières travaillent pour rémunérer justement les agriculteurs", rappelle le communiqué de la filière du blé.

"Dans ce prix, on a tenu compte de deux hausses de prix que les meuniers nous ont demandé de passer" et "nous acceptons la sanctuarisation des produits agricoles" comme l'exige la loi Egalim, s'est défendu le président du comité stratégique des magasins E.Leclerc le 14 janvier sur BFMTV, considérant que la FNSEA lui "crache à la figure" avec cette polémique.

"Les consommateurs ne voient pas les choses de cette manière là"

Le gouvernement, qui a partagé mi-décembre les résultats du Comité de suivi des négociations commerciales 2021-2022, se veut rassurant quant à l'intégration progressive de la nouvelle loi dans les pratiques. Mais les doutes quant aux résultats des négociations persiste.

Les industriels craignent que les distributeurs continuent de leur refuser une revalorisation de leurs tarifs malgré la croissance de leurs coûts, et de devoir ainsi de nouveau réduire leurs marges. Les agriculteurs redoutent que, finalement, Egalim 2 ne soit pas appliquée, et que le prix de la matière première agricole soit finalement encore grignoté.

La campagne du groupe Leclerc ne vient donc pas les rassurer. Sur RMC, Michel-Edouard Leclerc a d'ailleurs ouvertement lié la décision de son groupe de brader la baguette aux revendications des industriels dans le cadre des relations commerciales :

"Les fournisseurs de farine ont beaucoup invoqué la hausse du prix du blé, pour demander des augmentations considérables" des tarifs, a déclaré, le 11 janvier, le représentant du groupe.

"C'est très important au moment où arrive un mur d'inflation - je pense qu'on va aller jusque 4% d'inflation - que le secteur privé fasse des efforts", a réaffirmé, le 14 janvier, Michel-Edouard Leclerc, s'étonnant que "quand le prix de l'électricité augmente, on trouve que l'Etat doit intervenir (...) mais quand un privé bloque les prix, ça n'est pas bien. C'est une polémique à la con, nos consommateurs ne voient pas les choses de cette manière là".

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Commentaires 19
à écrit le 17/01/2022 à 23:16
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temps mieux pour tout ceux qui ont des revenu modestes ......tout le monde mange sa fera pas d' ombre au boulanger ......

à écrit le 17/01/2022 à 14:02
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C'est une bonne chose pour les familles nombreuses qui à la fin du mois n'ont pas un euro 30 pour acheter le premier aliment De base c'est une honte d'entendre certains s'éclater le gozier avec des infamies tant mieux pour eux s'ils ont les moyens...

à écrit le 17/01/2022 à 6:40
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il apparait que les professionnels du blé ne comprennent pas le mécanisme de la formation du prix au travers des bourses de commerce et des pratiques de cotations en France FOB Rouen.

à écrit le 16/01/2022 à 21:22
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C'est très bien à chacun son boulot !!! Leclerc ne fait rien de neuf!! La baguette Leclerc 1er prix été de 0,3 € !!! Demain grosse baisse des prix 0,29 €. Et il est temps que dans les boulangeries qui produisent du pain de qualité, les produits ...

à écrit le 16/01/2022 à 20:43
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Michel Leclerc défend le pouvoir d'achat des français!!! parfait provocateur,les médias l'adorent.

à écrit le 16/01/2022 à 16:27
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Leclerc père était très bon dans son secteur , Edouard doit renouer avec la politique de la très bonne qualité des produits , le miracle des supermarchés c'était cela . De la très bonne viande Française à prix correcte ainsi que sa boulangerie . Surt...

le 16/01/2022 à 20:47
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Son père? unparfait collaborateur des Allemands en 1942.Remember.

le 16/01/2022 à 20:48
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Son père? unparfait collaborateur des Allemands en 1942.Remember.

à écrit le 16/01/2022 à 15:40
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La baguette à 1,15 euros et les croissants et pains au chocolat à 1 euros l’unité….. Leclerc abuse peut être mais les autres ? A trop chercher… Les pauvres n’ont pas le droit de manger de pain ?

à écrit le 16/01/2022 à 13:42
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Toujours en pointe pour défendre le pauvre consommateur, Leclerc vend la bouffe aux prix les plus bas. Et en haut de la chaîne, les paysans se flinguent parce qu'ils n'ont pas de fric. Qu'alors y faire ?

le 16/01/2022 à 16:56
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Il pourrait être versé par l´Etat un SMIC aux agriculteurs via les caisses agricoles, qui sont propriétaires d´une ferme de moins de 50 hectares, qui n´ont pas une seconde activité professionnelle, pour les aider à vivre décemment. Ce salaire mensu...

à écrit le 16/01/2022 à 10:14
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Il fut un temps où les céréales étaient régulées par l'ONIC et le prix du pain imposé. Les choses allaient elles plus mal ? Non. Il y avait des boulangers dans chaque village, plusieurs meuneries par département, des agriculteurs qui fournissaient l...

à écrit le 16/01/2022 à 10:05
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On dirait que tout le monde a des œillères à prendre la défense de Leclerc... en vendant la baguette à 0,29€ ce n'est pas aux céréaliers etc qu'ils font le plus mal mais aux boulangers... Par exemple un boulanger qui s'alignerait sur ce prix, en assu...

à écrit le 15/01/2022 à 21:08
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LECLERC ne vend pas à perte. Les charges sont consolidées dans un magasin, pas chez l'artisan.

à écrit le 15/01/2022 à 19:58
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Bonjour, la fnsea toujours pareil contre le pauvre une mentalité qui ne demande qu'à se remplir les poches. Défend les céréaliers millionnaires et tape sur la baguette à 29 cts. Bientôt les tracteurs vont verser leur mère sur les parkings ou devant l...

à écrit le 15/01/2022 à 19:14
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Si Leclerc était honnête il donnerait la baguette après être passé en caisse avec un caddie bien rempli

à écrit le 15/01/2022 à 18:43
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Un jour j'ai assisté à une manifestation de la FNSEA qui déversait des "pèches", visiblement, devant la préfecture, des tonnes de pèches, prix pas assez élevés et-c... J'en ai gouté une comme ça et vu comme elles étaient mauvaises ils pouvaient les j...

à écrit le 15/01/2022 à 17:23
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La baguette blanche à moins de 30 cts ne peut être que de plus mauvaise qualité que celle d'un boulanger à un prix normal.

à écrit le 15/01/2022 à 15:57
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J'aime pas E Leclerc mais là je ne lui jette pas la pierre.Ce qui coûte le mois cher dans une baguette c'est la farine environ 0,12 centimes par baguette de 250 gr ( quand celle ci fait vraiment 250 gr ) amusez vous à peser.

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